Le printemps des poètes aura lieu du 3 au 19 mars prochains. C’est encore dans un petit moment, mais cela se prépare dès à présent. Cette année, le thème de la manifestation sera l’ardeur. Vaste programme… Voici de premières réflexions à l’emporte-pièce. Elles seront suivies d’autres.
Quand on pense au mot « ardeur », une multitude de termes vient à l’esprit : passion, feu, fougue, élan, vivacité, force, violence, entrain, fièvre, courage, amour, lyrisme… La liste des synonymes est longue. Celle du CNRLT est intéressante en ce qu’ils sont triés par pertinence. Ces différents termes aident à cerner la notion d’ardeur, mais, si l’on en reste là, on n’obtient qu’une nébuleuse assez vague de concepts du reste assez différents entre eux.
Aussi faut-il recourir à l’étymologie, le latin ardor, et le lien avec le verbe ardre, certes aujourd’hui quasiment disparu, mais dont le participe présent a donné l’adjectif ardent. Ardre, c’est brûler. Et l’ardeur, c’est donc cette chaleur intérieure qui nous anime. Tiens, animer, anima, l’âme, le souffle, le mouvement, le pneuma poétique ! Là, nous touchons de plus près ce qu’est l’ardeur poétique…
Elle est donc cette chaleur, cette flamme qui anime la poésie, qui met les mots en branle, les fait sortir de leur première torpeur et les éveille à la vie. Choisir l’ardeur comme emblème de la poésie, c’est ainsi rappeler que la poésie n’est pas seulement une technique, pas seulement une façon particulière de parler, mais avant tout une activité fondamentalement humaine, qui engage le créateur comme le lecteur dans la totalité de leurs corps et âmes.
C’est rappeler que la poésie n’est pas un luxe pour amateurs raffinés, elle n’est pas une cerise qui viendrait sur un gâteau comme en plus, elle n’est pas davantage une rareté précieuse qu’il faudrait conserver bien à l’abri. Elle n’est pas seulement une activité intellectuelle. Avec la poésie, voici que le penseur se souvient qu’il a un cœur et un corps…
On le voit, l’on aurait tort, également, de réduire l’ardeur poétique à la seule poésie du discours amoureux. Même si, bien entendu, le choix de l’ardeur au début du printemps est aussi une invitation à relire la poésie amoureuse, qui est bien plus que de l’eau de rose, et aussi la poésie érotique. Comme disait Flaubert à Louise Colet : “La vie! la vie! bander! tout est là! C’est pour cela que j’aime tant le lyrisme. Il me semble la forme la plus naturelle de la poésie”. (Source)
Mais l’ardeur, c’est aussi la ferveur, et l’on pourra se rendre compte que la poésie sacrée n’est pas aussi hors sujet qu’elle en a l’air. D’ailleurs, la poésie, qu’on le veuille ou non, a toujours, me semble-t-il, un petit quelque chose à voir avec le sacré, puisqu’elle n’est pas une façon « normale » de parler. Poésie/prose, sacré/profane : ça a un rapport. Même si, bien sûr, les choses ne sont pas binaires.
Parler d’ardeur en poésie nous rappelle ainsi que lire comme écrire de la poésie n’est pas une activité anodine. On ne sort pas indemne de la poésie. Les mots en poésie nous touchent en notre corps et âme. On y engage bien davantage que ses pensées. Apprêtons-nous donc à célébrer ce feu qui anime parfois nos mots, notre voix, notre souffle…
Image d’en-tête : Renaud Camus / Flickr (Le Jour ni l’Heure 8593 : Félix Ziem, 1821-1911, Venise, le Grand Canal avec bragosi, c. 1870-1880, dét., musée des Beaux-Arts d’Orléans, Loiret, région Centre, mardi 25 juin 2013, 14:23:50)
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Merci pour le reblog
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