Poème sur les fresques
de la cathédrale de Parme

Poème sur les fresques
de la cathédrale de Parme
Pour Lucas, 13 ans, poussé au suicideLire la suite
À force de brimades, parce qu'il
Avait assumé aimer les hommes,
Pour Jefferson, violemment agressé
À la sortie d'une boîte de nuit,
Juste avant son mariage avec Pedro,
Pour Arturo, Adriano et Killian
Insultés, menacés et frappés
Sur le cours Saleya,
Pour Clément, agressé au taser
Électrique et frappé,
Au sortir d'une discothèque de Lyon,
Pour les deux femmes de Fontenay-sous-Bois
Rouées de coups parce qu'elles
Avaient osé s'embrasser sur un banc,
Pour ces deux toulousains, jetés au sol et
Violemment battus un dimanche matin,
Parce qu'ils se donnaient la main,
Pour ce couple d'hommes
Insultés et frappés
Dans le métro de Lyon,
Pour ces deux amoureux
Suivis par une dizaine de personnes,
Dans le tramway de Clermont-Ferrand,
Pour ces femmes, frappées
Par un alcoolique
Dans le RER parisien,
Pour le jeune Guinéen jeté au sol et frappé au visage
Par cinq hommes qui ne supportaient pas
La vue de son drapeau arc-en-ciel,
Pour tous ceux et celles
Qui ont été insultés, menacés,
Frappés du poing et du pied,
Pour celles et ceux
Que l'on regarde de travers
Pour une simple différence,
Pour tous ceux et celles
Abandonnés par
leurs familles,
Pour tous ces jeunes youtubers
Qui n'ont que vingt ans de moins que moi
Et qui parlent de leur différence
Avec une facilité, une liberté
Impressionnantes et inimaginables
Jusqu'à il y a quelques années,
Pour celles et ceux,
À qui il n'est rien arrivé
Mais qui ont peur,
Pour tous ceux et celles, contraints
De surveiller gestes et postures,
De sans cesse dissimuler qui ils sont,
J'écris ce poème pour vous tous,
Parce qu'on a recensé selon la presse
Plus d'une agression par semaine en un an,
J'écris ce poème
Parce qu'il faut rappeler
Qu'aimer une personne du même sexe
N'est pas une aberration,
Pas une maladie mentale,
Mais juste de l'amour,
Pas une abomination,
Pas une erreur fatale,
Mais juste de l'amour,
Pas une monstrueuse aspiration,
Pas une folie létale,
Mais juste de l'amour,
Et que l'amour ne se commande pas,
Il plante sa flèche là où il veut,
Et où qu'elle se fiche c'est merveilleux,
J'écris ce poème
Pour dire cette chose toute simple
Que l'amour est le plus beau
Et sans doute aussi
Le plus fort et le plus grand
Sentiment de l'univers,
Et que personne ne devrait
Avoir honte d'être amoureux
Ni peur de le montrer,
Fût-ce en le criant sur tous les toits,
En dansant, en chantant, en hurlant,
Face à la terre entière,
Fût-ce avec exubérance,
Avec énergie, folie et sans tempérance,
Avec joie, passion et fierté
D'être tout simplement gay.
Il y a quelques jours, le préfet des Alpes-Maritimes a décidé de mesures d’urgence de restriction d’eau. La région connaît une sévère sécheresse alors même que nous sommes à la fin de l’hiver, à une saison où l’eau est habituellement abondante. Le fait est palpable pour le simple promeneur, qui peut constater le faible débit des fleuves côtiers, où l’eau stagne plus qu’elle ne coule. Cette situation, rare et préoccupante, n’est pourtant pas au cœur des préoccupations des hommes, généralement déconnectés de la nature. Cela m’a inspiré ce poème.
Lire la suite« Éclaircie » est le poème liminaire de mon recueil Concordance, paru en novembre dernier en impression à la demande. Hier soir, Michel Saint-Dragon, poète slammeur qui organise beaucoup d’événements autour de la poésie dans la région, m’en a offert une lecture audio. J’ai inséré ce son dans une vidéo afin de vous en faire profiter.
Lire la suiteQuand les poètes dédient des poèmes à leur proches, c’est trop souvent que ces derniers sont disparus. Aujourd’hui, je veux dédier un poème à ma grand-mère de son vivant.
Lire la suiteJ’ai beaucoup hésité avant de publier ce poème en prose, parce qu’il est très intime. C’est peut-être même l’un des plus personnels que j’aie jamais écrits. Et puis je me suis dit que c’était là précisément le rôle de la poésie, que de puiser dans l’intime la matière d’une émotion partageable. Et c’est peut-être l’un des miracles de la poésie, que de nous permettre de dire à tous ce dont nous n’avons jamais parlé à personne. N’hésitez pas à vous exprimer dans l’espace des commentaires !
Lire la suiteFleur des tropiques
Dans mon appartement
Loin des moustiques
Et de l'acomat boucan
Mais tu fleuris
Certes pas longtemps
Déjà tu flétris
Dans mon appartement
Peut-être rêves-tu
De vrais alizés
De clameurs tues
De saveurs brisées
Loin du colibri
Bel hibiscus rouge
Tu as fleuri
Là où rien ne bouge
Fleur anachronique
Loin de ton été
Tu as mis tes tropiques
Dans mon hiver glacé
Gabriel Grossi, dimanche 22 janvier, à cinq heures du matin.
Lire la suiteParfois, tu t’en vas demander conseil à la mer. Ce n’est pas que tu attendes une réponse. Tu es simplement là, face à elle, dans la claire lumière d’hiver. Tu lui sais gré de ne rien dire, de ne pas répondre, de ne surtout pas formuler d’injonction condescendante. Elle est simplement là, avec son délire d’éclaboussures, un peu plus folle encore qu’à l’habitude, puisque, malgré l’absence de vent, elle a décidé de se déchaîner contre la grève, redoublant d’efforts à l’assaut du mur de la promenade, comme pour passer contre lui on ne sait quelle colère, multipliant les gerbes à chaque fois que la vague vient se briser contre les rochers. Tu ne sais quelle mauvaise humeur trouble ses eaux inhabituellement boueuses. Au-dessus, un soleil franc plane dans un ciel absolument limpide, que seul le passage d’une mouette vient parfois animer. Tu t’amuses de cet étonnant contraste. Il fait presque chaud, pour une journée de janvier, lorsque, en début d’après-midi, tu te joins aux nombreux passants qui, comme toi, promènent au bord de mer. Chacun contemple le caprice de la mer, cette rage d’éclaboussures et d’écume, cette débauche d’effets et de cris puérils, dans le calme étonnant d’une chaude après-midi d’hiver.
Lire la suiteLes temps sont durs
Les murs sont durs
Les temps sont mûrs
Ça dure longtemps
Cela faisait un certain temps que je n’avais écrit sur le XIXe siècle. Or, voici qu’on me contacte pour me demander des éclaircissements sur le poème intitulé « Janvier » de François Coppée. C’est un beau poème, qui fera écho à « Décembre » que j’avais naguère commenté.
Lire la suiteC’est une aube encore grise par-delà la digue de rochers. Sous nos fenêtres, la mer, parfaitement lisse, s’étend au-delà du bruyant ballet des voitures. Elle étale son rideau argenté, que seul vient perturber le vol lointain d’une mouette. Elle n’a cure de nos soucis, de nos retards, de nos pas pressés, de nos bousculades et de nos cris. Elle n’entend pas le vrombissement de nos motos et nos coups de klaxon. Elle ignore nos petites inquiétudes et nos tracas, nos désespoirs et nos jérémiades, nos colères et nos jalousies. Face à la ville qui déjà s’agite, elle demeure impassible, nous offrant gratuitement sa leçon de sérénité. Tout au plus consent-elle parfois à refléter nos phares, nos réverbères et nos feux : cela ne l’affecte guère. Elle qui dialogue avec l’infini fait peu de cas de nos minuscules lumières. Malgré ce que peuvent laisser croire son écume, ses vagues et ses tempêtes, elle n’est pas d’humeur à s’emporter, si ce n’est en surface. Son pardon est aussi prompt que sa fureur. Ses ondulations ne sont pour elle que des rides superficielles. Elle peut paraître impassible, et pourtant elle est prête à accueillir, comme en son sein, le corps et l’âme du baigneur.
Lire la suiteJ’ai retrouvé dans mon vieux disque dur un poème écrit en classe de troisième. Celui-ci, pour le coup, faisait partie des travaux de la classe. Nous avions étudié des poèmes de Victor Hugo où le poète faisait l’éloge d’animaux ordinairement détestés, et nous devions en produire à notre tour. Voici, donc, mon petit pastiche de Victor Hugo, écrit à l’âge de 13 ans.
Lire la suiteL’eau froide enveloppe notre corps. Elle serre, elle sangle. En même temps les rayons brûlent. Sensation paradoxale. Ne pas rester très longtemps, juste quelques brasses dans la pureté exacte. Prendre soin de l’horizontalité parfaite de la surface, atténuer toute irisation. Entrer d’un coup. Et tandis que nous ne respirons plus pendant une minute, nous nous laissons porter. Le monde n’a plus de directions, tout au plus quelques régions plus claires que d’autres. Sortir de l’eau comme nous y étions entré, sans remous, comme si l’on voulait que les perles ruisselantes sur le dos construisent un long manteau qui s’en irait rejoindre l’immensité liquide, comme si l’on voulait donner l’impression que la surface sécrète notre corps, comme un précipité, et que nous émergions dans le monde comme une excroissance de l’eau, comme un premier enfant vomi par la mer avec le devoir de conquérir la terre, comme si nous étions nous-mêmes une gerbe d’écume projetée au loin. Une langue d’eau relie encore notre corps émergé et la surface, cette enveloppe devient une immense traîne transparente et fragile, puis s’amincit chaque seconde jusqu’à finalement, fatalement, rompre, rejoignant alors la surface qui se creuse un instant, puis, ayant accueilli la goutte, se soulève en ce point précis, comme pour la renvoyer à nouveau vers le ciel, mais elle rejoint vite sa place et l’équilibre se rétablit. Nous conservons sur notre peau un peu de cette matière qui lentement s’égoutte.
Gabriel Grossi, mercredi 2 avril 2008
Lire la suiteJe vous propose aujourd’hui un poème inédit, composé aujourd’hui même, qui aura vocation à se retrouver dans la première section de Concordance. Parfois, on écrit un poème qu’on n’aurait peut-être pas écrit avant de songer à la mise en forme d’un recueil. Il est là, en quelque sorte, pour combler un vide dans l’architecture qui se met en place. Pour autant, ce n’est pas un simple « bouche-trou ». Il correspond à cet élan d’espoir que j’ai voulu placer dans la première section du recueil.
Lire la suiteJ’aime bien ce petit poème sans prétention écrit en 2008. S’il a eu l’heur de vous plaire, pensez à laisser un petit commentaire 😉
Lire la suiteJ’ai retrouvé dans les méandres de mon disque dur un poème très ancien, probablement écrit au lycée, mais que je trouve, ma foi, assez réussi. Qu’en pensez-vous ? N’hésitez pas à laisser un petit commentaire !
Lire la suiteJe vous propose aujourd’hui de découvrir un poème que j’avais écrit en 2008, autant dire il y a une éternité. Il propose un petit cocon de bien-être au milieu de la tempête…
Lire la suiteLaurence Vielle, née à Buxelles en 1968, a publié en 2017 un petit livre aux éditions Maelström intitulé Ancêtres. Il est centré sur un voyage en Indonésie, sur la rencontre des peuples indonésiens, qui vouent un culte particulier aux Ancêtres. À son tour, la poétesse s’interroge, et nous interroge. Quelle place laissons-nous à nos ancêtres dans nos vies ?
Lire la suiteJe vous propose aujourd’hui un poème personnel né de la relecture d’un très célèbre poème que je ne vous ferai pas l’injure de nommer, puisque vous l’aurez immédiatement identifié.
Lire la suiteCela faisait longtemps que je n’avais pas proposé d’article portant sur le XVIIe siècle. Or, aujourd’hui même, les collégiens composaient, à l’occasion du Brevet 2022, à partir d’une fable de La Fontaine, intitulée Le Lion et le Moucheron. Profitons de ce prétexte pour combler cette lacune, et lisons ensemble ce poème. Il s’agit de la neuvième fable du livre II des Fables.
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