Né en 1951, Christian Bobin est décédé en novembre dernier à l’âge de 71 ans. Il laisse une œuvre conséquente, riche d’une soixantaine de romans et essais, et d’une dizaine de recueils poétiques, parus entre 1986 et 2022.

(Wikipédia)
Je n’ai pas encore eu l’occasion de lire de près Bobin. Si je vous parle de lui, c’est que le prochain « Jeudi des mots », organisé à Nice par la poète Marilyne Bertoncini, lui sera consacré. Quelques mots, donc, pour vous présenter rapidement ce poète, histoire de situer l’œuvre qui sera présentée vendredi prochain, au café « Chez Pauline ».
Christian Bobin m’a été présenté à la fac comme un poète de la simplicité, de la limpidité, de la transparence. Béatrice Bonhomme, dans son cours de Master II sur la poésie contemporaine, a précisé que ses poèmes ne comportent pas de mots difficiles, et sont d’une douceur désarmante, si bien que certains ont pu parfois lui reprocher une forme de mièvrerie. Dans ses poèmes, il chante le bonheur d’un beau jour, d’un soir qui finit, avec une façon de cueillir l’instant qui évoque la sagesse épicurienne. « La douceur d’aujourd’hui a écrit quelques pages, il ne reste plus qu’à les recopier. »
Toujours d’après mes notes de cours, Christian Bobin affectionne les phrases simples, au présent de l’indicatif, qui résonnent un peu comme des aphorismes. Avec des textes qui chantent l’amour, la tendresse, la joie simple, l’écriture, Christian Bobin prend le contre-pied des décennies précédentes, marquées par un textualisme parfois trop alambiqué, et s’inscrit résolument parmi les poètes néo-lyriques des années quatre-vingts. Si le poète possède, au départ, une formation philosophique, il s’en détourne au profit d’une écriture de la simplicité.
« Une intelligence sans bonté est comme un costume de soie porté par un cadavre. »
(Ressusciter, 2001, p. 21)
Cette simplicité a permis au poète de rencontrer un public plus large, avec des ventes qui, toujours selon Béatrice Bonhomme, se sont parfois approchées des tirages d’un roman. Dans Une petite robe simple, il raconte des histoires simples dans des textes de prose poétique. Béatrice Bonhomme va jusqu’à parler d’un « phénomène Bobin ». Son anti-intellectualisme le pousse à écrire sur la douceur du monde.
« Vous faites une promenade dans la neige. C’est la première neige de l’année. C’est comme chaque fois la première neige de votre vie. Elle est légère comme l’esprit. Elle est claire comme l’enfance. Elle est blanche, toute blanche comme l’esprit de l’enfance. Elle recouvre la pensée. Elle éclaire le cœur. Elle est votre vie blanche. Elle est votre seule vie, que vous ne vivez pas. »
(La Part manquante, 2007, p. 75)

Source des informations : Béatrice BONHOMME, Cours de Master II sur la poésie contemporaine, source non publiée, Université de Nice Sophia-Antipolis. • Source du portrait de Christian Bobin : Wikipédia. • Source des citations en encadré : Wikiquote. • Source de l’image en fin d’artiche : affiche transmise par Marilyne Bertoncini.