Archives mensuelles : août 2017

Non, tout ne va pas mal à l’école

Avec la rentrée scolaire qui s’annonce, la presse nous inondera sans doute d’articles concernant l’éducation. Le sujet ne laisse personne indifférent. Et il est parfois source d’inquiétudes légitimes. Il convient cependant de ne pas voir la réalité plus noire qu’elle n’est véritablement. Laissons pour un temps les « c’était mieux avant », les « tout va mal », les « tout est à revoir ». Car la réalité est là : chaque jour, des millions d’enfants apprennent et grandissent…

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Femme

Texte personnel

Elle connaît, elle aussi, ce que j’ai compris, quoiqu’elle en ait une vision plus sensible, plus aimante, sans théories fumantes ni rapports de concepts. Elle l’appréhende doucement, sans orgueil, sans volonté de dominer ou de posséder ce dont elle parle. Elle le considère comme une promenade au bord d’une rivière où il y aurait des canards de diverses sortes. Elle n’y voit aucun mal ni aucune souffrance même si je sais que parfois ce peut y être. Elle en parle comme d’un pot de confiture, comme d’un tableau de Degas ou d’une sonate entendue dans un auditorium. Elle l’écrit en lettres rondes, soignées, avec ses crayons de couleurs, là où j’ai trop tendance à rayer furieusement ma page de traits de graphite. Elle en met partout, dans les voiles de sa robe, dans les replis de ses cheveux, là où j’ai trop tendance à vouloir réserver ces choses-là dans le détroit de Béring de mon cœur. Elle utilise pour le sentir une manière tout intérieure, comme si elle le portait en elle depuis longtemps. Elle y met tout ce que peut vouloir dire le mot femme.

Gabriel Grossi, 15 février 2008.

La Fée aux larmes de Jean-Yves Masson

Le genre du conte n’est ni le plus pratiqué, ni, a fortiori, le plus médiatisé : les ouvrages qui se retrouvent le plus souvent en tête des rayonnages de librairie sont des romans. Alors, quand j’ai appris que Jean-Yves Masson, professeur de Littérature Comparée à l’Université de la Sorbonne, dont je connaissais déjà les recueils de poésie, venait de publier un conte, cela m’a beaucoup intéressé, et je me suis empressé d’acquérir cet ouvrage.

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« La poésie est-elle un baume, un viatique, une offrande ? A-t-elle pouvoir d’apaiser les plaies du monde, d’exalter les jours, d’éveiller la joie? La poésie est-elle reflet de la grâce, parole en résonance avec les harmonies passées ? Est-elle ce qui renaît d’écho en écho, effaçant les âges, passant de voix en voix, de souffle en souffle, comme le chant d’une âme universelle affranchie de toute fin ? »

André Velter, Orphée Studio : Poésie d’aujourd’hui à voix haute,
Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 1999, rééd. 2002, p. 172.

Charles Baudelaire : Le flambeau vivant

S’il est très probable que les Fleurs du mal soient l’un des recueils de poésie française les plus lus et les plus étudiés, en revanche on ne cite que rarement « Le flambeau vivant », trente-huitième poème de l’édition de 1857. Pourtant, il mérite d’être lu : ce sonnet emprunte à la tradition du blason tout en faisant de la femme aimée une voie d’accès à l’Idéal…

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Poème pacifiste

Je feuillette en ce moment les Chansons des rues et des bois de Victor Hugo. Un très beau recueil de poèmes plutôt légers et agréables à lire. Celui que je m’apprête à citer ne déroge pas à la règle : le choix d’un vers court, l’heptasyllabe, préserve de toute grandiloquence. Pourtant, c’est un message très sérieux que le poète veut faire passer : il montre l’imbécillité des guerres. Les humains insensés se montrent sourds au chant de l’alouette…

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La poésie aujourd’hui

On me demande pourquoi les gens n’écrivent plus des recueils de poèmes. Ce sera pour moi l’occasion d’une petite réflexion sur l’actualité de la poésie, ainsi que sur la forme du recueil. Il faut bien sûr tout de suite rassurer le lecteur : il s’écrit toujours, aujourd’hui, des livres de poésie. Chaque année, les nouveaux recueils se comptent par dizaines, voire par centaines. Cette production reste cependant dans l’ombre de l’actualité médiatique.

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Les étoiles filantes de Victor Hugo

Si, par une nuit d’août, en un lieu quelque peu épargné de la pollution lumineuse, vous levez les yeux vers le ciel, vous ne manquerez pas d’observer quelques étoiles filantes. Ces petits cailloux, parfois de quelques grammes seulement, deviennent incandescents en pénétrant dans l’atmosphère terrestre, laissant dans le ciel de belles traînées lumineuses. Ce phénomène céleste à inspiré à Victor Hugo un beau poème, dont voici la première partie.

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Connaissez-vous André Chénier ?

On entend parfois que le dix-huitième siècle était celui des philosophes et des penseurs, non celui des poètes. Certes, les poètes du Siècle des Lumières sont moins enseignés que les grandes voix modernes du siècle suivant. Il y a pourtant eu des poètes au dix-huitième siècle : Wikipédia en recense 189, ce qui est certes beaucoup moins que les 630 poètes du XIXe ou les 1350 poètes du XXe siècle. Qui connaît Jean-François Ducis, Nicolas Gilbert, ou encore Jean-Pierre Claris de Florian ? Deux noms surnagent cependant : celui de Fabre d’Églantine, surtout connu pour avoir trouvé des noms poétiques aux jours et aux mois du calendrier révolutionnaire, et celui d’André Chénier. C’est de ce dernier dont je voudrais vous parler aujourd’hui.

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Quiz de l’été : vos réponses

Connaissez-vous vraiment le conte de La Belle et la Bête ? Je veux dire, le véritable conte, à savoir celui publié par Mme Leprince de Beaumont, et non la version remaniée par les studios Disney. Pour le savoir, je vous proposais la semaine dernière un petit quiz. Quelques jours plus tard, j’apportais les réponses dans un article qui rappelait que le conte est beaucoup plus vieux qu’il n’en a l’air, et qu’il en existe de multiples versions. Aujourd’hui, il est temps de faire le point sur vos réponses…

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Qu’est-ce que la traductologie ?

Poursuivant mon petit panorama destiné à vous procurer un aperçu de la vastitude de la recherche en littérature, je vais vous parler de traductologie. Plus précisément, je vais m’appuyer sur une vidéo en ligne de Jean-Yves Masson, professeur de Littérature comparée en Sorbonne, et grand spécialiste de la question. Puisse ce modeste article aider à faire connaître cet aspect fort intéressant de la recherche dans le domaine des Lettres.

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D’Apulée à Disney : la véritable histoire de La Belle et la Bête

Si l’on vous demande de nommer de grands conteurs, il vous viendra sans doute les noms du Français Charles Perrault, des frères Jacob et Wilhelm Grimm, de nationalité germanique, ou encore du Danois Hans Christian Andersen. Pourtant, le très célèbre conte de la Belle et la Belle n’est d’aucun de ces trois conteurs. On considère généralement qu’il est de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont. Quelques précisions…

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Dix bonnes raisons de lire Maulpoix

Jean-Michel Maulpoix est l’auteur de ce blog auquel j’ai consacré le plus grand nombre d’articles. Il n’y a rien d’étonnant à cela, vu que c’est un très grand poète contemporain, que j’admire au point de lui avoir consacré ma thèse de doctorat. Je voudrais à mon tour vous faire aimer ce poète. J’ai donc sélectionné dix bonnes raisons de lire ses ouvrages.

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Envie d’être informés des actualités du blog ?

Pour faciliter les choses, j’ai mis en place un nouveau moyen de « suivre » ce blog : j’ai créé le groupe Amis de « Littérature Portes Ouvertes » sur Facebook. En adhérant au groupe, vous serez tenus au courant des dernières publications et échanger autour de la littérature ! Et vous pouvez y inviter vos amis 😉

C’est par ici : https://www.facebook.com/groups/119757398671851/

Jean-Michel Maulpoix (Wikipédia)

Je contemple dans le langage le bleu du ciel.

Les mots ne me seraient d’aucun prix s’ils se résignaient à nommer ou décrire ce qui est, au lieu de se précipiter vers ce qui n’est pas. Leur aveuglement convient à l’irréductible rêveur que je suis. Ils ont leur manière propre de dissiper le mystère en l’aggravant et de ne rien me donner à voir dont ils n’aient tout d’abord déformé les traits. Je sais leurs tromperies et m’y suis résigné. Je ne compte plus m’approprier ce que je nomme : il me suffit d’esquisser le geste de le toucher des mains. Ne fût-ce que pour en aviver la douleur, je concède au langage le soin de courtiser l’impossible. Jamais l’écriture n’est trop riche de désirs ni de mensonges pour fait de ses masques un usage tragique. Sachant sa vanité, il n’y renonce point mais la cultive comme un poison. Dès lors, rien ne l’obsède davantage que cette duplicité à quoi il reconnaît qu’il est en passe de devenir un homme. »

Jean-Michel Maulpoix, Une histoire de bleu (1992),
Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 2005, p. 107.

Quiz de l’été : la Belle et la Bête

Le conte de La Belle et la Bête a été rendu célèbre par la version animée de Walt Disney (1991), portée au cinéma en mars dernier par le réalisateur Bill Condon, avec la belle Emma Watson dans le rôle principal. Cependant, moins nombreux sont ceux qui connaissent la version originale, publiée au XVIIIe siècle par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont. Connaissez-vous bien l’histoire originale ? Ce petit quiz vous permettra de tester vos connaissances… Les réponses seront communiquées, dans quelques jours, par un nouvel article.

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Doublets lexicaux (suite) : suspecter et soupçonner

Je vous parlais naguère des doublets lexicaux, ces mots jumeaux qui proviennent d’un même étymon. Il y en a plein : copain et compagnon, frêle et fragile, ou, pour faire référence à mon récent article sur les gros mots, pute et putain. Eh bien, si je vous en reparle, c’est que le blog « Une espèce de blog » vient de publier un article sur suspecter et soupçonner. Qui sont, eux aussi, des jumeaux. J’en profite pour vous signaler que ce blog mérite d’être parcouru, les articles sont souvent tout à la fois instructifs et drôles, et traitent généralement de curiosités de la langue française.

https://unespecedeblog.wordpress.com/2017/08/10/suspecter-ou-soupconner/

Tout, tout, tout sur… les gros mots

Profitons de l’été pour nous intéresser à un sujet beaucoup plus léger qu’habituellement. Je veux parler des gros mots. Ceux que l’on n’entend pas dans une conversation polie. Pourtant, ces mots ont, eux aussi, une étymologie, une histoire, parfois tout aussi complexe que celle de vocables plus raffinés. Et souvent, tout aussi difficile à établir, voire davantage, étant donné que ces mots ont tendance à être plus employés à l’oral qu’à l’écrit. Oreilles sensibles, s’abstenir…

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Qu’est-ce qu’un roman d’aventures coloniales ?

Faire de la recherche en lettres, c’est généralement se spécialiser dans l’étude d’un genre, d’un thème, d’une période. Cherchant à faire connaître ce domaine passionnant auprès d’un plus large public, je vais aujourd’hui vous parler des recherches de Jean-Marie Seillan, professeur émérite à l’Université de Nice. Il s’est en effet intéressé au roman d’aventures coloniales, un genre en pleine expansion au XIXe siècle.

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