Les nouvelles niçoises de Patrick Mottard

Julien Gracq affirmait dans Lettrines :

« Quand il n’est pas songe, et, comme tel, parfaitement établi dans sa vérité, le roman est mensonge, quoi qu’on fasse, ne serait-ce que par omission et d’autant plus mensonge qu’il cherche à se donner pour image authentique de ce qui est. »

Et c’est cette célèbre citation qui m’est venue à l’esprit lorsque Filomena Iooss, présidente de l’association Brasil Azur, a présenté, hier, à l’occasion du dernier « Chocolat littéraire » proposé par l’association, le dernier livre de Patrick Mottard, intitulé Baie des songes, en présence de l’auteur, également professeur de droit à l’Université de Nice, homme politique et blogueur, qui était présent pour parler de son livre et répondre aux questions des convives.

Le Christ du Corcovado (Artyominc, Wikimedia Commons, libre de réutilisation)
Le Christ du Corcovado (Artyominc, Wikimedia Commons, libre de réutilisation)

Baie des songes est un recueil de nouvelles. Leur point commun est l’ambiance niçoise dans laquelle évoluent les personnages : ici la Promenade des Anglais, là le Mont Chauve, apparaissent au fil des pages. Et en effet, ces nouvelles sont autant de « songes ». Y affleure, au-delà du réalisme, une certaine forme de fantastique qui a permis à Filomena Iooss de comparer l’ouvrage au mouvement latino-américain du « réalisme magique ». Il y a également une rafraîchissante fantaisie dans ce recueil où, non sans humour, l’auteur imagine, par exemple, un amusant programme d’échange de monuments en vue d’attirer les touristes. C’est ainsi que le fameux Christ Rédempteur du Corcovado, à Rio de Janeiro, aurait été transféré au sommet de la colline de Rauba Capeù, au-dessus du Monument aux Morts…

(Image d’en-tête : la Promenade des Anglais, Wikimedia Commons, libre de réutilisation)

7 commentaires sur « Les nouvelles niçoises de Patrick Mottard »

  1. Intéressant, j’ignorais que Patrick Mottard écrivait ! Il est vrai que Nice est à mon avis une ville qui se prête bien à l’écriture, de par la diversité des décors qu’elle abrite -j’utilise moi-même une version imaginaire de Nice comme cadre d’un roman que j’écris actuellement.

    Mais alors j’ai une question : quelle est la différence entre ce « réalisme magique » et le simple fantastique, puisque, à ma connaissance, celui-ci prend généralement place dans un décor réel ?

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  2. Salut Mordraal !
    Oui, Patrick Mottard écrit, des nouvelles donc, mais aussi, à ce que j’ai compris, des pièces de théâtre.
    Quant au « réalisme magique », c’est un mouvement assez propre à l’Amérique latine, j’avoue ne pas trop m’y connaître. Ce qui est sûr, c’est que la définition du fantastique par Tzvetan Todorov suppose une hésitation permanente entre réalisme et merveilleux (on oscille toujours entre les deux interprétations), tandis que dans le merveilleux, on fait le choix de basculer du côté du merveilleux ( Alice aux pays des merveilles , par exemple, c’est du merveilleux).

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    1. Merci. Quand vous dites que ça oscille, est-ce que vous entendez par-là que l’histoire doit avoir deux interprétations possibles même passée sa fin, comme dans « Le Horla » et quelques autres ? Si c’est le cas, les premières œuvres vampiriques telle que « Carmilla » relèvent-elles bien du fantastique, puisque la conclusion au moins donne raison à une interprétation « surnaturelle » des évènements ?

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      1. Oui, c’est ce que j’entends, même si c’est d’après des souvenirs un peu lointains. Pour « Carmilla », je ne l’ai pas lu, mais si on bascule clairement du côté du surnaturel, mais juste à la fin, alors en effet on peut dire que ça tend vers le merveilleux, dépassant le cadre du fantastique strict.

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