Poème pour le 17 mai

Pour Lucas, 13 ans, poussé au suicide
À force de brimades, parce qu'il
Avait assumé aimer les hommes,

Pour Jefferson, violemment agressé
À la sortie d'une boîte de nuit,
Juste avant son mariage avec Pedro,

Pour Arturo, Adriano et Killian
Insultés, menacés et frappés
Sur le cours Saleya,

Pour Clément, agressé au taser
Électrique et frappé,
Au sortir d'une discothèque de Lyon,

Pour les deux femmes de Fontenay-sous-Bois
Rouées de coups parce qu'elles
Avaient osé s'embrasser sur un banc,

Pour ces deux toulousains, jetés au sol et
Violemment battus un dimanche matin,
Parce qu'ils se donnaient la main,

Pour ce couple d'hommes
Insultés et frappés
Dans le métro de Lyon,

Pour ces deux amoureux
Suivis par une dizaine de personnes,
Dans le tramway de Clermont-Ferrand,

Pour ces femmes, frappées
Par un alcoolique
Dans le RER parisien,

Pour le jeune Guinéen jeté au sol et frappé au visage
Par cinq hommes qui ne supportaient pas
La vue de son drapeau arc-en-ciel,

Pour tous ceux et celles
Qui ont été insultés, menacés,
Frappés du poing et du pied,

Pour celles et ceux
Que l'on regarde de travers
Pour une simple différence,

Pour tous ceux et celles
Abandonnés par
leurs familles,

Pour tous ces jeunes youtubers
Qui n'ont que vingt ans de moins que moi
Et qui parlent de leur différence

Avec une facilité, une liberté
Impressionnantes et inimaginables
Jusqu'à il y a quelques années,

Pour celles et ceux,
À qui il n'est rien arrivé
Mais qui ont peur,

Pour tous ceux et celles, contraints
De surveiller gestes et postures,
De sans cesse dissimuler qui ils sont,

J'écris ce poème pour vous tous,
Parce qu'on a recensé selon la presse
Plus d'une agression par semaine en un an,

J'écris ce poème
Parce qu'il faut rappeler
Qu'aimer une personne du même sexe

N'est pas une aberration,
Pas une maladie mentale,
Mais juste de l'amour,

Pas une abomination,
Pas une erreur fatale,
Mais juste de l'amour,

Pas une monstrueuse aspiration,
Pas une folie létale,
Mais juste de l'amour,

Et que l'amour ne se commande pas,
Il plante sa flèche là où il veut,
Et où qu'elle se fiche c'est merveilleux,

J'écris ce poème
Pour dire cette chose toute simple
Que l'amour est le plus beau

Et sans doute aussi
Le plus fort et le plus grand
Sentiment de l'univers,

Et que personne ne devrait
Avoir honte d'être amoureux
Ni peur de le montrer,

Fût-ce en le criant sur tous les toits,
En dansant, en chantant, en hurlant,
Face à la terre entière,

Fût-ce avec exubérance,
Avec énergie, folie et sans tempérance,
Avec joie, passion et fierté

D'être tout simplement gay.

Le 17 mai 1990, l’homosexualité est retirée de la liste des pathologies mentales par l’OMS. En souvenir de cet événement, c’est un 17 mai qu’est célébrée la Journée Mondiale de lutte contre l’homophobie. Cette occasion doit permettre de rappeler qu’il y a selon la presse plus d’une agression homophobe par semaine en France. Tous les exemples évoqués dans ce poème sont inspirés de faits divers réels rapportés dans la presse en ligne.

Ce poème a été lu sur une scène ouverte à Grasse

J’ai déclamé ce poème sur la scène ouverte organisée par l’association Slam SOL à l’Espace Altitude 500 de Grasse. Vous trouverez le compte-rendu de la journée dans un article qui inclut également la captation vidéo de ce moment.

Ce poème a été traduit en Italien par Mario Badino

Le poète italien Mario Badino, qui vit dans les Pouilles, m’a fait une belle surprise en m’adressant la traduction italienne de ce poème que voici.

Ce poème a été lu à la radio publique belge

Laurence Vielle, poétesse, connue notamment pour avoir été poétesse nationale de Belgique, a lu ce poème sur les ondes de « music 3 », une radio affiliée à la RTBF, la radio publique belge.

https://www.rtbf.be/article/laurence-vielle-lit-avec-joie-passion-et-fierte-de-gabriel-vittorio-poeme-pour-la-journee-mondiale-contre-l-homophobie-11199962

15 commentaires sur « Poème pour le 17 mai »

  1. Je suis tout à fait d’accord et je vous approuve d’avoir écrit ce poème !
    Mais 1990 ce n’est pas si loin , et il faudra encore du temps pour que les esprits et les sensibilités admettent vraiment l’altérité. Une question d’éducation que l’école et la société doivent promouvoir. En attendant halte aux violences et aux insultes racistes , sexistes, homophobes , etc …., à dénoncer sans répit !

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  2. Merci pour cette belle sensibilité. Que chacun soit libre (pour le respect de tous), d’aimer qui il veut, quand il veut. Je crains, hélas, que la liste ne s’allonge, car il faut du temps pour que cela entre dans tous les cervelles. Et du temps, nous n’en avons plus !

    Aimé par 1 personne

  3. En rédigeant ce poème, j’avais lu un article qui parlait d’une agression homophobe par semaine. J’ai entendu hier un responsable d’Amnesty International parler d’une agression tous les deux jours. Cette violence est inacceptable.

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