Je l’ai maintes fois répété dans les colonnes de ce blog : la poésie contemporaine est tout aussi active que discrète. Si elle demeure hors des projecteurs médiatiques, elle prolifère cependant dans l’ombre. Ce sont des centaines de recueils qu’on publie chaque année. Dès lors, impossible de tout lire. Comment faire alors son choix ?
Je dois dire que, pour ma part, les anthologies me convainquent peu. On peut rarement y lire plus de deux ou trois poèmes par auteur, qui souvent perdent de leur signification en se retrouvant séparés du recueil dont ils font partie.
Les dossiers critiques me séduisent davantage, mais ils ont un défaut : bien souvent, le chercheur universitaire qui l’a écrit n’a pour dessein que de présenter le résultat de sa recherche, comme s’il s’adressait à un lecteur qui aurait déjà lu le poète en question. Il manque, en somme, une introduction générale, qui permette de situer les poètes concernés par l’étude, lesquels sont souvent insuffisamment cités.
Les citations seules, du reste, sont rarement convaincantes. Il faut vraiment que l’extrait prélevé soit fort pour qu’il puisse se suffire à lui-même. Ce n’est pas toujours le cas. Je sais que, parfois, une belle phrase, de beaux vers, tombent complètement à plat lorsqu’ils sont sortis de leur contexte. Souvent, sur les réseaux, je vois circuler des citations au présent de vérité générale, et il est fréquent que je me dise que l’affirmation opposée serait tout aussi valable, quand il ne s’agit pas d’un enfonçage de portes ouvertes.
Bien sûr, les livres d’introduction à la poésie contemporaine sont une excellente porte d’entrée. J’en ai lu un certain nombre pendant la rédaction de ma thèse, de même que des essais plus théoriques, et si je devais n’en retenir qu’un seul, ce serait La poésie française du Surréalisme à nos jours par Marie-Claire Bancquart (Ellipse) : précis, riche et succinct à la fois. Mais le problème, c’est qu’il faut avoir le temps de lire de tels livres, ce qui n’est guère mon cas en ce moment.
Comment est-ce que je choisis les nouveaux poètes que je vous présente ? Je vais vous révéler un peu de la cuisine interne de ce blog.
Je n’ai pas le culte de la « nouveauté ». J’estime qu’être spécialiste de la poésie contemporaine, c’est mener une enquête de fond sur plusieurs décennies de création, et non pas simplement suivre l’actualité immédiate des parutions. C’est peut-être aussi ce qui contribue à faire l’originalité de ce blog. De fait, je n’ai pas les moyens de me procurer toute la création récente. Je ne reçois que rarement des livres en service de presse, et ce n’est peut-être pas plus mal, car on se sent obligé de les lire et d’en dire du bien. Je conserve ainsi une position un peu surplombante. Mais alors, comment est-ce que je découvre des poètes ?
Pour commencer, je suis attentif aux recommandations des poètes que je connais, puisque, depuis quinze ans que je m’intéresse au sujet, je commence à en connaître quelques uns. Un poète en fait lire un autre. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la vraie vie. Je choisis aussi, bien sûr, parmi les poètes invités dans les grandes manifestations poétiques organisées dans ma région : festival Poët Poët, rencontres de paroles d’Aiglun, jeudis des mots… Et bien sûr, je lis quelques revues de poésie : le Nouveau Recueil, Nu(e), Recours au poème, Florilège…
Les réseaux sociaux m’ont permis de découvrir des poètes tels que Pierre Vinclair, Yves Charnet, Emmanuel Godo ou Enza Palamara… En lisant les amis d’amis, on fait parfois de belles découvertes poétiques.
Cette approche me permet de découvrir un certain nombre de nouveaux poètes. Ma « pile à lire » demeure conséquente. Et il y a pas mal d’autres livres de poésie que je voudrais acheter : je me restreins quand même un peu, car même si j’ai une grande bibliothèque, elle n’est pas extensible, et la place finit vite par manquer. J’ai déjà quelques idées d’achats de Noël… Heureusement, il existe aussi les bibliothèques, qui m’ont permis de découvrir des poètes tels que James Sacré ou Jean-Yves Masson.
Il y a des poètes que j’ai parcourus et appréciés mais dont je n’ai pas encore parlé : il faut une lecture plus précise pour en dire quelque chose de pertinent. Soyez patients !
Il va sans dire que j’aimerais avoir davantage de temps à consacrer à l’exploration de la poésie contemporaine. C’est indéniablement un travail qui prend du temps. J’aimerais assister aux grandes manifestations poétiques organisées à l’échelle nationale. Je suppose qu’il faut être allé, au moins une fois dans sa vie, au marché de la poésie qui se tient chaque année sur la place Saint-Sulpice à Paris, ou encore au festival « Voix vives » de Sète. Pour l’instant, je me contente de poursuivre mon petit travail artisanal.
En ces temps très intenses de rentrée scolaire, j’ai moins le loisir de faire de nouvelles découvertes poétiques. Je ne manque pas d’idées, rassurez-vous. Plusieurs articles à paraître sont encore à l’état de brouillon. Je garde pour plus tard certains articles de fond, privilégiant en ce moment ceux qui ne me prennent pas trop de temps. Affaire à suivre…
En ce qui me concerne je me fie beaucoup à vos articles pour découvrir de nouveaux poètes. C’est ainsi que j’ai découvert et aimé Enza Palamara, J-Y Masson etc.. et je vous en remercie.
Connaissez-vous Jean Marc Sourdillon ? Cédric Le Penven ?
Bon dimanche.
Cordialement.
Shisyu
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Jean-Marc Sourdillon oui, j’ai rencontré son nom lors de mes recherches sur Jean-Michel Maulpoix. Quant à l’autre, il faudra que je le découvre.
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Pour JM Sourdillon, si je peux me permettre … Commencez par ce livre très beau : Les voix de Véronique.
Cédric Le Penven est très jeune et je l’ai découvert par la prog d’un petit festival qui se tiendra en Tarn et Garonne et auquel il viendra lire ses poèmes et rencontrer les festivaliers.
http://www.festilitt.com/
Bonne découverte !
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Merci !
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Une idée parmi d’autres: consulter les palmarès des grands concours de poésie?!
Poéstiquement vôtre.
Yves Renaud
92120 Montrouge
lauréat de plusieurs prix de la Société des Poètes de France, dont récemment Jules Supervielle en 2020 (qui m’a donné l’idée de faire un petit florilège de poèmes inspirée par ce grand poète plutôt méconnu) et… Arthur Rimbaud cette année (mais florilège stoppé net par un cancer…)
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Merci pour le tuyau, et bon courage dans l’épreuve de la maladie.
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Ah, peut-être consulter le programme de la Maison de la Poésie où j’allais souvent avant ma « longue maladie »:https://www.maisondelapoesieparis.com/
Yves Renaud
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Oui, c’est en effet une ressource indispensable. Celle de Paris et celle de Rhône-Alpes.
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