C’est coincé. Ça ne peut pas sortir. Ça veut sortir. Ça bloque. Ça coince. C’est empêché: c’est là, et ça peut pas. C’est là, dans ton corps, comme un truc comme ça qui s’explique pas. C’est enfermé à l’intérieur de ton corps, quelque part sous la plèvre, quelque part sous ton épiderme, là où ça grouille, pas loin du cœur qui bat, qui veut, qui attend, qui jouit, qui espère. Quelque part sous les vastes replis de tes visières. Ça vit, ça pue, ça fourmille, ça grésille, là, quelque part, en dedans, à un endroit que tu sais pas, mais que tu sens. C’est là, comme un origami de papier qui n’attend que de se déplier. C’est là, quelque part, sans adresse fixe, et ça se répand, ça prolifère, ça se multiplie, ça se nourrit de tes doutes, de tes peurs, de ta merde. Ça circule comme un fluide en intraveineuse qui brille sur tes scintigraphies. Ça agite tes nuits, ça perturbe ton sommeil. Ça ne se laisse pas disséquer. Ça se diffuse comme une senteur immonde. Ça te commande, ça te gouverne comme une folle muse. C’est là, à l’intérieur de toi, et à un moment donné, il faudra bien que cela sorte, que cela s’exprime, que cela s’exsude, que cela jaillisse, par tous les pores, par tous les trous, par tous les orifices. C’est maintenant, c’est ici, ça explose, ça crie, ça jaillit, ça sort, ça coule, ça ruisselle, ça s’excrète ! Il n’y a plus de limite, il n’y a plus que ce flux, ça coule, ça s’écrit, et le papier est devenu LE PLUS GRAND COÏT DE L’UNIVERS ! C’est à-dire : un poème.
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