Une soirée sur le fil de la poésie, à La Gaude

Depuis de nombreuses années, Gilles Faraut, directeur du Centre Culturel Écomusée de La Gaude, accueille avec plaisir le Festival Poët Poët, pour une soirée insolite où la poésie se marie avec les arts du cirque, de la danse, de la musique, pour un voyage poétique chaque année différent. Cette édition 2023 nous a fait suivre le fil de la poésie, ce fil de laine rouge qui trace un trait d’union entre les différents espaces et les différents acteurs de cette soirée magique.

Suivez Dame Poésie

Elle s’appelle Aemona, mais ce soir elle joue le rôle de Dame Poésie. Très grande sur ses hauts talons, la Drag Queen porte une longue robe blanche, confectionnée avec talent par Morgane Attento. De nombreux petits papiers blancs recouvrent la robe, destinés à recevoir les « mots ressentis » du public. Elle est un repère lors de cette soirée, le seul personnage présent du début à la fin, puisqu’elle est Dame Poésie en personne.

Un crépuscule sous la Coupole

La soirée a commencé au plus haut, sur les toits de la Coupole, où, devant un ciel de plus en plus sombre, la danseuse Marie-Pierre Genovese exécute les premiers pas de sa danse silencieuse, visible de l’intérieur à travers les vitres de la Coupole.

Dans l’espace sommital du Centre Culturel La Coupole, on peut admirer une exposition de photos en noir et blanc, accompagnées de textes en français et en italien qui rapportent le tragique de la question migratoire à la frontière franco-italienne. Ces photographies de Laure Nillus montrent les routes, les ponts, les espaces de cette frontière par où ont transité les migrants.

Après les mots du maire de La Gaude, de Gilles Faraut, de Sabine Venaruzzo et de Laure Nillus, on peut entendre la diffusion d’un poème sonore de Laure Nillus. La danseuse Marie-Pierre Genovese s’empare de l’espace, pour une performance dansée au plus près des spectateurs, parfois même au milieu d’eux, dans l’abolition totale de la frontière entre artistes et public.

Acrobaties dans l’arène

L’espace central de la coupole est alors investi par deux circassiennes, Romane Bos et Manouk Guibert, qui forment le duo des Canardes Boiteuses. Vêtues de jaune et de vert, elles s’emparent des rembardes de la coupole pour des acrobaties vertigineuses. Elles sont reliées entre elles par une corde qui représente symboliquement ce fil rouge omniprésent tout au long du festival. Au fur et à mesure de leur progression, nous sommes entraînés vers le centre de l’arène, où débute la performance suivante.

La chanteuse lyrique Danielle Bonito Sales occupe à présent l’espace. Elle joue tour à tour de la flûte et de sa voix, qu’elle mixe en direct grâce à sa pédale. Puis, elle s’approche d’un aquarium au-dessus duquel est suspendu un micro. Et là, de façon surprenante, la chanteuse livre une performance aquatique, plaçant sa bouche tantôt à la surface, tantôt sous l’eau, pour former des sons inédits.

Poésie sans les étoiles

Dès que cesse la musique, nous sommes entraînés à l’extérieur par Dame Poésie. Dans le jardin, on suit le fil rouge qui s’enroule en spirale jusqu’à un duo d’artistes qui proposent des poèmes en musique sous les étoiles. La voix de Caroline Fay se mêle avec les notes de Jérôme Kocaoglu au synthétiseur. J’invite les enfants à s’asseoir au premier rang, mais bien vite, une partie d’entre eux part courir dans l’herbe pentue, fournissant un décor improvisé à cette performance insolite.

La Cordée

Nous retrouvons ensuite nos Canardes Boiteuses, qui ont investi l’escalier extérieur pour une performance acrobatique où la corde occupe une place centrale. Cette performance s’enchaîne avec l’intervention, au pied de l’escalier, du choeur des poètes formé par les élèves de CM2 d’une des écoles de La Gaude. Ces chants de Tikien Jah Fakoli invitent à dépasser les frontières vers une fraternité universelle.

Mon ami Tristan et moi-même récupérons alors les cordes des carcassiennes pour former des cordées de spectateurs. Notre impro joue le fait que l’on va entrer dans une grotte poétique obscure. Il ne faut surtout pas lâcher la corde. Les spectateurs se prennent au jeu avec le sourire. Le but est en même temps de permettre au public d’atteindre la salle de cinéma et de s’y installer alors que celle-ci est volontairement laissée dans l’obscurité complète.

Performance des Canardes Boiteuses à l’entrée de la salle de cinéma

Poèmes sonores dans la grotte poétique

Dans le noir complet, des bruitages se font entendre. Il s’agit du travail des élèves des écoles de La Gaude, qui ont « traduit » en sons plusieurs poèmes de James Noël. Le poète, parrain de l’édition 2023 des Journées Poët Poët, assis dans le public à côté de moi, découvre ces poèmes sonores en même temps que nous, et se montre admiratif de l’imagination et du travail des enfants, accompagnés par Laure Nillus.

Entre chaque poème, Marie-Pierre Genovese investit la scène, faiblement éclairée, pour une performance dansée silencieuse. L’ouie et la vue sont ainsi sollicitées successivement et non simultanément comme c’est ordinairement le cas. Cela oblige à une attention plus active du spectateur.

James Noël, clou du spectacle

Pour finir en beauté cette soirée poétique, le champ est laissé libre à James Noël, notre parrain 2023. Nous entendons avec plaisir des extraits de la Migration des Murs, notamment. Le poète haïtien est accompagné par le musicien Bruno Desbiolles. On se laisse emporter par les mots envoûtants de la poésie.

Joie, joie, joie !

Enfin, Dame Poésie entre sur scène, accompagnée par tous les artistes de la soirée, pour le salut final. Celle-ci porte sur elle, épinglés à sa robe, les mots ressentis du public. Chaque artiste, à tour de rôle, s’empare du micro pour livrer un « mot ressenti ». Cela aurait pu se terminer ainsi, quand les trois chanteuses Sabine Venaruzzo, Danielle Bonito Sales et Caroline Fay entonnent un fabuleux chant de joie à trois voix, totalement improvisé. Un moment de grâce, que j’ai filmé avec mon téléphone, et que j’ai voulu vous proposer de regarder, sans montage ni coupure. Cela vous donnera une idée de l’esprit des Journées Poët Poët.

Les artistes réunis pour clôturer le spectacle poétique

Image d’en-tête: photo d’une oeuvre éphémère réalisée par un artiste sur les vitres du Centre Culturel La Coupole, à La Gaude, lors de la soirée poétique « Sur le fil » au programme des « Journées Poët Poët ».

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