Découvrir la conjugaison au CE1

On entend souvent parler de problèmes ouverts en mathématiques, s’agissant d’exercices qui, parce qu’ils n’admettent pas une solution unique et ne sont pas proposés comme application directe d’un cours, favorisent la recherche par le tâtonnement. Rien n’interdit de faire la même chose en conjugaison, et c’est ce que j’ai voulu faire lors d’une séance de découverte du présent simple avec mes élèves de CE1.

Je ne prétends pas ici avoir proposé quelque chose d’extraordinaire, et j’en parle simplement pour montrer l’intérêt que j’accorde à ce genre d’exercices qui interviennent avant toute leçon. Je suis donc arrivé avec une série d’étiquettes à découper :

Enfants dans une classe (Pixabay)

Comme vous le savez peut-être, j’aime enseigner avec des étiquettes, aussi mes élèves n’ont-ils pas été surpris de devoir découper les étiquettes avant de chercher un moyen de les assembler par familles en les collant sur une feuille vierge. Cette consigne, volontairement très ouverte, a donné lieu à des réalisations multiples. A mesure que je passe dans les rangs pour observer les élèves, ceux-ci m’expliquent leurs procédures.

On peut demander aux élèves, du moins à certains d’entre eux, de donner un titre à leurs familles : cette activité supplémentaire nourrira les élèves très rapides à former des catégories. A l’inverse, on pourra retirer certaines étiquettes pour faciliter la tâche d’élèves moins rapides. On ne se formalisera pas si certaines étiquettes sont égarées par les élèves ou malencontreusement échangées : cela n’empêche pas de réussir l’exercice.

Faire des « familles »

  • Certains élèves racontent avoir trié en fonction du pronom personnel. De fait, sur la feuille, se trouvent des familles de « elle », de « tu », de « vous », etc.
  • D’autres expliquent avoir trié en fonction du radical. Les élèves disent : « C’est la famille de parler ; et ça, c’est la famille de chuchoter. »
  • D’autres encore ont trié en fonction de la terminaison : « C’est la famille qui se termine par un -z ».
  • Un élève a fait seulement deux catégories, intitulées « singulier » (je, tu, il, elle) et « pluriel » (nous, vous, ils, elles). Je ne m’attendais pas à ce classement mais il n’est pas moins pertinent.
  • Certains élèves ont spontanément rangé les verbes dans l’ordre traditionnel de la conjugaison (je, tu, il, nous, vous, ils), alors même que nous n’avions pas encore abordé la conjugaison proprement dite. C’est le signe de connaissances antérieures qui restent bien ancrées dans la mémoire des élèves.

Observer des régularités

Il importe que les élèves prennent le temps d’observer leur classement et de les comparer à ceux de leurs camarades. J’ai alors incité les élèves à mettre en évidence des régularités. Chaque fois que le pronom personnel est « nous », le verbe se termine par « ons ». Ce sont les élèves eux-mêmes qui formulent de telles remarques.

L’intérêt d’une telle activité

  • Une telle activité place les élèves dans un rôle actif. Ils adoptent une posture de recherche. Ils découvrent certaines choses par eux-mêmes. On peut espérer que cela favorise ensuite une meilleure mémorisation.
  • C’est aussi une activité motivante dans la mesure où il n’y a pas une solution unique. Il ne s’agit pas de réussir ou d’échouer, mais d’explorer. Les élèves abordent ainsi la conjugaison avec confiance. Tous les élèves ont les moyens de réussir, moyennant quelques adaptations : on peut ainsi lire l’étiquette pour l’élève, ou bien prendre en charge toute la partie manuelle (découpage, collage) en se faisant son secrétaire.

Prolongements

  • Cette activité à elle seule ne suffit pas à permettre aux élèves de savoir conjuguer des verbes du premier groupe au présent. Des exercices plus traditionnels ont alors tout à fait leur place, dans la mesure où leur répétition favorise la mémorisation des formes. Il est en outre absolument essentiel pour l’élève de devenir un lecteur régulier, afin de s’habituer à rencontrer ces formes verbales dont les terminaisons sont bien souvent, hélas, inaudibles à l’oral.
  • On peut décliner cette activité pour d’autres notions de l’année ou pour d’autres niveaux. Ainsi, pendant que mes CE1 faisaient cette activité, mes CM2 triaient des étiquettes en deux catégories : ils devaient comprendre que les verbes étaient soit à l’imparfait, soit au passé simple.

  • Vous trouverez d’autres activités mises en place dans ma classe dans l’article ‘Enseigner la conjugaison ». Vous pouvez aussi vous reporter à l’ensemble de la catégorie « Enseignement ». N’hésitez pas également à poser vos questions ou à laisser des remarques en commentaire !