Il ne vous aura pas échappé que, cette année, le Printemps des Poètes mettra le thème des frontières en exergue. Un thème bien évidemment dicté par une actualité brûlante, qui impose à la poésie de se positionner par rapport à des sujets graves : la guerre russo-ukrainienne, les conflits migratoires, les droits humains…
J’ai voulu, moi aussi, écrire un poème sur le thème des frontières. Et, pour une fois, un poème « oral », c’est-à-dire un poème que j’estime davantage fait pour être entendu que pour être lu. Il joue d’un refrain bref, volontairement répété de nombreuses fois, non sans variantes, entremêlé de couplets plus longs, où, à coups de phrases simples, éclate l’absurdité des frontières.
J’ai voulu m’accompagner d’un fond sonore. N’étant pas musicien, j’ai utilisé pour cela les rythmes offerts par mon piano électrique, par-dessus lesquels j’ai joué quelques accords mineurs, extrêmement simples. Il me fallait une musique suffisamment discrète pour ne pas recouvrir le poème. Le tout s’inspire du rap, et en particulier d’un morceau dont j’ai aimé le rythme.
J’ai bien conscience que le tout pourrait avoir un rendu beaucoup plus « léché » avec du temps et des moyens. Il importait pour moi que le poème paraisse avant le Printemps des Poètes 2023. Plus tard, un jour, je retravaillerai tout cela, pour un meilleur rendu.
Comme il m’est impossible d’insérer des pistes audio dans ce blog, mais qu’il est en revanche extrêmement facile d’insérer des vidéos, je vous présente ce poème sous la forme d’une vidéo. Le visuel n’est là que pour éviter d’en rester à un écran noir, étant entendu que « Frontière » est pour moi un poème audio et non un poème vidéo.
Sans plus attendre, voici donc ce poème audio, dont vous retrouverez le texte en-dessous :
Au moment de l’enregistrement, il m’est venu une conclusion où le refrain devient chanté et non plus parlé. Ce n’était pas prévu, c’est totalement improvisé, mais je n’ai pas coupé, car j’ai trouvé cela intéressant, comme une envolée optimiste dans un poème par ailleurs dur et froid.
Voici le texte du poème :
Une frontière C'est clair Précis C'est une ligne qui n'existe pas Pourtant vaut mieux être d'un côté que de l'autre Trait jaune ou rouge sur une carte de géographie Parfois ça bouge Parfois c'est en conflit Une frontière C'est clair Précis C'est un pointillé qui déclenche des guerres Selon ton compte en banque Tu traverses ou tu restes C'est un trait qui dérange Une drôle de géométrie Une frontière C'est clair Précis Laredo et Nuevo Laredo Deux villes qui se touchent Mais l'une aux États-Unis d'Amérique Et l'autre au Mexique Choisis bien ton côté C'est clair Précis Frontière Pendant près de 50 ans Un mur a coupé Berlin en deux Comme ça, sans prévenir Et certains avaient fini Par croire ça normal Une frontière C'est clair Précis Ligne droite tracée à la règle Partageant le gâteau africain Entre États européens Coupant les dunes en deux Au grand mépris de l’humain Une frontière C’est clair Précis Dizaines d’hectares de tôles Couvrant le plus grand marché d’Afrique de l’Ouest À Cotonou se vend Tout ce dont on ne voulait plus Du “bon” côté de la frontière C’est clair Précis Frontière C’est un mur pour te faire croire Que ceux de l’autre côté ne sont pas nos frères Sur le Rio Grande ou sur le Jourdain Un mur tout bête Pour séparer les hommes Une frontière C’est clair Précis Frontières Œillères pour pas voir C’qu’y a de l’aut’ côté C’est clair Précis Va pas croire pourtant Qu’il suffirait d’les effacer Le but n’est pas d’faire croire En un unique mondial territoire Non c’qu’il faut c’est juste Que chacun ait les mêmes droits À leur endroit C’est clair Précis Frontière Une frontière C’est clair Précis Précis Une frontière C’est clair C’est clair Précis Comme une poésie Gabriel GROSSI - Février 2023
J’espère que vous apprécierez ce poème, assez différent de ce que j’écris d’habitude. N’hésitez pas à lui donner un petit coup de pouce en likant, en partageant et en commentant !

Et n’oubliez pas que, si vous désirez lire mes poèmes plus lyriques, vous pouvez commander le recueil « Concordance ».
Voilà qui est très joliment dit pour illustrer, avec du rythme, le caractère arbitraire ( égale injuste) et contingent ( qui aurait pu ne pas être) de la frontière
On aurait pu aussi parler de nous:
« En Alsace la frontière
Est un fleuve de sang
Qui la traverse à pied sec
À traversé l’Histoire…. »
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Merci beaucoup !
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Je reposte ici un commentaire laissé sur Facebook qui m’a vraiment fait plaisir :
Murielle Roquebrun« J’adore, très surprenant ! Il n’y a pas de limite au talent ! »
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