Il n’entendit d’abord que le chant des oiseaux, cachés derrière les frondaisons. Il crut reconnaître les trilles élégants du merle, qui se mêlaient, sans recherche d’harmonie, à d’autres pépiements. Il perçut aussi quelques craquements caractéristiques. L’écureuil, là encore, se dérobait à la vue : tout au plus put-il discerner quelques mouvements de branches qui lui semblèrent causés par autre chose que le vent. Il entendit encore le travail de forage du pic-vert, sans parvenir à identifier son origine. Peu importait. Il savourait le plaisir d’être-là, confortablement assis sous la tonnelle, sans avoir rien d’autre à faire, en cette heure matinale, que d’écouter la forêt qui s’étendait face à lui. Il laissait la fraîche brise lui apporter des nouvelles de toute cette vie qui se trouvait là, heureux de ce temps que le matin lui accordait, profitant de ce répit qui ne durerait pas. Pour un instant encore, il pouvait s’imaginer perdu au milieu d’une nature vierge, une nature de commencement du monde, où rien n’importait que le chant des oiseaux. Bientôt se mettraient en marche les tondeuses, les débroussailleuses, les engins de chantier, les camions de pompiers. La forêt redeviendrait ce qu’elle est : une minuscule parcelle perdue au milieu de la ville. Lui aussi, alors, devrait se mettre à travailler.
Gabriel Grossi, texte personnel, juin 2021.

Image d’en-tête trouvée sur la banque d’images gratuites de WordPress (Pexels).
On ressent de la douceur, de la légèreté à la lecture de ce beau poème. Et on s’imagine aussi à l’écoute de ces chants d’oiseaux printanier. Merci beaucoup
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Excellent texte. C’est tout à fait ça, nous pouvons tous ressentir et être touchés par ce matin-là
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« Trille » est du masculin.
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Merci Schtroumpf grognon, c’est corrigé !
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