Poèmes croisés de Marina Skalova et Benoît Berrou

Il est important, pour moi, de vous les raconter, ces moments un peu magiques où l’on parle poésie, où l’on respire poésie, où l’on vit poésie. Ces moments où le quotidien est comme suspendu et où l’on vit hors du temps. Ces moments de partage au sein d’une équipe dont je suis fier de faire partie, parce que j’adhère totalement à son esprit de simplicité, de fraternité et d’amitié. Voici, donc, la suite du compte-rendu du Festival Poët Poët, qui fêtait, en cette année 2023, sa 17e édition.

C’était lundi soir, au « 109 », également appelé « l’Entrepont ». Un endroit très vivant, où fourmillent les projets de création contemporaine, dans l’étrange décor des anciens abattoirs de Nice : une décoration urbaine, avec des murs ornés de fresques en graffiti.

Un espace scénique est ménagé à l’intérieur. Marina Skalova, « poète d’ailleurs », partage la scène avec Benoît Berrou, « poète d’ici » et musicien. Ce dernier tire des sons envoûtants de son instrument à cordes, qu’il gratte avec les doigts et avec son archet. Grâce à sa pédale looper, il s’accompagne lui-même comme s’il s’agissait de plusieurs musiciens.

Et puis, les poèmes se succèdent, tour à tour énoncés par chacun des deux poètes. Je reconnais certains textes de Marina Skalova entendus à Saorge : exploration des flux, l’utérus vaisseau spatial… Et de nombreux autres que je découvre, mariés à l’univers plus chantant de Benoît Berrou. La sauce a pris, comme on dit. Un véritable dialogue s’instaure progressivement entre les deux poètes.

Photographies: 1. Marina Skalova (à droite) et Benoît Berrou (à gauche). — 2. Les deux artistes de la soirée avec Sabine Venaruzzo (au centre). — 3. Sabine Venaruzzo et Morgane Attento lisent les « mots ressentis » de la veille. — 4. Le hall d’entrée du 109, L’Entrepont, Pôle de créations contemporaines.

Il est plaisant de voir deux artistes qui ne se connaissaient pas, qui se sont rencontrés le jour même, parvenir à une si belle harmonie en si peu de temps. Le résultat est tel sans préparation, que l’on n’ose imaginer ce que ça donnerait avec. Cette salle de l’Entrepont, qui place le spectateur au plus près des artistes, a favorisé le passage de l’émotion.

On n’assiste pas seulement à un spectacle mais à un véritable dialogue en poésie. Faisant le lien avec les différents temps du festival, la lecture des « mots ressentis » s’intègre parfaitement à l’ensemble, partagée par Sabine et Morgane en début de spectacle. À l’issue de la représentation, un repas partagé est l’occasion d’échanges informels où la poésie n’est jamais loin. À deux pas de la scène, la salle se transforme en banquet. Artistes, organisateurs, public ne font plus qu’un. Quiconque le désirait pouvait parler avec Marina Skalova et Benoît Berrou, en toute simplicité, autour d’un verre ou d’un plat, et je trouve que cette possibilité fait pleinement partie de ce qui fait le charme du festival.

Je suis encore une fois rentré la tête pleine de mots et d’images, avec l’envie, ou plutôt le besoin, d’à mon tour coucher des mots sur le papier. Et ça, c’est le signe que la soirée a été réussie.

À suivre

Le lendemain, mardi 21 mars, vous avez pu retrouver Marina Skalova à la librairie Masséna, pour une rencontre suivie d’une signature-dédicace. Compte-rendu à venir dans un prochain article.

Depuis la création de ce blog en 2015, je rends compte du Festival Poët Poët, dont je suis heureux d’avoir rejoint le bureau d’organisation en 2020. Le Festival est organisé depuis 17 ans, à l’initiative de Sabine Venaruzzo, par la compagnie « Une petite voix m’a dit » et le PoëtBuro. Cette édition 2023, sur le fil des frontières, accueille notamment les poètes Jean-Pierre Siméon, Marina Skalova, Salpy Baghdassarian, et notre parrain James Noël, ainsi que de nombreux « poètes d’ici » . Vous retrouverez sur ce blog des comptes-rendus détaillés de chaque événement public du festival.

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