Archives mensuelles : avril 2023

Poème pour le 17 mai

Pour Lucas, 13 ans, poussé au suicide
À force de brimades, parce qu'il
Avait assumé aimer les hommes,

Pour Jefferson, violemment agressé
À la sortie d'une boîte de nuit,
Juste avant son mariage avec Pedro,

Pour Arturo, Adriano et Killian
Insultés, menacés et frappés
Sur le cours Saleya,

Pour Clément, agressé au taser
Électrique et frappé,
Au sortir d'une discothèque de Lyon,

Pour les deux femmes de Fontenay-sous-Bois
Rouées de coups parce qu'elles
Avaient osé s'embrasser sur un banc,

Pour ces deux toulousains, jetés au sol et
Violemment battus un dimanche matin,
Parce qu'ils se donnaient la main,

Pour ce couple d'hommes
Insultés et frappés
Dans le métro de Lyon,

Pour ces deux amoureux
Suivis par une dizaine de personnes,
Dans le tramway de Clermont-Ferrand,

Pour ces femmes, frappées
Par un alcoolique
Dans le RER parisien,

Pour le jeune Guinéen jeté au sol et frappé au visage
Par cinq hommes qui ne supportaient pas
La vue de son drapeau arc-en-ciel,

Pour tous ceux et celles
Qui ont été insultés, menacés,
Frappés du poing et du pied,

Pour celles et ceux
Que l'on regarde de travers
Pour une simple différence,

Pour tous ceux et celles
Abandonnés par
leurs familles,

Pour tous ces jeunes youtubers
Qui n'ont que vingt ans de moins que moi
Et qui parlent de leur différence

Avec une facilité, une liberté
Impressionnantes et inimaginables
Jusqu'à il y a quelques années,

Pour celles et ceux,
À qui il n'est rien arrivé
Mais qui ont peur,

Pour tous ceux et celles, contraints
De surveiller gestes et postures,
De sans cesse dissimuler qui ils sont,

J'écris ce poème pour vous tous,
Parce qu'on a recensé selon la presse
Plus d'une agression par semaine en un an,

J'écris ce poème
Parce qu'il faut rappeler
Qu'aimer une personne du même sexe

N'est pas une aberration,
Pas une maladie mentale,
Mais juste de l'amour,

Pas une abomination,
Pas une erreur fatale,
Mais juste de l'amour,

Pas une monstrueuse aspiration,
Pas une folie létale,
Mais juste de l'amour,

Et que l'amour ne se commande pas,
Il plante sa flèche là où il veut,
Et où qu'elle se fiche c'est merveilleux,

J'écris ce poème
Pour dire cette chose toute simple
Que l'amour est le plus beau

Et sans doute aussi
Le plus fort et le plus grand
Sentiment de l'univers,

Et que personne ne devrait
Avoir honte d'être amoureux
Ni peur de le montrer,

Fût-ce en le criant sur tous les toits,
En dansant, en chantant, en hurlant,
Face à la terre entière,

Fût-ce avec exubérance,
Avec énergie, folie et sans tempérance,
Avec joie, passion et fierté

D'être tout simplement gay.
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Venise

Minuit. Les cloches sonnent à Venise. Dans le calme de ta chambre d’hôtel, tu imagines, tu te remémores la ville autour de toi, cette très ancienne ville bâtie sur l’eau, cette ville où le moindre bâtiment est un monument historique, préservée de l’uniformisation du monde. Cette ville où tu aimes te perdre dans le dédale des ruelles et des canaux, te laissant porter par le hasard, laissant surgir une placette imprévue, une glycine au-dessus de l’eau, une gondole émergeant derrière un vieux mur. Cette ville hors du temps, que tu apprécies d’autant plus qu’un contretemps t’a contraint à visiter d’abord les blocs gris de Mestre, les chantiers navals bruyants, et les ponts routiers sous lesquels les migrants n’ont qu’un petit feu pour se réchauffer au milieu des immondices. Drôle de sensation, où la beauté et l’injustice se juxtaposent, où l’indignation et l’émerveillement se succèdent. Les plafonds peints du palais des Doges, les dorures des églises, la dentelle des façades, ne sont pas seulement des signes de richesse, mais aussi d’art, de raffinement, de beauté. De science, aussi : imposants globes terrestres, témoins de la curiosité exploratrice d’une ville ouverte sur le monde. Venise, aide-nous à nous souvenir, de ne rien ajouter à ce qui est, que de la beauté.

Sabine Venaruzzo : une poésie au cœur de l’humain

L’humain, tel est bien le moteur de la poésie de Sabine Venaruzzo, cela qui la pousse à écrire et à consacrer sa vie à l’art. Elle est une vraie poète au sens de Rilke : écrire relève pour elle de la nécessité, voire de l’urgence. Écrire est d’emblée un acte tendu vers l’autre, un élan en direction de cette fraternité qui, bien que revendiquée officiellement par tous les frontons de mairies, fait encore trop souvent défaut à nos sociétés contemporaines. On s’en rend compte dans son recueil Et maintenant, j’attends, récemment réédité dans une édition bilingue franco-arabe.

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Connaissez-vous Lo Moulis?

En mars dernier, lors du festival « Poët Poët », Lo Moulis a investi la Petite Maison de Poésie. Sur la Coulée verte, dans le centre-ville de Nice, d’abord. Puis au parc Lécuyer, dans le quartier de l’Ariane. Par deux fois, elle a occupé ce petit espace intérieur. Elle l’a drapé de blanc, y a installé un vieux miroir, de petites bougies électriques, et y a murmuré des poèmes. J’ai été séduit par cet univers épuré. Comme une pause dans une pénombre apaisante, où se laisser bercer par des poèmes. Alors j’ai voulu en savoir davantage sur Lo Moulis. Sa vie, son parcours, son cheminement personnel et artistique, jusqu’à se retrouver locataire de la Petite Maison de Poésie.

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Les choses simples du quotidien

Depuis peu de temps, la plate-forme WordPress, grâce à laquelle je publie ce blog, propose des « incitations », c’est-à-dire des sujets d’écriture pour inspirer les blogueurs. Ils ne m’intéressent que rarement, mais celui-ci a retenu mon attention, parce qu’il correspond à une vision du bonheur qui me parle, et parce qu’il permet également à tous les lecteurs de s’emparer à leur tour de la question. Voici, donc, cinq choses du quotidien qui m’apportent du bonheur. Quelles sont les vôtres?

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Les oeuvres poétiques de Bonnefoy en Pléiade

Un coffret de carton blanc servant d’écrin à un livre imprimé sur papier Bible. Du Bodoni pour le titre, du Garamond pour le texte intérieur… Tel est le célèbre format de la prestigieuse collection « Bibliothèque de la Pléiade », aux éditions Gallimard. Le poète français contemporain Yves Bonnefoy (1923-2016) fait désormais partie des auteurs  pléiadisés. C’est l’occasion de présenter ce poète.

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Les Nocturnes de « Jeudidesmots.com »

Le 21 mars 2023, aux premiers jours du printemps, le site Internet « Jeudidesmots.com » a ouvert une anthologie en ligne sur le thème « Nocturnes ». L’appel à textes, mais aussi à images, sons et vidéos, est ouvert à tous, jusqu’au 1er juin. C’est avec plaisir que je relaie cette belle initiative.

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La technologie et le métier d’enseignant

On me propose aujourd’hui un sujet que j’ai trouvé intéressant à évoquer: « Comment la technologie a-t-elle changé votre travail? » J’ai trouvé cette question intéressante à évoquer dans le cadre de mon métier d’enseignant. C’est peut-être un aspect du métier qui est peu visible de l’extérieur. De fait, un enseignant aujourd’hui passe beaucoup de temps derrière son ordinateur.

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Un livre pour accompagner « Rue des fleurs »

L’an dernier, paraissait Rue des fleurs, trente-sixième recueil de Jean-Michel Maulpoix, qui recevait, à peu près à la même période, le Goncourt de la poésie pour l’ensemble de son œuvre. Pour rendre hommage à Jean-Michel Maulpoix, Pierre Grouix a dirigé un ouvrage collectif intitulé Rue des fleurs, rue du poème, auquel je suis très heureux d’avoir participé. Ce livre, paru hors commerce (il n’a ni code-barres ni mention de prix), rassemble un grand nombre de contributions critiques ou poétiques.

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« Plus de cent frontières »

« Notre planète a un besoin urgent d’humanité », écrit Patrick Joquel dans la préface de cette anthologie. Cette urgence est nettement palpable dans ces poèmes qui se sont emparés du thème des frontières, proposé par l’édition 2023 du Printemps des Poètes. Plus de cent poètes ont répondu à l’appel lancé par les éditions « Pourquoi viens-tu si tard ? » et « Jeudidesmots.com« . Classés dans l’ordre alphabétique des prénoms, d’Alain di Meglio à Yan-Wu Chen, les poètes sont issus du monde entier.

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Retour sur les deux derniers jours du Festival Poët Poët

Raconter ces deux journées dans un même article. L’Ariane et Aiglun. Le quartier densément peuplé, et le village du moyen pays, à environ 700 mètres d’altitude. Les barres d’immeubles, et les parois montagneuses. Le Festival Poët Poët replace la poésie au coeur de nos vies. Dans la ville ou dans les montagnes, elle est chez elle, pour peu qu’on l’y invite.

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Eurydice Roussel : poisson d’avril !

Une fois n’est pas coutume, je me suis adonné hier à une petite plaisanterie. C’est mon poisson d’avril pour 2023. Vous l’aurez compris, Eurydice Roussel n’a jamais existé. Mais il y a mieux : j’ai fait rédiger l’article par ChatGPT, et je n’y ai rien changé. J’ai par contre relancé plusieurs fois le robot afin qu’il améliore son écrit. Je lui ai demandé de changer de nom (« Jacques Dupont » était trop banal), de ne citer que des collaborateurs contemporains (une collab avec Rimbaud n’aurait pas du tout été crédible), et d’ajouter des témoignages. Cette capacité à améliorer le texte déjà écrit est vraiment incroyable. On a du souci à se faire… En attendant, je vous souhaite un joyeux 1er avril !

Connaissez-vous Eurydice Roussel ?

Eurydice Roussel est née en 1957 dans la région de Marseille. Elle a grandi dans un milieu artistique et c’est très tôt qu’elle a découvert sa propre vocation pour l’écriture poétique. Elle a étudié la littérature à l’Université Aix-Marseille et a rapidement commencé à publier ses poèmes dans des revues littéraires.

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