Texte personnel
Quand les rumeurs du jour se sont assagies, que se sont tues les clameurs des hommes, quand les derniers rayons se sont éteints, que les flots du jour sont taris, à l’heure tardive des grillons et des lucioles, rien ne bouge. Assis face à la nuit, avant les grands songes du sommeil, nous respirons. À la lune qui s’élève, nous adressons un sourire. Nous respectons l’immobilité des premières étoiles, dans le ciel encore clair et teinté des rougeurs du couchant. Nous nous enveloppons lentement de nos lourdes couvertures, cessant tout mouvement, dénouant le cours de nos pensées. Nous nous baignons dans le silence comme en une mer. Allongés sur le dos, nous devenons cette vastitude même de la mer, dans le dénuement d’un abandon. Peu importent alors les murmures qui nous parviennent encore, les vrombissements lointains ne sont plus que de discrets rappels de ce monde qui nous entoure et continue de tourner comme il doit le faire. Nous consentons à ce que tout ne soit pas parfait, à ce que tout ne possède pas l’équilibre sphérique des grands astres, à ce que tout ne soit encore pleinement serein. Voici cependant que peu à peu, à mesure que le souffle ralentit, la paix s’installe.
Gabriel Grossi,
mercredi 23 mai 2018.