Le sapin de Noël de Jean-Michel Maulpoix

En ces temps de fêtes, je vous invite à découvrir un poème de Jean-Michel Maulpoix qui est bien singulier, puisqu’il arbore la forme générale d’un sapin de Noël. Ce poème, que vous trouverez dans Domaine public, est précisément daté du 25 décembre.

Un poème de « Domaine public »

Domaine Public est l’un des livres les plus singuliers de Jean-Michel Maulpoix. Rédigé dans une période de crise personnelle, il marque une volonté désespérée de s’en prendre à cette poésie qui n’offre pas toujours les satisfactions qu’elle promet. Aussi Jean-Michel Maulpoix a-t-il voulu « mettre à sac le poème », autrement dit saborder la poésie en retournant contre elle ses propres moyens. Il veut que la langue « disjoncte » et « déjante ». Par là, il s’agit de prouver que la poésie est bien vivante, qu’elle n’est pas seulement « une vieille chienne qui ne mord plus », un genre fade de « poésie pour dames, exquise à l’heure du thé ». Aussi le poète abuse-t-il dans ce recueil de collages, cut-up, mixage de citations, énumérations de « propositions zoologiques », bref, tout un ensemble de techniques par lesquelles le poète lyrique se rapproche du versant littéraliste de la poésie contemporaine. C’est dire aussi que ce livre se prend sans doute un peu moins au sérieux que d’autres, et qu’il joue avec la langue comme avec les stéréotypes du poète.

C’est pourquoi, à mon sens, le poème ci-dessus photographié (afin que vous bénéficiiez de la mise en page d’origine) est bel est bien un calligramme de sapin de Noël.

De l’aporie à la confiance

Le poème en question se présente comme une succession de phrases qui répètent la même structure grammaticale et commencent par les mêmes mots. Cette anaphore permet ainsi de multiplier les définitions de la poésie. Chacune mériterait d’être commentée individuellement, mais je voudrais ici attirer surtout l’attention sur la progression qui se dessine dans ces phrases. En début de poème, Jean-Michel Maulpoix fait le constat d’une aporie poétique : « La poésie reste sans issue ». Elle « fait le mur », telle un évadé de prison. En fin de poème, en revanche, apparaît une confiance recouvrée en la poésie. Les « raisons d’être » sont retrouvées. Les trois lignes finales (le pot du sapin) résonnent de façon bien plus paisible. La « langue aspire à l’évidence ». Elle trouve dans la poésie son épure. Avec elle, « l’esprit fait des bonds dans la langue ». J’aime que ce poème ne porte pas de point final. « La porte ne se referme pas », et le poème reste ainsi ouvert. Magie de Noël ? En tout cas, un trajet de l’aporie à l’ouverture.

De fait, si chaque phrase se présente comme une définition de la poésie, leur succession même leur ôte tout caractère péremptoire. Jean-Michel Maulpoix n’entend pas définir une fois pour toutes cet art qui échappe à toute définition simple. Cette structure permet également d’éviter un discours strictement personnel par l’exclusion du « je » et de sa perception subjective.

La parole est à vous !

Aussi, pour conclure, je souhaiterais vous inviter à participer, chers lecteurs, puisque c’est là la vocation même d’un blog que de permettre cette interactivité. Parmi ces définitions de la poésie, laquelle vous parle le plus ? Laquelle vous interpelle, ou vous émeut, ou vous fait réagir? N’hésitez pas à laisser un commentaire !

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s