Vous l’attendiez, le voici, le quatrième épisode de nos promenades niçoises ! Au programme, la découverte des traces qu’ont laissées à Nice les Temps Modernes. Il s’agira donc de découvrir quelques-uns des trésors architecturaux de la capitale azuréenne, construits entre les XVIe et XVIIIe siècles. Vaste programme, où il y avait l’embarras du choix. J’ai dû faire une sélection. Voici donc les sites les plus remarquables de la période, explorés en vidéo !
Qu’appelle-t-on les « Temps Modernes » ?
Cette période historique est celle qui suit le Moyen-Âge et qui précède l’Époque Contemporaine. Elle a duré environ trois siècles. Au XVIe siècle, d’importants changements marquent le passage à une ère nouvelle.
En 1453, la chute de l’Empire romain d’Orient s’accompagne du sac de Constantinople. De nombreux manuscrits antiques, conservés dans l’Empire byzantin, sont alors portés à la connaissance de l’Europe occidentale, qui redécouvre ainsi l’Antiquité. Les intellectuels voient alors dans l’Antiquité un modèle, ce qui les conduira à rejeter, dans une certaine mesure, l’époque qu’on n’appelait pas encore le « Moyen-Âge ».

À la même époque (les années 1450), Gutemberg invente l’imprimerie à caractères mobiles, ce qui va permettre la réduction du prix du livre et la diffusion des connaissances. Et le premier livre massivement imprimé à l’époque, c’est bien sûr la Bible, ce qui va rendre possible un accès direct aux textes sacrés, sans l’intermédiaire du clergé. Il s’agit là d’un élément qui a beaucoup compté dans l’émergence d’une volonté de réformisme au sein de l’Église, qui débouchera sur le schisme protestant.
L’année 1492 est également souvent évoquée pour situer ce tournant historique majeur, puisqu’elle correspond à la « découverte » de l’Amérique par Christophe Colomb. À cette époque, les Magellan, les Vasco de Gama, les Colomb entreprennent de grands voyages, qui changent radicalement la façon dont les Européens perçoivent et conçoivent le monde. Le monde apparaît bien plus grand qu’on ne l’imaginait, avec ce continent nouveau à explorer.
Des changements architecturaux importants, dont les châteaux de la Loire témoignent, révèlent une situation plus paisible, où la préoccupation première n’est plus la construction d’ouvrages défensifs, mais celle de demeures d’agrément. Les rois, dont François Ier, et ensuite Louis XIV, s’intéressent à la culture et aux arts.
Cette époque voit naître les éléments fondamentaux d’une modernité qui est encore largement la nôtre : l’émergence de l’individu, par opposition à un Moyen-Âge où chacun se pensait avant tout comme un membre d’un collectif ; l’émergence progressive de l’État, par opposition à la féodalité médiévale ; l’émergence, enfin, de ce qu’on appellerait plus tard le capitalisme, en Italie du Nord d’abord puis dans le reste de l’Europe occidentale.
Comment définir les « Temps Modernes »
à Nice ?
Lorsqu’on s’intéresse à l’histoire de Nice, on est obligé de revoir un peu ses représentations issues de la seule étude de l’histoire de France. En effet, de 1388 à 1792, Nice a appartenu, non pas à la France, mais aux États de Savoie, qui y trouvaient ainsi un accès à la mer, donc à la navigation et au commerce.

Nice, à cette époque, est l’objet des convoitises de François Ier et de Charles Quint. C’est dire qu’elle sera le théâtre de nombreux affrontements. On assiste même à une chose assez incroyable : le roi français s’associe à un sultan musulman, Soliman le Magnifique, pour vaincre un autre chrétien, Charles Quint. C’est sans doute une situation inédite dans l’Histoire de l’Europe. Et s’il fallait ne retenir qu’une seule date, ce serait celle de 1543, date du siège de Nice par la flotte ottomane. Épisode pendant lequel se serait distinguée, selon la légende, la fameuse Catherine Ségurane. Quand les assaillants franco-turcs étaient parvenus à se hisser au sommet des remparts et à y planter leur drapeau, la Segurana aurait déchiré le drapeau et assommé le janissaire d’un coup de battoir à linge, redonnant ainsi le moral aux assiégés. Une stèle, dans le Vieux-Nice, lui rend hommage, elle a été élevée en 1923.
Tout au long de la période, Nice sera le théâtre des guerres qui opposent la Savoie et la France. Nice s’allie par deux fois à l’empire espagnol contre la France. Chaque fois, Louis XIV vainc Nice, en 1691 et en 1705. C’est alors que le Roi Soleil ordonne la destruction des fortifications de Nice.
Je rappelle que l’on peut trouver des vestiges de ces fortifications dans le sous-sol de la place Garibaldi, mises au jour dans le cadre de la construction du tramway. Je les ai montrés dans ma vidéo sur le Moyen-Âge (dans la mesure où ces vestiges empiètent sur les deux périodes).
Le Baroque
Les Temps Modernes sont également la période où Nice connaît d’importantes transformations architecturales : construction du Cours Saleya (achevé en 1780), de la place Vittorio (actuelle place Garibaldi)… Surtout, cette période voit fleurir l’art baroque, dont Nice possède de très nombreux joyeux. Dans ma vidéo (ci-dessous), j’ai dû faire un choix parmi les très nombreux exemples d’architecture baroque.
Je tiens à rappeler ici que le baroque est un mouvement artistique né dans le sillage de la Contre-Réforme. Face à l’austérité et au dénuement du Protestantisme, soucieux d’un retour aux sources et à la simplicité, les catholiques ont promu un art de l’emphase, du mouvement, de la couleur, de la surcharge décorative. Nous en verrons de très beaux exemples tout au long de la vidéo, avec notamment les colonnes torsadées de la Cathédrale Sainte-Réparate.
Promenade en vidéo
Je vous propose donc à présent une petite promenade en vidéo à la découverte des Temps Modernes à Nice. J’ai suivi un ordre globalement chronologique, pour vous faire admirer :
- le fort du Mont Alban, sur les hauteurs de Nice, érigé en 1557 sur ordre du duc de Savoie. D’après Wikipédia, il s’agit de l’une des rares places-fortes militaires du xvie siècle en bon état de conservation.
- la Croix de Marbre, à l’extrémité de la zone piétonne, érigée en 1558 pour commémorer le « Congrès de Nice », accord entre Charles Quint, François Ier et le pape Paul III.
- l’église du Jésus, officiellement église Saint-Jacques-le-Majeur, a vu sa construction débuter en 1607. Si la façade présente des éléments néoclassiques, l’intérieur est de style baroque.
- la Cathédrale Sainte-Réparate, située au cœur du Vieux-Nice, place Rossetti. Avec sa façade ornée de statues, ses dix chapelles et ses colonnes torsadées, il s’agit de l’un des joyaux du baroque niçois. La construction du bâtiment actuel a débuté en 1650, mais il y avait déjà une église à cet endroit-là auparavant.
- le boulet turc, exposé sur une façade du Vieux-Nice, rappelle le siège ottoman de 1543.
- le palais Lascaris, ancienne demeure aristocratique, construite dans la première moitié du XVIIe siècle. C’est aujourd’hui un musée d’instruments de musique anciens.
- la caserne Rusca, sur la place du palais de Justice, date du dernier quart du XVIIIe siècle. Le bâtiment a été construit pour le logement de troupes. Il est flanqué d’un clocher.
- la place Garibaldi, ancienne plassa Vitour (piazza Vittorio en italien), est une très belle place de Nice, marquée par l’homogénéité de ses façades jaunes. Elle a été construite à partir de 1773.
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J’espère que cette quatrième promenade historique à Nice vous a plu, et vous a permis de découvrir certains aspects de la ville de Nice. Je vous invite à découvrir, si vous ne l’avez pas déjà fait, les premiers épisodes consacrés à la Préhistoire, à l’Antiquité, et au Moyen-Âge. Je vous rappelle également que, avant de m’intéresser à la capitale azuréenne, j’avais proposé une promenade historique à Cagnes-sur-Mer. Peut-être prendrez-vous également plaisir à découvrir les versions vidéo de mes poèmes, également présents sur ma chaîne YouTube.

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