Cette édition 2022 du Festival Poët Poët, très riche en émotions, s’est terminée en beauté avec un dernier week-end très intense. Après le grand spectacle de La Gaude vendredi soir, notre marraine Laurence Vielle avait carte blanche à la bibliothèque Nucéra.
Samedi 26 mars après-midi. Il n’est pas facile de se garer dans Nice aujourd’hui. Je passe devant plusieurs parkings souterrains qui affichent complet. J’arrive enfin à la bibliothèque Nucéra, et je me dirige immédiatement vers le grand auditorium. Je suis très heureux de retrouver la joyeuse bande, avec laquelle je m’apprête à présenter poétiquement Laurence Vielle.

Mais je n’étais pas au bout de mes surprises. Un quart d’heure avant le début de la représentation, Laurence Vielle me propose d’accompagner musicalement ses poèmes au piano à queue. Je n’en reviens toujours pas de sa confiance et de sa sympathie. J’ai évidemment accepté et nous avons eu une complicité immédiate. Nous essayons plusieurs choses. Sabine Venaruzzo accepte de chanter des vocalises sur un des poèmes. Pour un autre, nous utiliserons une boîte à musique. Je voudrais remercier infiniment Laurence Vielle pour cet immense cadeau, moi qui n’avais jamais joué de piano en public.

Cette gentillesse, cette sympathie de Laurence Vielle, je crois que tout le public l’a perçue. Sa performance poétique est pleine d’humour et de tendresse. Elle raconte ses échanges quotidiens avec un SDF nommé Gaston. Son voyage à Sulawesi. Ses interventions en institut psychiatrique avec cette question essentielle : « Qu’est-ce qui te fait vivre ? » Il y a, dans tous ses poèmes, beaucoup d’humanité. Et une grande justesse de ton. Laurence Vielle, bien qu’elle soit aussi comédienne, ne joue pas un personnage. Elle est très vraie, très juste, et c’est cette sincérité, cette authenticité, qui entraîne immédiatement l’adhésion. Elle recherche constamment le partage avec le public. Sa performance, loin de ressembler à un monologue, est un véritable échange. Ainsi s’est-elle amusée à faire apprendre un poème au public.
Ce souci de l’autre, cette générosité, se retrouvent à l’issue du spectacle. Laurence Vielle a accepté de dédicacer ses ouvrages au public, et elle prend le temps de discuter avec chacun, d’écouter leurs anecdotes et leurs remerciements. Son naturel confère une grande force de conviction à ses poèmes, et donne tout son poids aux mots.
De fait, le public ne s’y est pas trompé. La salle était quasiment comble. Il faut que je vous raconte une petite anecdote qui en dit beaucoup pour moi. À l’issue du spectacle, un membre du personnel de la bibliothèque est venu féliciter l’équipe et a dit son plaisir de voir la poésie ramener du monde àlabibliothèque. On entend tout le temps dire que la poésie ne se vend pas, qu’elle n’intéresse personne, aussi avons-nous été très touchés de voir la poésie, non plus présentée comme une parenté pauvre de la littérature, mais bien comme un étendard littéraire capable de ramener du monde. N’est-ce pas merveilleux ?

C’est ainsi que ce festival s’achève. Une dernière journée, dans le village de Clans, permettra de le clôturer en douceur, avec un atelier d’écriture suivi d’un dernier repas, grâce à l’hospitalité de Pascal et Ludmila Giovannetti. C’est un peu une façon de passer le relais : dans quelques jours, début avril, ils accueilleront un autre festival de poésie, sur le thème « ÉrotismeS ». Qu’on se le dise : la poésie est bien vivante sur la Côte d’Azur…
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