Archives mensuelles : août 2022

« J’aime la chauve-souris et le crapaud »

J’ai retrouvé dans mon vieux disque dur un poème écrit en classe de troisième. Celui-ci, pour le coup, faisait partie des travaux de la classe. Nous avions étudié des poèmes de Victor Hugo où le poète faisait l’éloge d’animaux ordinairement détestés, et nous devions en produire à notre tour. Voici, donc, mon petit pastiche de Victor Hugo, écrit à l’âge de 13 ans.

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À la piscine, en avril

L’eau froide enveloppe notre corps. Elle serre, elle sangle. En même temps les rayons brûlent. Sensation paradoxale. Ne pas rester très longtemps, juste quelques brasses dans la pureté exacte. Prendre soin de l’horizontalité parfaite de la surface, atténuer toute irisation. Entrer d’un coup. Et tandis que nous ne respirons plus pendant une minute, nous nous laissons porter. Le monde n’a plus de directions, tout au plus quelques régions plus claires que d’autres. Sortir de l’eau comme nous y étions entré, sans remous, comme si l’on voulait que les perles ruisselantes sur le dos construisent un long manteau qui s’en irait rejoindre l’immensité liquide, comme si l’on voulait donner l’impression que la surface sécrète notre corps, comme un précipité, et que nous émergions dans le monde comme une excroissance de l’eau, comme un premier enfant vomi par la mer avec le devoir de conquérir la terre, comme si nous étions nous-mêmes une gerbe d’écume projetée au loin. Une langue d’eau relie encore notre corps émergé et la surface, cette enveloppe devient une immense traîne transparente et fragile, puis s’amincit chaque seconde jusqu’à finalement, fatalement, rompre, rejoignant alors la surface qui se creuse un instant, puis, ayant accueilli la goutte, se soulève en ce point précis, comme pour la renvoyer à nouveau vers le ciel, mais elle rejoint vite sa place et l’équilibre se rétablit. Nous conservons sur notre peau un peu de cette matière qui lentement s’égoutte.

Gabriel Grossi, mercredi 2 avril 2008

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La poésie au CP

Dans l’une des classes dont j’aurai la charge l’an prochain, je vais enseigner la poésie. Un domaine qui me passionne, comme vous le savez. Or, enseigner la poésie à des élèves qui ne savent pas encore lire, mais sans bénéficier des possibilités dont dispose l’école maternelle, cela demande des aménagements par rapport à ce que j’ai l’habitude de faire…

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Daemoni furor

Poème de jeunesse

Qu’encerclent ces démons réunis en conclave,
Hagards, éberlués, abasourdis, déments,
Comme attirés par un immense puits de lave,
Attisés par la braise et leurs cris véhéments ?

Que sont-ils, que veulent-ils, pourquoi hurlent-ils
Sinon pour éveiller quelque antique colère
D’un dieu oublié à visage de reptile,
Quêtant de monstres les indicibles salaires ?

De leur glaise putride ces grands insensés
Amassent des monceaux et des blocs titanesques.
Croient-ils vraiment par leur mérite être encensés ?

Déjà la terre gronde et l’océan chancelle
Écrasant de leur force ces êtres grotesques
Enfermés pour mille ans dans un cloître éternel.

Gabriel Grossi, dimanche 1er juin 2008.

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Texte personnel (sans titre)

Ils attendent et leur patience est méritoire. Ils tournent leurs regards vers cela qu’ils ne parviennent pas à nommer. Ils s’en détournent néces­sai­rement, tôt ou tard, afin d’occuper leur existence. Engoncés dans des chaires hautes et profon­des, ils professent d’un ton doctoral des affirmations que pas même leurs maîtres n’admettraient comme certi­tudes. Du haut de leur roideur et de leurs rhumatismes, ils vénèrent quelques bibelots inutiles et mesurent la vérité de la justice à l’aune de la longueur de leurs moustaches entortillées. Ils attri­buent la plus grande importance aux règles édictées par un fou. On ne saurait pourtant leur en vouloir, car ils ne font que remplir de travail leur attente du jour où tout devrait être juste et clair et beau.

Gabriel Grossi, jeudi 14 février 2008.
Image d’en-tête : Pexels.

Promenade historique dans les Temps Modernes

Vous l’attendiez, le voici, le quatrième épisode de nos promenades niçoises ! Au programme, la découverte des traces qu’ont laissées à Nice les Temps Modernes. Il s’agira donc de découvrir quelques-uns des trésors architecturaux de la capitale azuréenne, construits entre les XVIe et XVIIIe siècles. Vaste programme, où il y avait l’embarras du choix. J’ai dû faire une sélection. Voici donc les sites les plus remarquables de la période, explorés en vidéo !

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Poème exhumé : à vous de voter

En ce moment, je trie mes anciens poèmes et j’en écris de nouveaux, dans l’espoir de former un recueil qui tienne la route. Celui qui va suivre ne me satisfait que partiellement. J’en aime l’intention, la simplicité, la candeur. J’avais envie de montrer qu’on n’a pas besoin d’être « tourmenté » pour écrire un bon poème. Malgré tout, je le trouve un peu simpliste et fade.

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Que mon poème ne soit que cela

Je vous propose aujourd’hui un poème inédit, composé aujourd’hui même, qui aura vocation à se retrouver dans la première section de Concordance. Parfois, on écrit un poème qu’on n’aurait peut-être pas écrit avant de songer à la mise en forme d’un recueil. Il est là, en quelque sorte, pour combler un vide dans l’architecture qui se met en place. Pour autant, ce n’est pas un simple « bouche-trou ». Il correspond à cet élan d’espoir que j’ai voulu placer dans la première section du recueil.

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La supplique d’Emmanuel Godo

Être ému, presque jusqu’aux larmes, par un poème, est un délice assez rare. Cela m’est arrivé, ces derniers temps, en écoutant, dans l’église d’Aiglun, le poète Emmanuel Godo lire sa « Supplique pour mourir dans un merci », un poème extrait de Je n’ai jamais voyagé (Gallimard, 2018). Lorsque cela arrive, il importe de relire, par la suite, le poème, avec attention, à tête reposée, et de chercher à rendre compte de cette émotion. Je vous propose donc aujourd’hui un modeste commentaire de ce poème.

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Poème sans texte

La plupart de mes poèmes sont, pour le dire vite, d’inspiration lyrique. Mais parfois, je m’amuse aussi avec des choses plus ludiques. J’ai ainsi publié ici même une « liturgie hellénique » qui singe la musique du grec ancien. Vous trouverez aussi, dans la même veine, un poème intitulé « une journée ordinaire » qui est uniquement composé d’onomatopées. Aujourd’hui, je vous propose de découvrir un poème qui est à regarder plutôt qu’à lire. On peut y voir une critique des commentaires qui glosent les poèmes et prennent plus de place qu’eux. N’hésitez pas à laisser votre propre commentaire, pour l’ironie de la chose !

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Bonheur de la famille réunie

C’est une longue table à l’ombre du grand pin. Les couverts déjà dressés annoncent la joie des retrouvailles. On a pensé à sortir quelques jouets pour la petite fille. La voici qui sort tranquillement chaque objet, l’un après l’autre, sous le regard attendri de l’arrière-grand-mère dans sa chaise longue. On s’installe, on discute, on savoure quelques plats. Simplicité de l’instant, dans la transparence des cœurs. Un mouvement attire le regard : c’est un lapin qui passe en quelques bonds farouches. Le bonheur aujourd’hui a la forme d’un jardin.

Gabriel Grossi

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Promenade historique : le Moyen Âge à Nice

Il ne vous aura pas échappé que je profite de l’été pour vous faire découvrir la ville qui m’a vu naître, à travers des promenades historiques qui vous permettront de redécouvrir Nice autrement. Aujourd’hui, pour le troisième épisode, je vous propose que nous nous intéressions au Moyen-Âge. Ce qui ne va pas sans quelque difficulté, car les traces de cette époque, pourtant longue d’un millénaire, sont quasi inexistantes…

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Grasse s’est enslamée ce soir !

C’était ce vendredi 5 août, à 20 heures, au cœur de la capitale des parfums. La ville avait d’ailleurs, ce jour-là, célébré la fête du jasmin. Mais si je me suis rendu à Grasse, ce soir-là, c’était pour participer à une scène ouverte de poésie. En plein centre historique, dans un dédale de ruelles décorées d’ombrelles roses suspendues, se trouve « L’Arrosoir ». C’est dans ce restaurant que Michel Saint Dragon organise, le premier vendredi de chaque mois, une scène slam.

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Promenade historique à Nice : l’Antiquité

Aujourd’hui, je voudrais continuer de vous faire connaître la ville qui m’a vu naître. Mais plutôt que de procéder quartier par quartier, plutôt que de ne parler que de quelques monuments emblématiques, je préfère vous proposer une promenade historique. Après un premier épisode centré sur la Préhistoire, nous voici transportés pendant l’Antiquité.

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Lumineux Emmanuel Godo

Emmanuel Godo, poète, professeur de lettres en classes préparatoires au lycée Henri IV, était invité, dimanche 31 août, à présenter son univers poétique, au village d’Aiglun, sur l’invitation de Patrick Quillier, lui-même poète, professeur émérite et membre du conseil municipal. Nous avons assisté à un très beau moment de poésie, marqué par l’aisance lumineuse et sincère d’Emmanuel Godo.

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