Enseigner la grammaire avec des étiquettes

Ceux qui ont l’habitude de me lire savent que j’aime bien la grammaire. Une discipline tout aussi intéressante à étudier qu’à enseigner. Aujourd’hui, je vous montre comment j’ai enseigné la grammaire avec des étiquettes.

Précisons d’emblée que le dispositif que je vais vous présenter n’a rien de particulièrement original. Je ne suis pas le premier, tant s’en faut, à utiliser des étiquettes. Et cela ne représente qu’un stade d’une réflexion nécessairement destinée à s’amender selon les classes, les niveaux, les élèves…

Pourquoi des étiquettes ?

Cela a l’avantage d’être assez ludique et de motiver les enfants, tout en permettant de vraies manipulations. J’ai prévu de grandes étiquettes, afin de pouvoir jouer collectivement au tableau, ainsi que de petites étiquettes destinées à une manipulation individuelle avant collage dans le cahier.

En CE1/CE2, j’avais commencé l’étude de la grammaire par l’examen de phrases entières, qu’il s’agissait de classer en interrogatives, exclamatives, déclaratives. Puis, nous nous sommes rendus compte que chacune pouvait être à la fois affirmative et négative. Les phrases négatives nous ont permis d’isoler le verbe, situé entre les deux morphèmes de négation. C’est seulement une fois définie la notion de verbe que les élèves ont appris leurs conjugaisons.

Trier des phrases

Classer des phrases selon trois catégories temporelles (photo personnelle)

Dans l’exemple ci-contre, des phrases sont écrites sur de grandes étiquettes, bien visibles même depuis le fond de la classe. Elles sont aimantées sur les panneaux latéraux du tableau. Les élèves, à tour de rôle, venaient les placer dans l’une des trois catégories « passé », « présent », « futur », en justifiant leur choix. Au début, l’exercice était facilité des mots tels que « hier » ou « demain », ensuite supprimés afin que les élèves se concentrent sur les terminaisons verbales.

Un tel exercice est évolutif : on peut, par exemple, demander aux élèves d’entourer le verbe dans chaque catégorie, et d’observer certaines régularités. L’exercice n’est pas destiné à durer très longtemps. Il peut intervenir à plusieurs stades de la séquence de grammaire : en séance de découverte, pour observer la langue en opérant des classements intuitifs, ainsi qu’en réinvestissement, pour s’assurer de la bonne compréhension des notions.

Classement de phrases en fonction de la désinence (photo personnelle)

Autre exemple : ici, il s’agissait de classer les verbes, sans indication spécifique. Une fois le classement effectué, les terminaisons ont été entourées. Ensuite, les élèves devaient ajouter d’autres verbes dans la même colonne, donc avec la même terminaison. Ils comprennent ainsi le fonctionnement des désinences verbales.

Découvrir le futur (photo personnelle)

Pour introduire la conjugaison du futur, j’ai repris le même exercice de classement entre passé/présent/futur. Puis, nous n’avons conservé que les phrases au futur, et l’infinitif a été placé en regard des verbes concernés. Les élèves se sont alors rendus compte par eux-mêmes qu’une façon simple de conjuguer au futur consiste à ajouter les désinences verbales à l’infinitif.

Trier des mots

Tri d’étiquettes en deux catégories (photo personnelle)

Un exercice de découverte de la notion d’adjectif invitait les élèves à classer des phrases en deux catégories « oui » et « non ». Le critère était à trouver. Les enfants tâtonnent, se rendent compte que certains critères ne fonctionnent pas (pour passé, présent et futur, il faudrait trois catégories…). Ils finissent par se rendre compte que certaines phrases seulement possèdent des adjectifs qualificatifs.

Tri de mots selon les sons [g] et [j]

Le tri d’étiquettes fonctionne aussi en orthographe. Par exemple, on peut demander à des élèves de trier des mots contenant les sons [g] et [ʒ]. L’observation du résultat permet alors de faire émerger la règle.

Intérêt de ces exercices

Pour moi, un intérêt essentiel du tri d’étiquettes est qu’il permet aux élèves de manipuler concrètement phrases et mots. Les enfants ne sont pas bloqués par la nécessité de formuler une réponse définitive : les étiquettes sont repositionnables à l’envi, et elles ne sont collées qu’une fois que l’élève est satisfait de son travail. Ces activités sont assez ludiques et suscitent généralement la motivation des élèves. Elles correspondent à de véritables problèmes grammaticaux, et non à la simple répétition de règles apprises sans nécessairement être bien comprises.

Cependant, le tri d’étiquettes ne fait pas tout. Une fois la règle comprise, encore faut-il qu’elle soit automatisée. Cela ne peut guère passer que par la répétition, à de nombreuses reprises, d’exercices d’application. C’est ici que des exercices plus traditionnels ont tout à fait leur place à l’école.

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21 commentaires sur « Enseigner la grammaire avec des étiquettes »

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