La rencontre de la poésie, de la peinture et de la musique dans l’œuvre de Jean-Michel Maulpoix a été au cœur de l’un des chapitres de ma thèse. Peinture et musique apparaissent, pour le poète, comme des idéaux convoités mais inaccessibles. Au-delà du rêve d’une écriture picturale ou musicale, le poète fait référence à des œuvres précises. C’est ainsi que le recueil Pas sur la neige, paru en 2004 aux éditions du Mercure de France, rend hommage au prélude éponyme de Claude Debussy, tout en évoquant de nombreuses représentations impressionnistes de la neige…
J’ai voulu faire découvrir à mes élèves ce poète dont l’œuvre me passionne et à laquelle j’ai consacré tant de pages. Il m’a semblé que son écriture de la neige était une bonne porte d’entrée, car les liens avec la peinture et la musique offrent le moyen d’une séance vivante, susceptible d’enrichir le « parcours artistique et culturel » des élèves.
1. Un prélude de Claude Debussy
Claude Debussy est un compositeur français né en 1862 et mort en 1918, sans doute l’un des plus importants à son époque, pour son ton résolument moderne. Il a beaucoup écrit pour le piano, et notamment ses Préludes dont Des pas sur la neige fait partie. C’est un morceau lent, doux, silencieux, mélancolique, que je vous pourrez écouter sur YouTube dans différentes interprétations.
Pour l’écoute en classe, j’ai privilégié une vidéo qui présente un support visuel susceptible de maintenir l’intérêt des élèves pendant une à deux minutes. Je sais bien que les enfants ont l’habitude d’écouter des morceaux beaucoup plus rapides et rythmés. Il faut accepter que la première réaction des élèves soit négative, surtout s’ils entrent dans la préadolescence, mais en général on arrive à obtenir des remarques intéressantes, qui témoignent d’une capacité à qualifier le morceau entendu par des adjectifs.
2. La neige chez les impressionnistes
Les peintres impressionnistes ont été nombreux à représenter la neige. Monet, Sisley, Pissarro, Guillaumin, tous, ou presque, s’y sont essayés. Le musée d’Orsay, à Paris, permet de contempler un certain nombre de ces peintures de la neige. C’est d’ailleurs là que, un été de canicule, le poète Jean-Michel Maulpoix les a découvertes et a voulu écrire à leur sujet.
Les six tableaux que j’ai choisi de montrer à mes élèves n’ont pas été sélectionnés au hasard. Je les ai choisis parce que le poète y fait référence dans son poème. Parfois, il est possible d’identifier un tableau précis. Parfois, plusieurs peuvent faire l’affaire. Mais cela, les élèves ne le savent pas encore…
Dans un premier temps, je projette successivement les différents tableaux, et je demande à mes élèves de les commenter. Lorsque je n’ai pas de projecteur dans ma classe, j’imprime les tableaux en couleur en A4, et j’agrandis ensuite en A3 à la photocopieuse en noir et blanc. Le but est que les élèves puissent s’exprimer sur chacun des six tableaux, d’identifier des détails, etc.
Les six tableaux que je projette à mes élèves sont les suivants :
• Claude MONET, La pie, Paris, Musée d’Orsay
• Aldred SISLEY, La Neige à Marly-le-Roi, Paris, Orsay
• Camille PISSARRO, Châtaigniers à Louveciennes, Paris, Orsay
• Claude MONET, Le Déjeuner sur l’herbe, Paris, Orsay
• Claude MONET, Les Nymphéas à Giverny, Nantes, Musée des Beaux Arts
• Claude MONET, Le Mont Kolsaas en Norvège, Paris, Orsay
3. Repérages dans le poème
C’est alors que je lis le poème aux élèves, tout en leur laissant les tableaux sous les yeux. Cette première imprégnation ne vise qu’à former quelques images dans l’esprit des élèves. Ensuite, je distribue une version adaptée du texte, en six blocs de texte.
« Sur la barrière de bois, une pie s’est posée.
Jean-Michel Maulpoix
On n’ose imaginer qu’elle chante. »
La consigne sera d’associer chacun des six tableaux à chacun des six blocs de texte. Les élèves surlignent dans le texte les éléments qui leur ont permis de trouver.
Ces blocs de texte sont relativement longs, si bien que ce travail est plutôt destiné à des élèves qui lisent de façon fluide. J’ai déjà mené cette séance en CE1/CE2, en CE1/CM1 et en CE2/CM1. Avec des élèves de CE dégourdis, c’est tout à fait faisable, même si l’activité sera plus facile avec des CM.
Cette année, avec des élèves plus faibles (CE1/CE2), j’ai proposé une fiche comportant des miniatures des tableaux et les phrases du poème qui peuvent être considérées comme des indices. Les élèves ont simplement dû associer les deux. C’est une adaptation qui permet à des élèves plus faibles de s’inscrire dans cette activité.
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Cette séance travaille ainsi la compréhension en lecture et la recherche d’indices, tout en se voulant aussi une ouverture culturelle sur la musique, la peinture, la poésie, en lien avec mes rituels d’écoute musicale et mes séances d’arts plastiques. Elle s’inscrit dans une séquence de découverte de la poésie, où elle est la deuxième séance. J’ai récemment publié la première séance que je vous invite à découvrir.
J’espère que cet article vous aura intéressés. N’hésitez pas à découvrir mes autres articles consacrés à la poésie contemporaine ainsi qu’à l’enseignement.
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