« Air, arbres, corps et mer,
cordes, cuivres et vents,
par nos mains et nos bouches,
la source sans racine
ni nom, ni lieu, ni toit,
compose la musique »
Lorand Gaspar, Patmos et autres poèmes,
Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 2001-2004, p. 103
Jour de neige, par Alpha du Centaure, flickr, libre de réutilisation
« [L’expérience poétique est] analogue à celle de marcher dans la neige où chaque pas crisse, inaugural. Ainsi la parole poétique, dans ses meilleurs moments, est-elle fraîche, neuve, non parce qu’elle userait d’un vocabulaire, d’une syntaxe particulièrement originaux, mais parce qu’elle s’applique à une réalité vierge, encore innommée. En marchant dans la neige, on prend mieux conscience du sol qui précède nos pas. »
Jean-Pierre Lemaire, Marcher dans la neige, Un parcours en poésie, Montrouge, Bayard, coll. « Christus », 2008, p. 17.
Des craies (Taken, Pixabay , libre de réutilisation)
L’une des erreurs les plus fréquentes que je relève ici ou là, c’est la confusion entre l’impératif et l’indicatif. En effet, si les deux modes sont morphologiquement très proches, ils ne sont cependant pas identiques. Il faut rappeler que, contrairement à l’indicatif, les verbes du premier groupe ne prennent pas d’s à la deuxième personne du singulier.
J’aime la grammaire, parce que j’aime la langue. En dépit de la parenté du mot avec grimoire, elle n’est pas une science aride et absconse. Ses règles ne sont ni totalement arbitraires, ni totalement déterministes.
Vous avez sûrement déjà entendu quelqu’un dire : « Cette information s’est avérée vraie ». Cette formulation est cependant fautive en ce qu’elle est pléonastique. En effet, dans « avérer », il y a déjà « vrai ». Dès lors, la phrase « Cette information s’est avérée fausse » relève, quant à elle, du parfait contre-sens !
C’est pourquoi les formulations suivantes sont préférables : « Cette information s’est révélée exacte. Cette information s’est avérée. Cette information s’est révélée erronée. »
« [La littérature française contemporaine] fait preuve d’une prodigieuse vitalité : loin de suivre un cours tranquille sur des voies balisées, elle invente des formes […]. Elle se saisit à bras le corps de questions décisives pour notre temps : l’être social, l’inscription dans l’Histoire, la confrontation au réel, la méfiance envers les discours, l’usage du quotidien, le renouvellement des formes de l’engagement… Les genres sont vivifiés : la pulsion narrative se réaffirme, la poésie se refonde dans le lyrisme, le théâtre refait l’expérience conjointe du texte et du corps. […] [N]otre littérature a connu en un quart de siècle l’un de ses plus prodigieux renouvellements, comme peu de périodes dans l’histoire littéraire en donnent exemple […]. »
Dominique Viart, Bruno Vercier, La littérature française au présent,
2e édition augmentée, Paris, Bordas, 2008, p. 525-526.
« J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile et je danse », disait Arthur Rimbaud dans Illuminations. Et c’est précisément en reliant des constellations que s’est bâti un curieux site Internet, intitulé « Les Surgissantes« . Sur ce site consacré à la littérature et à la poésie, vous trouverez non des textes, mais des liens sous forme d’étoiles reliées en constellations.
Le Victor Hugo tel qu’on se le représente généralement est souvent un Hugo grave, pour ne pas dire grandiloquent. De fait, l’auteur de « Fonction du poète » et de la Légende des siècles incarne mieux qu’un autre l’image de l’écrivain génial, contemplant du haut des falaises anglo-normandes la tempête des vagues et le destin de la France. Pour autant, l’œuvre de Victor Hugo ne se réduit pas à cela. Petite sélection de poèmes plus légers.
La revue Noto se feuillette comme un vrai livre sur son site Internet. On tourne les pages d’un clic. L’un des textes que vous pourrez lire de cette manière a été écrit par Jean-Michel Maulpoix : le poète contemporain s’intéresse à Rimbaud, « le fils de Vitalie », et à ses relations avec sa mère, la mother.
C’est une vidéo que j’ai découverte via Facebook. On peut la regarder comme un sketch, et pourtant on y apprend plein de choses. Le linguiste de cette vidéo a réussi le pari de parler de sa spécialité (la phonétique dans ses aspects socio-culturels) avec beaucoup d’humour et, en même temps, de pertinence. Cette vidéo, consacrée à l’accent marseillais, répond d’ailleurs à une question que je me posais il y a quelque temps, ici même sur ce blog, concernant la distinction entre les sons IN et UN. Alors un grand merci à cet enseignant-chercheur !
Le thème de l’amour est sans doute l’un des plus féconds en poésie, et il est intéressant d’étudier la façon dont il se décline à travers les âges. Bien sûr, un tel sujet nécessiterait bien davantage qu’un billet de blog. Ce sera ici l’occasion pour moi de présenter trois poèmes très célèbres, qui, tous trois, abordent ce thème par la menace du flétrissement de la jeunesse.
C’était il y a un an, le 14 février 2015 : je créais les premiers articles du blog « Littérature portes ouvertes ». L’intention était de mieux faire connaître le domaine de la littérature, et en particulier le monde de la poésie. Un an et près de 200 articles plus tard, l’ambition reste la même. Vous avez été nombreux à me lire et à me suivre. Soyez-en ici chaleureusement remerciés.
« Femme, femme, au secours
Contre le souvenir
Enrôleur de la mer.
Mets près de moi
Ton corps qui donne. »
Eugène Guillevic, Carnac,
dans Sphère suivi de Carnac, Poésie/Gallimard,
1977, rééd. 2007, p. 199.
Pour accompagner le « Voyageur à son retour »
Portrait de Jean-Michel Maulpoix (source : Wikipédia)
C’est officiel, le nouveau recueil de Jean-Michel Maulpoix, intitulé Le Voyageur à son retour, dont je vous avais parlé il y a quelque temps, vient de paraître en librairie. Et il ne voyage pas seul. En effet, l’ouvrage s’accompagne de lectures, dont quatre viennent d’être publiées sur le site Internet du poète. Parmi celles-ci, vous trouverez plusieurs poèmes de ma main. Je remercie sincèrement Jean-Michel Maulpoix pour m’avoir invité à publier ces textes en marge de son ouvrage. Vous les trouverez ici.
Estampes
« entre pierraille et souverain soleil
toute eau bue
toute plainte tue
depuis l’aube
le temps
demeure ce pays :
plaie ouverte sur l’Afrique »
Abdouharam Waberi, « Estampes »,
dans La poésie africaine, Album Dada, Mango Jeunesse, 2005.
En complément à mon article sur les Rectifications de l’orthographe, je souhaiterais aujourd’hui vous parler du mot « oignon », concerné par cette réforme.
La question de l’orthographe et de sa réforme vient à nouveau d’émerger parmi les sujets d’actualité, et fait l’objet de débats passionnés, entre des traditionalistes qui y voient une déperdition au coût inestimable, et des réformistes qui, au contraire, y voient une chance inouïe de clarifier certaines incohérences. Sans être spécialiste du sujet, j’aimerais toutefois exposer mon propre point de vue.
Cette année, le thème du Printemps des poètes, c’est le XXe siècle. Il s’agira donc de parcourir tout un siècle de poésie. Et pas des moindres, puisque l’encyclopédie en ligne Wikipédia recense rien moins que 1265 poètes français du XXe siècle, contre seulement 31 au XVe siècle, 165 au XVIe, 191 au XVIIe, 179 au XVIIIe, ou encore 558 au XIXe. C’est dire le caractère prolifique du siècle passé. Comment se repérer dans tout ça ?
« Il m’est étrange d’observer comment au fil de ce voyage j’aurai peu à peu assisté au retour de ma langue. Une couture de fils noirs dont il se pourrait bien qu’elle ait pour objet de repriser l’absence, aussi bien que de nouer l’étrange au familier. Je me suis tissé dans ces pages un léger costume de voyageur sur le retour… »
Jean-Michel Maulpoix, Le Voyageur à son retour, Le Passeur, février 2015.