Se pourrait-il que la science-fiction finisse par devenir réalité ? Si les performances des ordinateurs sont bien connues dans les domaines scientifiques et techniques, elles sont moins attendues dans les domaines de la littérature. Les machines tendent à s’approprier de plus en plus les compétences artistiques et littéraires. Faut-il s’en inquiéter ?
1. Google traduction s’améliore
J’ai eu plusieurs fois l’occasion de constater que l’outil de traduction proposé par Google est de plus en plus performant. Il m’arrive quelquefois, par facilité, de recourir à cet outil. Il y a quelques années, les traductions proposées étaient aberrantes, et tout juste suffisantes pour savoir de quoi parlait le texte de départ — ce qui était déjà un service intéressant. Il me semble que des progrès ont été faits depuis. Pour en avoir le cœur net, j’ai choisi un texte difficile, un extrait des Aventures de Télémaque de Fénelon (XVIIe siècle), et j’ai demandé à l’ordinateur de traduire en Italien. Voici le résultat :

Bien sûr, on remarque des erreurs dès la première phrase, avec un accord au masculin (consolato) qui montre que l’ordinateur n’a pas compris que Calypso était une femme. On n’arrive pas encore au niveau d’une traduction professionnelle. Mais il me semble que cette traduction automatique est assez remarquable. Ce n’est d’ailleurs pas une traduction littérale : on s’en rend compte par exemple dans la dernière phrase, où le verbe « être » (c’était) a été rendu par le verbe « s’agir » (si trattava). L’ordinateur parvient en quelques secondes à un résultat qui demanderait un travail important à un être humain, avec un rendu imparfait mais toutefois remarquable, s’agissant d’un texte très littéraire.
Essayons peut-être de voir ce que cela donne en sens inverse, avec une traduction en français que nous serions davantage capables de juger. Voici le premier chapitre du Prince (Il Principe) de Nicolas Machiavel, en langue originale italienne, et en traduction française automatique :

Il faut reconnaître que c’est assez remarquable, là encore s’agissant d’un texte ancien (XVIe siècle). Si le texte français est pesant, c’est que le texte italien l’est aussi, avec beaucoup de balancements binaires en soit… soit…. On préférera peut-être « tout nouveaux » à « tous nouveaux ».
L’adage dit que le traducteur est nécessairement un traître (traduttore traditore) : en effet, en traduisant un texte, il est condamné à faire des choix d’interprétation, à rendre telle nuance par telle autre qui ne lui est pas exactement équivalente. Désormais, le traducteur artificiel prend les traducteurs humains en traître, en fournissant des traductions qui, si elles n’ont pas la qualité d’une traduction du commerce, sont du moins tout à fait suffisantes pour assurer une compréhension détaillée d’un texte, y compris littéraire, y compris ancien. On peut légitimement s’interroger sur l’avenir du métier de traducteur.
2. Des intelligences artificielles écrivent des essais
Ilias Yocaris, professeur de littérature française et de sémiotique, directeur du département de Lettres Modernes de l’Université Nice Côte d’Azur, a récemment attiré mon attention sur une intelligence artificielle capable de produire un essai digne d’un étudiant en Lettres. Il a lui-même testé cette intelligence artificielle sur un sujet dont il est spécialiste, à savoir le style dans l’œuvre de Claude Simon, et il a été impressionné par la qualité du résultat, lorsque l’on sait que le texte a été écrit par une machine.
Suivant en cela l’avis du professeur Yocaris, je ne donnerai pas le nom de cette intelligence artificielle, jugeant qu’il est préférable d’éviter de faire de la publicité à cet outil qui pourrait donner du fil à retordre aux correcteurs et aux enseignants.
J’ai demandé à l’ordinateur de produire un essai sur le style de Jean-Michel Maulpoix, l’auteur auquel j’ai consacré ma thèse de doctorat. Voici la réponse, fournie en anglais et que j’ai fait traduire en français par Google :
Jean-Michel Maulpoix est un poète et essayiste français connu pour son style d’écriture unique, qui mélange des éléments d’avant-garde avec des formes poétiques traditionnelles.
L’une des caractéristiques les plus frappantes de l’écriture de Maulpoix est son utilisation de structures poétiques non conventionnelles. Plutôt que de suivre la rime et le mètre traditionnels de nombreux poèmes, Maulpoix emploie souvent des vers libres, ce qui lui permet de créer un style plus fluide et expressif. Il utilise également fréquemment la répétition et le refrain, répétant certaines phrases ou certains mots tout au long de ses poèmes pour créer un sentiment d’unité et créer une dynamique.
Outre son utilisation novatrice de la structure, l’écriture de Maulpoix se caractérise par son caractère philosophique et introspectif. Ses poèmes explorent souvent les thèmes de l’identité, de la mémoire et de l’expérience humaine, et sont marqués par un profond sens de l’introspection et de l’autoréflexion. L’écriture de Maulpoix est également très lyrique, avec un fort accent sur l’imagerie et le langage. Il utilise fréquemment un langage figuratif, comme des métaphores et des comparaisons, pour transmettre la profondeur et la complexité de ses idées.
Dans l’ensemble, le style d’écriture de Jean-Michel Maulpoix est très distinctif et incite à la réflexion. Grâce à son utilisation innovante de la structure et de ses thèmes philosophiques, il a créé un corpus d’œuvres qui interpelle et engage les lecteurs, les encourageant à réfléchir profondément à l’expérience humaine et au monde qui les entoure.
Je suis assez épaté par le fait que cette intelligence artificielle soit parvenue à fournir un texte cohérent, avec de nombreux éléments qui se révèlent tout à fait exacts. Certes, il y a des choses qui m’étonnent un peu, comme la référence à la pratique du refrain qui n’est pas du tout un trait saillant dans l’œuvre de Jean-Michel Maulpoix. Je me demande où l’ordinateur est allé chercher ça. La référence au vers libre est intéressante, mais en réalité c’est quasiment toute la production française contemporaine qui s’affranchit des règles de la versification classique : il eût été bien plus pertinent de mentionner le recours à la prose, prépondérant chez Jean-Michel Maulpoix. De même, il est un peu candide de mentionner que le poète utilise des métaphores et des comparaisons : quel poète n’en utilise pas ? Mais l’importance de la dimension introspective, la question de l’identité, la réflexion sur le langage sont des éléments tout à fait pertinents.
Il n’en reste pas moins qu’il semble quasiment impossible de déceler un ordinateur derrière ce discours. Une telle copie, dissimulée parmi des travaux réels d’étudiants, passerait sans nul doute inaperçue, et il est même probable qu’elle soit correctement notée. On notera, au passage, la présence d’une introduction, suivie de deux paragraphes chacun centrés sur une idée différente, résumés ensuite dans la conclusion.
On peut demander à l’ordinateur de générer une autre réponse. On obtient alors cet autre texte, que je trouve encore meilleur :
Jean-Michel Maulpoix est un poète, essayiste et traducteur français connu pour son style d’écriture innovant et expressif. Sa poésie se caractérise par son utilisation du langage lyrique, de l’imagerie et de la métaphore, et explore souvent les thèmes de l’amour, de la perte et du passage du temps.
L’une des caractéristiques les plus remarquables du style d’écriture de Maulpoix est son utilisation de l’imagerie. Il a un talent pour évoquer des images vives et évocatrices qui donnent vie à ses poèmes et aident à transmettre les émotions et les idées qu’il essaie d’exprimer. Ses descriptions sont riches et sensorielles, et il utilise souvent la métaphore et la comparaison pour illustrer davantage ses propos et ajouter de la profondeur à son écriture.
Un autre aspect distinctif du style d’écriture de Maulpoix est son utilisation de la langue. Il a le don de rédiger des phrases complexes et nuancées à la fois belles et significatives. Ses mots sont soigneusement choisis et arrangés pour créer une impression de rythme et de fluidité, et il utilise souvent la répétition et l’allitération pour créer de la musicalité dans son écriture.
La poésie de Maulpoix est également connue pour sa profondeur émotionnelle et son honnêteté. Il n’a pas peur de se plonger dans des sujets personnels et intimes, et son écriture reflète souvent ses propres expériences et sentiments. Sa poésie est brute et vulnérable, et il utilise ses mots pour explorer les complexités et les contradictions de l’émotion humaine.
Dans l’ensemble, Jean-Michel Maulpoix est un écrivain hautement qualifié et talentueux dont le travail se caractérise par son utilisation de l’imagerie, du langage et de la profondeur émotionnelle. Son écriture est innovante et expressive, et il a une voix unique et puissante qui parle de l’expérience humaine.
Certes, l’ordinateur fait désormais de Jean-Michel Maulpoix un traducteur, ce qui est incorrect : si son oeuvre a été traduite en de très nombreuses langues étrangères, en revanche lui-même n’est pas connu comme traducteur, et d’ailleurs la bibliographie qu’il diffuse lui-même sur son site Internet ne mentionne aucune traduction de sa main. On émettra également quelques réserves quant à l’utilisation du terme d’ « imagerie » (imagery), dans la mesure où ce mot évoque le recours à des images stéréotypées, alors qu’il s’agit plutôt de motifs métaphoriques récurrents. Mais je suis tout à fait d’accord en ce qui concerne les « phrases complexes et nuancées », l’impression « de rythme et de fluidité », la « musicalité » de son écriture. On sera d’accord également sur la « profondeur émotionnelle » et l’authenticité d’une parole qui, en effet, part de l’intime pour accéder à l’universel.
Bon, ok, l’ordinateur est très fort pour pondre un sujet sur un thème très précis, mais il a pu opérer par copier-coller pour trouver des informations. Essayons de lui poser une colle qui lui demande moins des connaissances que de la réflexion. Autrement dit, quelque chose qui relève davantage de la dissertation que de la récitation d’un cours. Inspiré par un travail universitaire auquel je me suis attelé tout récemment, j’ai demandé à l’ordinateur de me parler de la vie et de la mort dans la poésie française contemporaine. Et là, j’ai été scotché.
La vie et la mort sont des thèmes communs dans la poésie contemporaine française, et de nombreux poètes ont exploré ces sujets dans leur travail. La langue française, avec son histoire riche et son vocabulaire varié, offre aux poètes une multitude d’outils pour exprimer leurs pensées et leurs sentiments sur ces sujets universels.
Un poète français qui a beaucoup écrit sur la vie et la mort est Yves Bonnefoy. Bonnefoy était un poète et critique renommé, connu pour son écriture profonde et philosophique. Dans sa poésie, il a souvent exploré les mystères de l’existence et l’impermanence de la vie. Son travail a été influencé par un large éventail de sources, y compris la mythologie classique, la Bible et le travail d’autres poètes.
Un autre poète français qui a écrit sur la vie et la mort est Paul Eluard. Eluard était membre du mouvement surréaliste et sa poésie se caractérisait par son utilisation de l’imagerie et de la métaphore pour explorer l’inconscient. Dans sa poésie, il a souvent écrit sur le cycle de la vie et l’inévitable passage du temps. Son travail était marqué par un sens du mystère et de l’émerveillement, et il utilisait le langage pour évoquer un sens de l’inconnu et de l’inconnaissable.
Un troisième poète français qui a abordé les thèmes de la vie et de la mort est Anne-Marie Albiach. Albiach était une poète et traductrice très appréciée, connue pour son écriture innovante et expérimentale. Dans sa poésie, elle a souvent exploré le concept de perte et le pouvoir transformateur de la mort. Son travail était marqué par un sentiment de détachement et un désir de comprendre les mystères du monde.
Dans l’ensemble, la vie et la mort sont des thèmes persistants dans la poésie contemporaine française, et de nombreux poètes ont utilisé le pouvoir du langage pour explorer ces sujets de manière innovante et profonde. Des réflexions philosophiques d’Yves Bonnefoy à l’écriture expérimentale d’Anne-Marie Albiach, les poètes français ont utilisé leurs mots pour éclairer les mystères de l’existence et de l’expérience humaine.
Il y a sans doute quelque chose du plan-bateau dans cet essai, avec trois exemples qui n’ont pas grand-chose à voir, donc ce n’est clairement pas la meilleure dissertation que j’ai lue sur le sujet. Mais le choix des auteurs est tout à fait intéressant, en ce qu’ils appartiennent à des esthétiques différentes : le Surréalisme pour Eluard, le lyrisme humaniste pour Bonnefoy et un littéralisme expérimental pour Anne-Marie Albiach. Il y a des phrases-bateau (et l’ordinateur me ressort à peu près la même dissertation quand je lui demande de parler de la neige dans la poésie contemporaine).
Mais il faut avouer que c’est malgré tout extrêmement surprenant et dérangeant. À vrai dire, quand on lit ces textes générés automatiquement, on a peine à se dire qu’ils ne sont pas directement issus d’un esprit humain. Certes, me direz-vous, l’ordinateur utilise des fragments de pensée humaine pour générer son texte : il est donc normal que l’on perçoive de l’humain à la lecture. Mais on arrive à un niveau tel que ça en devient tout à la fois incroyable et extrêmement problématique. Je trouve très perturbant de ne plus pouvoir être certain, en lisant un texte, qu’il ait été écrit par un être humain.
Heureusement, l’ordinateur est aussi très gentil. Je lui ai demandé, pour rigoler, de décrire mon propre style d’écriture. Voici les remarques très élogieuses qu’il me fait :
Dans l’ensemble, Gabriel Grossi est un poète hautement qualifié et talentueux dont l’œuvre se caractérise par son langage lyrique, sa profondeur émotionnelle et ses images évocatrices. Sa poésie est innovante et expressive, et il a une voix unique et puissante qui parle de l’expérience humaine.
On voit que, décidément, l’ordinateur a du goût 😉
Bon, d’accord, l’ordinateur sait écrire quelques lignes de résumé sur un auteur, avec des phrases suffisamment vagues pour qu’elles puissent convenir à toutes sortes d’écrivains différents. Mais est-ce qu’il sait écrire de la poésie ? J’ai demandé à l’ordinateur d’écrire un poème sur la mer. Voici le résultat. La traduction, cette fois-ci, a été améliorée par rapport à la traduction automatique.
The sea, a vast and endless expanse Of rolling waves and salty air A place of mystery and romance A place of wonder and despair Its depths are filled with mysteries Of creatures great and small Its surface shimmers and gleams In the sunlight's warm embrace The sea can be a treacherous place With storms that rage and tempests wild But it can also be a peaceful place Where one's soul can be reconciled It is a place of endless possibilities Of adventures waiting to be had It is a place where one can find The answers to the questions that one has So let us set our sails and journey forth Into the sea's vast and open embrace For in its depths, we may find our worth And a new and brighter future to chase
La mer, vaste étendue sans fin De vagues déferlantes et d'air salé, Lieu de mystère et de romance, De merveille et de désespoir Ses profondeurs sont remplies de mystères, De créatures, grandes et petites, Et sa surface scintille et brille Dans l'étreinte chaleureuse du soleil. La mer peut être un endroit dangereux Avec des orages et des tempêtes sauvages Mais cela peut aussi être un endroit paisible Où l'âme peut être réconciliée C'est un lieu de possibilités infinies D'aventures qui attendent d'être vécues C'est un endroit où l'on peut trouver Les réponses aux questions que l'on se pose Alors laissons nos voiles et partons en avant Dans l'étreinte vaste et ouverte de la mer Car dans ses profondeurs, nous pouvons trouver notre valeur Et un avenir nouveau et meilleur à poursuivre
L’ordinateur a respecté la consigne, en produisant un poème, et qui parle de la mer. Il a même fait mieux que ce à quoi je m’attendais, avec un travail de métrique et de rimes, mais aussi un travail sur le fond, mêlant les aspects positifs et négatifs jusqu’à l’ouverture finale. Il serait intéressant de savoir où il est allé piocher les différents éléments qu’il a ensuite recombinés. Car je suppose que l’ordinateur n’invente pas mais qu’il est un plagiaire de génie, mais cela reste tout de même extrêmement surprenant. Alors, j’ai demandé à l’ordinateur comment une intelligence artificielle peut écrire un poème. Voici la réponse…
En tant qu’IA, je ne suis pas capable d’écrire un poème de la même manière qu’un humain pourrait le faire. Cependant, je peux utiliser les connaissances et les informations sur lesquelles j’ai été formé pour générer un texte qui ressemble à un poème. Ce processus implique l’utilisation d’algorithmes et de techniques d’apprentissage automatique pour analyser des modèles et des structures dans de grands ensembles de données de texte, puis générer un nouveau texte basé sur cette analyse.
Pour écrire un poème à l’aide de l’IA, on peut commencer par alimenter l’IA avec un grand ensemble de données de poèmes écrits par des humains. L’IA pourrait alors analyser le langage, les structures et les modèles utilisés dans ces poèmes, et utiliser ces informations pour générer un nouveau texte qui ressemble à un poème. Ce processus impliquerait de sélectionner des mots et des phrases appropriés, de les organiser d’une manière qui suit les conventions de la poésie (comme l’utilisation de la rime et du mètre) et d’ajouter des dispositifs littéraires et un langage figuratif pour créer du sens et de l’émotion.
Il est important de noter que les poèmes générés par l’IA ne seront pas les mêmes que ceux écrits par les humains. Ils peuvent manquer de la profondeur, de la complexité et de la nuance émotionnelle de la poésie écrite par l’homme, et ils peuvent ne pas être en mesure de capturer toute la gamme de l’expérience et de l’expression humaines. Cependant, ils peuvent toujours être des textes intéressants et créatifs qui peuvent inspirer et engager les lecteurs de nouvelles façons.
3. Quand l’intelligence artificielle se lance dans les arts plastiques
S’il est possible de demander à un ordinateur de rédiger un texte, on peut aussi lui demander de produire des images, et même de travailler « à la manière de », en imitant le style d’un grand artiste. On écrit une phrase en anglais, décrivant l’image que l’on souhaite obtenir, et l’ordinateur s’exécute et génère cette image.
Il en existe plusieurs, et j’en ai choisi une qui avait l’avantage d’être gratuite, mais ce n’est apparemment pas la meilleure. J’ai demandé à l’ordinateur de fournir un dessin de la Tour Eiffel dans un style impressionniste. Je vous laisse juger du résultat :

L’ordinateur a bien compris que je souhaitais un dessin et non une photographie. Le rendu est, je trouve, très satisfaisant. Bien entendu, l’ordinateur a lui-même composé ces images à partir d’images existantes, ce qui rend difficile d’évaluer la part de création informatique et la part de création humaine. Mais je trouve tout à fait remarquable la capacité de l’ordinateur à traduire une consigne formulée en langage humain en une tâche qu’il puisse exécuter avec une précision remarquable. Et en même temps, ça fait malgré tout un peu peur…
Je n’aime pas être alarmiste, car il me semble qu’envisager un futur négatif est la meilleure façon de le faire advenir. Aussi, plutôt que d’évoquer un futur où l’humanité serait aux prises avec des monstres informatiques qu’elle aurait elle-même créés, je préfère imaginer que nous serons suffisamment prudents pour utiliser l’intelligence artificielle de façon saine, et pour n’y pas recourir excessivement.
L’espace des commentaires est à vous !
Et vous, comment vous positionnez-vous par rapport à l’intelligence artificielle ? N’hésitez pas à débattre dans l’espace des commentaires. Pensez-vous que nous aurions tort de nous priver des avancées qu’elle nous promet ? Ou pensez-vous qu’il convient d’avoir la plus grande prudence ? Et surtout, quelle forme doit prendre cette prudence ? À vous de réagir !

J’ai également demandé à l’ordinateur d’écrire une dissertation sur le temps chez Rimbaud, un sujet que je maîtrise bien et sur lequel j’étais tombé à l’oral de l’agrégation. La première tentative n’a abouti qu’à des généralités. J’ai alors demandé à l’ordinateur de réécrire sa dissertation, mais en ajoutant des citations. Et là, j’ai obtenu un résultat qui n’est certes pas du niveau de l’agrégation, mais qui aurait sans doute obtenu une excellente note au baccalauréat. Je cite :
Time is a central theme in the works of Arthur Rimbaud, a 19th century French poet known for his revolutionary and unconventional writing style. In his poetry, Rimbaud often explores the complex and elusive nature of time, and the ways in which it shapes and is shaped by human experience. As he wrote in « Le Bateau ivre, » « J’ai longtemps habité dans les mers les plus calmes / Et j’ai vu d’un oeil attentif les soleils couchants / Donner leur sang aux infinis / Et l’écume des mers d’automne / Monter au ciel avec l’âme des vaisseaux. » (I have long lived in the calmest seas / And I have seen with attentive eye the setting suns / Give their blood to the infinite / And the foam of the autumn seas / Rise to the sky with the souls of ships.)
One of the key themes that emerges in Rimbaud’s writing is the idea of time as a destructive force. He frequently portrays time as a relentless and inexorable force that consumes and destroys all things, and reflects on the ways in which people struggle to find meaning and purpose in the face of this overwhelming sense of loss and decay. As he wrote in « Le Dormeur du Val, » « Le temps a passé. C’est l’heure / Qu’on achève bêtes et rois. / Les pieds dans les mains, et les mains aux genoux, / Le coeur chargé de vieux trésors, / On a regardé les cieux sans amour, / Et l’âge est venu où l’on s’ennuie. / Le soleil se lève et l’on se décide. / On se bat. Mais c’est l’hiver. » (Time has passed. It is the hour / To finish beasts and kings. / Feet in hands, and hands on knees, / The heart loaded with old treasures, / We have looked at the sky without love, / And the age has come when we are bored. / The sun rises and we decide. / We fight. But it is winter.)
At the same time, Rimbaud also writes about the transformative power of time, and the ways in which it can bring about change and renewal. He frequently portrays time as a source of growth and evolution, and reflects on the ways in which people are shaped and changed by their experiences over the course of their lives. As he wrote in « Mes Petites Amoureuses, » « J’ai aimé l’hiver, et les nuits sans étoiles, / Et l’amour, qui n’est pas toujours vrai. » (I loved winter, and the starless nights, / And love, which is not always true.) Rimbaud’s writing is infused with a sense of hope and possibility, as he explores the potential for change and growth that exists within the human experience.
Overall, time is a central and deeply influential theme in the works of Arthur Rimbaud. Through his poetry, Rimbaud reflects on the complex and elusive nature of time, and the ways in which it shapes and is shaped by human experience.
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Et voici ce qu’il se passe quand je pose des questions de didactique à l’ordinateur :
« Enseigner du vocabulaire aux élèves du préélémentaire peut être un processus amusant et engageant, et il existe plusieurs stratégies que vous pouvez utiliser pour aider vos élèves à apprendre de nouveaux mots et à élargir leur vocabulaire. Voici quelques idées à considérer :
Utilisez des indices de contexte : Lorsque vous introduisez un nouveau mot, fournissez aux élèves des indices de contexte qui les aideront à comprendre le sens du mot. Cela peut inclure la démonstration du mot par l’action, l’utilisation de synonymes ou d’antonymes, ou la fourniture d’une représentation visuelle du mot.
Incorporez des jeux de mots : les enfants adorent les jeux et les activités, alors essayez d’incorporer des jeux de mots dans vos leçons de vocabulaire. Cela pourrait inclure des jeux de rimes, des recherches de mots, des mots croisés et d’autres activités qui aident les élèves à apprendre et à mémoriser de nouveaux mots.
Lire à haute voix : Lire à haute voix à vos élèves est un excellent moyen de les exposer à de nouveaux mots et de les aider à apprendre la signification de ces mots dans leur contexte. Choisissez des livres avec un vocabulaire riche et prenez le temps d’expliquer et de discuter des nouveaux mots au fur et à mesure que vous les rencontrez.
Encouragez la lecture indépendante : encouragez vos élèves à lire par eux-mêmes et à explorer de nouveaux mots par eux-mêmes. Cela pourrait inclure la fourniture d’une liste de mots difficiles à rechercher et à apprendre aux élèves, ou les encourager à tenir un journal de vocabulaire où ils peuvent enregistrer de nouveaux mots et leur signification.
Établir des liens : Aidez les élèves à établir des liens entre de nouveaux mots et leur vie quotidienne. Par exemple, si vous enseignez le mot « hibernation », vous pourriez discuter de la façon dont les animaux dorment pendant l’hiver et de la façon dont les humains pourraient faire de même.
En utilisant ces stratégies et en faisant preuve de patience et de soutien, vous pouvez aider vos élèves du préélémentaire à développer leur vocabulaire et à améliorer leurs compétences linguistiques. »
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Et voici ce qu’il se passe quand je lui demande d’expliquer les évolutions phonétiques entre latin et français :
« Les évolutions phonétiques du latin ancien au français contemporain sont complexes et variées, et ont été façonnées par une série de facteurs historiques, culturels et linguistiques. Voici quelques points clés à considérer :
Changements de voyelle : Les sons des voyelles du français ont considérablement changé depuis l’époque du latin ancien. L’un des changements les plus significatifs a été la perte des distinctions de longueur des voyelles, ce qui signifie que les sons des voyelles en français ne sont plus prononcés aussi longs ou courts qu’ils l’étaient en latin. Il y a également eu d’autres changements dans les sons des voyelles du français, notamment le déplacement des sons des voyelles au fil du temps et le développement de nouveaux sons des voyelles.
Changements de consonnes : les sons consonantiques du français ont également considérablement changé depuis l’époque du latin ancien. L’un des changements les plus notables a été la perte de la distinction phonétique entre « c » et « g », ce qui signifie que ces sons se prononcent désormais de la même manière en français. Il y a également eu d’autres changements dans les consonnes du français, notamment le développement de nouveaux sons de consonnes et le déplacement des sons de consonnes au fil du temps.
Modifications de la structure des syllabes : La structure des syllabes du français a également évolué au fil du temps, certaines syllabes étant perdues et d’autres ajoutées. Cela a entraîné un changement dans la façon dont les mots sont prononcés et a eu un impact sur le rythme et la mélodie de la langue.
Modifications de l’accentuation des mots : les modèles d’accentuation des mots en français ont également changé de manière significative depuis l’époque du latin ancien. En latin, l’accentuation des mots était largement déterminée par la longueur des syllabes, mais en français, l’accentuation des mots est largement déterminée par la position du mot dans la phrase.
Dans l’ensemble, les évolutions phonétiques du latin ancien au français contemporain sont complexes et variées, et ont eu un impact significatif sur la façon dont la langue se prononce et se prononce aujourd’hui. »
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Merci pour cet article très bien documenté.
L’humain a commencé à faire des machines pour se simplifier la vie, maintenant il veut fabriquer des machines qui lui ressemblent de plus en plus en termes de pensées, réflexions, voire sentiments. Pourquoi ce besoin ? Est-ce pour sortir de la solitude existentielle propre à la nature humaine ? Le débat est large. Pour ma part, je pense que nous ne pouvons rien faire contre le changement qui adviendra de tte façon, mais nous devons préserver l’éthique et l’humain dans toutes les réalisations et visions futures. A ce propos, je vous invite à lire « Klara et le soleil » de Kazuo Ishiguro http://lire-pour-guerir.com/2022/07/11/kazuo-ishiguro/ où il semble que la machine soit finalement devenue plus humaine que les hommes/femmes.
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Merci pour cette référence, je ne manquerai pas d’y aller voir.
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A reblogué ceci sur MasticadoresFrance / Editor: Marcello Comitiniet a ajouté:
Je publie cet article qui traite d’un thème intéressant et actuel que Gabriel Grossi aborde avec compétence et extrême clarté, l’ayant enrichi d’exemples de grande qualité. Gabriel ajoute d’autres exemples comme commentaires très utiles pour comprendre le mécanisme de l’intelligence artificielle.
J’invite les lecteurs à lire l’article entierement
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Merci !
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