Archives mensuelles : avril 2021

La vie commune d’Alain et Marie-Claire Bancquart

Elle, c’est Marie-Claire Bancquart, l’une des grandes voix de la poésie française contemporaine, décédée en 2019. Lui, c’est Alain Bancquart, l’un des grands compositeurs de ce siècle, et, donc, le mari de la première. Il a publié en 2020 Il y a trace de nous, aux éditions Delatour, ouvrage qui revient sur près de soixante-huit ans de vie commune.

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« Il lui défend de sortir » : analyse grammaticale

Comme vous le savez peut-être, j’aime proposer, de temps en temps, de petites réflexions grammaticales, entre deux articles sur la littérature et la poésie. Aujourd’hui, je profite d’une question qui a été posée sur les réseaux sociaux pour faire l’analyse d’une phrase que nous allons décortiquer : « Il lui défend de sortir ».

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Des poèmes sur la ville

La « fréquentation des villes énormes » est, depuis Baudelaire, une source d’inspiration féconde pour les poètes. C’est bien en elle, en effet, que réside la modernité, avec tout ce qu’elle suppose de mouvement, de vitesse, d’innovations en tous genres… Les villes d’aujourd’hui sont grouillantes, trépidantes, tentaculaires. Elles prennent toujours plus de place, dans nos vies concrètes comme dans notre imaginaire. Je me souviens avoir lu dans un article, il y a de ça quelques années, que l’univers urbain avait tendance à monopoliser le paysage télévisuel, et que l’on trouvait de moins en moins de films et de séries dont l’action se situe dans la nature. On s’en doute, la ville apparaît chez les poètes autant comme un idéal que comme un repoussoir. Et cela, dès La Fontaine…

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« Ce sont d’abord de petits coups frappés silencieusement
dans la nuit contre le sac de peau : un minuscule bonhomme invisible qui remue dans le ventre de sa mère, la chair déjà toute
pleine de songes…

Un jour, on entend au loin le bruit de galop du cœur : quelqu’un, très vite, qui se rapproche à la vitesse du sang dans les veines, depuis longtemps déjà en chemin par des couloirs obscurs…

Puis cette image floue, sur l’écran, d’une ombre grise qui palpite, serre un poing, remue la jambe, et parfois ouvre la bouche : essaierait-elle déjà de dire quelque chose ? »

Jean-Michel Maulpoix, « Proses pour Adrien », Journal d’un enfant sage,
Paris, Mercure de France, 2010, p. 111.

Mort du poète Bernard Noël

Le poète Bernard Noël est décédé hier à l’âge de quatre-vingt-dix ans, quelque temps après Philippe Jaccottet. C’est dire que les grandes voix du vingtième siècle s’éteignent peu à peu… Aussi importe-t-il, pour lui rendre hommage, de présenter sa poésie.

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Le sommet

Texte personnel

Parvenu, au terme d’une longue promenade, sur quelque sommet d’où contempler le monde, tu changes de perspective. En bas, tu vois cet entrelacs insensé de routes et de rues dont la rumeur ne te parvient plus. Tu considères les empilements d’immeubles, les alignements de villas, les successions de bâtiments qui proliféreraient à l’infini s’ils n’étaient arrêtés, au loin, par la ligne bleue du littoral. Tu observes les avions qui décollent et atterrissent dans un ballet incessant. Voici donc ce que font les petits hommes. Ils se démènent, s’agitent, courent, souffrent beaucoup et jouissent un peu, recommençant chaque jour les mêmes gestes frénétiques, les mêmes mouvements désordonnés, obnubilés qu’ils sont par leurs désirs, leurs peines, leurs soucis, malmenés par la peur de mourir au point qu’ils feraient n’importe quoi pour y échapper, y compris et surtout cela même qui les précipite pourtant vers leur propre destruction. Tous ces gestes auxquels ils donnent de l’importance, tous ces impératifs parés de la plus haute urgence, apparaissent enfin, vus d’en haut, comme une vaine agitation. Ils ne font qu’étaler du gris face à la mer qui les ignore, quand les eaux turquoise des alluvions fluviales se mêlent au bleu sombre de l’horizon.

Au-dessus de tout cela, dans la clarté du ciel, planent quatre rapaces paisibles. Leur envergure paraît plus importante que celle d’une simple buse. Leur vol lent autour du soleil, leurs amples mouvements dans le vent, circonscrivent le temps. Étrangers à l’agitation des hommes, ils appartiennent au ciel et aux montagnes, à toute cette immense étendue silencieuse que tu découvres en te retournant, jusqu’aux hauts sommets de neige qui découpent, là-bas, au-delà des premières lignes de crête, leur blancheur immaculée.

Gabriel Grossi, mercredi 14 avril 2021.

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Baudelaire : « La Fontaine de sang »

Il ne vous aura pas échappé que nous fêtons cette année le deux-centième anniversaire de Charles Baudelaire. Aussi ai-je l’intention de publier régulièrement des articles destinés à mieux faire connaître ce grand poète, en puisant parmi la matière offerte par les Fleurs du Mal ou encore les Petits Poèmes en prose. Aujourd’hui, je vous propose de découvrir un poème qui ne fait pas partie des plus souvent cités, intitulé « La Fontaine de sang ».

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Lecture de poèmes de Jean-Michel Maulpoix

Quoi de mieux, en ces temps d’enfermement, que de s’évader par la lecture ? Profitons de cette période où nous sommes fréquemment à la maison pour lire de la poésie, et pour découvrir des poètes contemporains. Aujourd’hui, je voudrais vous lire quelques poèmes extraits d’Une histoire de bleu, le plus célèbre recueil de Jean-Michel Maulpoix.

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Enseigner la grammaire à des enfants

Comme vous le savez peut-être, j’aime la grammaire, parce qu’elle permet de mieux comprendre notre langue, parce qu’elle aide à en percevoir la beauté, mais aussi parce qu’elle livre parfois des énigmes dont la résolution s’apparente à un jeu. Et, en tant que prof des écoles, c’est aussi une matière que j’aime enseigner. Je voudrais aujourd’hui livrer mes réflexions sur l’enseignement de la grammaire.

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Bicentenaire de Baudelaire

Le 9 avril, Charles Baudelaire fêtera ses deux-cents ans. Impossible, n’est-ce pas, de ne pas y consacrer un article ! Baudelaire reste, cent soixante-quatre ans après la publication des Fleurs du Mal, le père de la poésie moderne. Aussi nombreuses qu’aient été les évolutions de la poésie après lui, Charles Baudelaire reste considéré comme le tournant majeur de la poésie de ces deux derniers siècles, comme celui qui a fait entrer la poésie dans la modernité. Il est, pour Michel Jarrety, un « point de départ » (1). Petit parcours dans la poésie baudelairienne…

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« L’éveil de Pâques » de Verhaeren

En ce lundi de Pâques, je vous propose la lecture d’un poème d’Émile Verhaeren, intitulé L’éveil de Pâques. Il est publié dans la troisième série de Poèmes parue au Mercure de France, qui rassemble les recueils Les Villages illusoires, Les Apparus dans mes chemins et Les Vignes de ma muraille. C’est dans ce dernier ensemble que l’on trouvera le sonnet de L’éveil de Pâques.

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Le surréalisme après le surréalisme

On me demande aujourd’hui quelle est l’influence du surréalisme dans la poésie d’aujourd’hui, et plus précisément s’il se trouve encore des poètes pour revendiquer l’écriture automatique. C’est une question intéressante, bien trop vaste pour faire l’objet d’une réponse complète dans le cadre d’un simple article de blog, mais à laquelle je vais tâcher de répondre de mon mieux, sachant que je ne suis pas spécialiste du surréalisme.

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