Archives du mot-clé enfance


« Ce sont d’abord de petits coups frappés silencieusement
dans la nuit contre le sac de peau : un minuscule bonhomme invisible qui remue dans le ventre de sa mère, la chair déjà toute
pleine de songes…

Un jour, on entend au loin le bruit de galop du cœur : quelqu’un, très vite, qui se rapproche à la vitesse du sang dans les veines, depuis longtemps déjà en chemin par des couloirs obscurs…

Puis cette image floue, sur l’écran, d’une ombre grise qui palpite, serre un poing, remue la jambe, et parfois ouvre la bouche : essaierait-elle déjà de dire quelque chose ? »

Jean-Michel Maulpoix, « Proses pour Adrien », Journal d’un enfant sage,
Paris, Mercure de France, 2010, p. 111.


« J’ai un camion jaune avec des ailes bleues, un volant rouge et une hélice orange. Papa dit que c’est un avion, mais je ne le crois pas. J’ai beau appuyer sur tous les boutons, il ne décolle pas. Il joue de la musique, comme mon lapin en peluche et ma vache. Moto rouge, train bleu, arbre très vert : j’habite un monde sonore et qui marche sur piles, fait de couleurs vives et d’objets simples. »

Jean-Michel Maulpoix, Journal d’un enfant sage,
Paris, Mercure de France, p. 21.

« Maélo » de Gérard Noiret

Je voudrais vous parler aujourd’hui d’un tout petit livre que j’ai récemment découvert en parcourant une boîte à livres : le nom de l’auteur m’a arrêté, car je l’avais rencontré à Cerisy à l’occasion du colloque sur Marie-Claire Bancquart. Ce petit ouvrage, sobrement intitulé Maélo, possédait un défaut de fabrication, certaines pages étant imprimées plusieurs fois alors que d’autres manquent. Je l’ai néanmoins lu avec plaisir.

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Souvenirs de lecture

Je vais essayer aujourd’hui de répondre à cette question : d’où me vient ma passion pour la littérature ? Ce sera l’occasion d’une grande remontée dans le temps, de la première enfance jusqu’à nos jours, à travers mes souvenirs de lecture… Ce sera aussi l’occasion de parler de livres qui ne sont pas forcément consacrés comme de la grande littérature, mais qui ont contribué à forger mon plaisir de lire.

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« L’amie prodigieuse » d’Elena Ferrante

C’est un roman très agréable à lire que L’amie prodigieuse, premier tome d’une saga qui, à terme, en comptera quatre, paru en 2014 aux éditions Gallimard dans une traduction de l’italien par Elsa Damien. Nous voici transportés dans l’Italie des années cinquante, dans un faubourg populaire de Naples, tel qu’il est perçu par une petite fille et sa meilleure amie.

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Le poème d’à côté : Victor Hugo (2)

On ne présente plus Victor Hugo, romancier, dramaturge et poète prolifique, génie du romantisme, dont la figure tutélaire surplombe tout le dix-neuvième siècle. Je proposais, dans mon précédent billet, la première strophe de « Lorsque l’enfant paraît… » comme citation du jour. Aujourd’hui, nous allons tourner la page du recueil Les Feuilles d’automne, et ainsi découvrir le poème d’à côté.

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« Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris. Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l’enfant paraître,
Innocent et joyeux.« 

Victor HUGO, Les Feuilles d’automne,
d’après Œuvres complètes, Ollendorf, 1909, via Wikisource.

La poésie aux enfants

Comment parler de poésie aux enfants ? Comment faire en sorte qu’elle soit pour eux une réalité vivante, qu’ils soient susceptibles d’aimer ? Voilà des questions qui m’intéressent au plus haut point. Or, voici que le poète Jean-Michel Maulpoix vient de faire paraître, sur son site Internet, son avis sur la question. Allons-y voir…

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Sur l’orient comme tout ce qui naît…

(Texte personnel)

Sur l’orient comme tout ce qui naît, une attention fragile enfante d’un indistinct élément. On ne sait, au juste, ce dont il s’agit. On n’en parle pas à la télévision, ni même dans les journaux les plus sérieux. On le sent parfois. On ne saurait le nommer avec certitude. On imagine quelque chose de léger, du vent peut-être, ou comme une lumière ténue, ou tenue, mais non vacillante : sûre d’elle, elle avance. On ne sait guère où elle va, — peut-être se rapproche-t-elle. Quelque chose la dissimule et la diffracte, comme le verre pilé qui vitre la porte d’une chambre connue. C’est sans doute important, quoiqu’en vérité je n’en sache rien. C’est là, ça brille, ça luit, cela est ; c’est déjà, même si cela reste non dit et non avenu, le prototype d’une promesse.

Texte personnel paru dans Nu(e), « Jokari », « enfances », n°52, octobre 2012, p. 34.

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Un poète contemporain : Salah Stétié

Salah Stétié est un poète contemporain  né en 1929. Il appartient donc à la même génération que Philippe Jaccottet, Yves Bonnefoy ou encore André du Bouchet. Sa naissance à Beyrouth, sa carrière de diplomate, sa connaissance des cultures européennes et arabes font de lui un « passeur des deux rives », pour reprendre l’expression employée par Béatrice Bonhomme dans l’une de ses conférences.

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Que dire encore ? J’aime le bleu. C’est la couleur des gendarmes, des yeux de maman et des rideaux de ma chambre. Ceux de mon âge, en général, préfèrent le rouge. Mais c’est ainsi, j’ai le goût du grand large et de la maréchaussée.

Jean-Michel Maulpoix, Journal d’un enfant sage,
Paris, Mercure de France, 2010, p. 21.