De quel groupe est le verbe « aller » ?

Décidément, le verbe « aller » est à l’origine de bien des difficultés. Nous le présentions, dans un précédent article, comme l’un des verbes les plus irréguliers, en raison du fait qu’il amalgame plusieurs verbes dans sa conjugaison. Or, je viens de voir sur les réseaux sociaux que certains s’interrogent sur le groupe auquel appartient le verbe aller : est-il un verbe irrégulier du premier groupe, ou un verbe du troisième groupe ?

La classification traditionnelle

La tradition distingue trois groupes de verbes :

• Premier groupe : Les verbes en -ER
• Deuxième groupe : Les verbes en -IR qui font -iss- à certaines personnes (nous finISSons)
• Troisième groupe : Tous les autres verbes (en -IR, en -OIR, en -RE).

D’après la Grammaire méthodique du français (Paris, Puf, rééd. 2009, p. 468), le verbe ALLER fait partie de ce troisième groupe. Ce choix s’explique vraisemblablement par la grande irrégularité de ce verbe.

Ce troisième groupe est considéré comme un « fourre-tout » rassemblant tous les verbes qui ne peuvent être classés dans les premier ou deuxième groupe. Il rassemble un grand nombre de verbes à la fois très fréquents et irréguliers.

Quant aux verbes être et avoir, toujours selon la GMF, ils sont traditionnellement considérés comme des verbes « à part », situés en dehors du système des trois groupes. Mais, une page plus loin, ils sont cités parmi les verbes irréguliers du troisième groupe les plus fréquents.

Une classification alternative

Consciente des imperfections de cette classification traditionnelle, la Grammaire méthodique du français classe les verbes en quatre groupes correspondant aux quatre désinences d’infinitif possibles : -er, -ir, -oir, et -re. Des subdivisions sont ensuite proposées sur le critère du nombre de bases orales et écrites du verbe.

Une classification en 7 groupes !

Il existe même une classification en sept groupes, sur le critères du nombre de bases orales (une base est une forme que peut prendre le radical du verbe), que l’on doit à un certain J. Dubois. Les groupes sont présentés par nombre de bases décroissant, depuis le verbe être qui a 7 bases distinctes (soit 7 formes possibles pour le radical) et les verbes avoir et aller (à six bases), jusqu’aux verbes à une base unique (comme chanter, assaillir, conclure…).

Saurez-vous établir la liste des sept bases du verbe être ? Je vous laisse chercher et je vous donnerai la réponse dans quelques jours…

Conclusion

Pour ma part, il me semble qu’il n’y a pas de grande différence entre la classification en trois et en quatre groupes.

• Si vous considérez trois groupes, vous aurez de toute manière besoin d’établir des divisions internes dans le troisième groupe. Il est ainsi nécessaire d’apprendre, par exemple, que l’on écrit il résout mais il coud.
• Si vous considérez quatre groupes, le problème n’est pas pour autant résolu, puisque des verbes avec la même désinence d’infinitif (résoudre et coudre) ont cependant des conjugaisons différentes.
• On pourrait alors multiplier les groupes, mais cela n’aurait plus aucun intérêt, puisque les groupes servent précisément à rassembler de grandes tendances afin de faciliter les apprentissages.

Il me semble donc que, faute d’une classification idéale, le recours à la classification traditionnelle a l’avantage de présenter aux générations successives d’élèves une version stable de la conjugaison française.

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Pour en savoir plus

• Martin Riegel, Jean-Christophe Pellat, René Rioul, Grammaire méthodique du français, Paris, Puf, coll. « Quadrige », 1994, rééd. 2009.
• Sur ce blog : Aller : le plus irrégulier des verbes.