En septembre prochain, je vais notamment retrouver un CP. Du coup, je me replonge dans mes documents de 2016. Le cours préparatoire impressionne généralement les jeunes enseignants: c’est l’année où l’on apprend à lire, ce qui met quand même pas mal de pression sur le dos des profs. C’est pourquoi, dans mon département, les stagiaires n’ont généralement pas de CP. Mais du coup, les questions relatives à ce niveau sont peu abordées en formation. J’ai eu la chance, quant à moi, de découvrir le CP en complétant le service d’une collègue formatrice (PEMF). Je voudrais raconter ici ce que j’ai appris cette année-là.
Je voudrais commencer cet article en remerciant cette collègue pour son accueil et sa bienveillance tout au long de l’année. Je garde d’excellents souvenirs de cette année scolaire partagée entre trois écoles (deux maternelles et un CP), où j’ai beaucoup appris.
1. Lecture-littérature et lecture-code
L’enseignante que je complétais séparait strictement la lecture-littérature, autrement dit la lecture et la compréhension d’histoires issues d’albums ou du patrimoine, et la lecture-code, c’est-à-dire l’apprentissage de la lecture à travers une méthode syllabique qui permet de faire le lien entre les phonèmes et les graphèmes correspondants.
2. Trois séances pour un son
Cette collègue s’était inspirée de la méthode « J’entends, je vois, j’écris » pour développer son propre système. Elle travaillait non pas avec un manuel ou un fichier, mais avec un petit classeur à intercalaires où les différentes activités étaient classées. Pour chaque son étudié, il y avait généralement trois séances : certains sons pouvaient exceptionnellement être traités en deux ou quatre séances. Les lignes qui vont suivre sont inspirées de mon cahier-journal de l’époque, lui-même inspiré de la fiche de préparation prévue par ma collègue.
► Séance 1 : j’entends

♦ Phase 1 : introduction du son (collectif, oral)
Le maître propose une phrase ou une comptine comportant un grand nombre de fois le son étudié. Les élèves devinent quel sera le son étudié. Les élèves prononcent plusieurs fois le son étudié et identifient la façon de le produire.
♦ Phase 2 : jeux oraux pour identifier le son (collectif, oral)
– Jeu n°1 : le maître donne oralement des mots. Les élèves croisent les bras devant eux s’ils entendent le son, et derrière eux s’ils ne l’entendent pas.
– Jeu n°2 : le maître donne oralement des mots contenant le son étudié. Les élèves indiquent, au besoin en frappant des mains, dans quelle syllabe se trouve le son.
♦ Phase 3 : entraînement écrit avec différenciation (individuel, écrit)
– Sur fiche, les élèves collent des étiquettes-images dans la bonne colonne (j’entends ou je n’entends pas le son étudié).
– Dans le même temps, le maître propose un exercice similaire sur TBI avec un petit groupe d’élèves (roulement). C’est le moment de vérifier la bonne prononciation du son par les élèves.
– Devoirs : exercice similaire (j’entoure si j’entends le son) à coller dans le cahier de devoirs. Faire coller l’étiquette-devoirs dans le cahier de textes.
► Séance 2 : je vois
♦ Phase 1 : découverte des graphèmes associés au son étudié (collectif, écrit)
Les élèves dictent au maître des mots contenant le son étudié. Le maître demande quelle est la lettre qui représente le son étudié. Le maître entoure la lettre (en utilisant éventuellement plusieurs couleurs lorsqu’il y a plusieurs façons différentes d’écrire le même son).
♦ Phase 2 : reconnaissance des graphèmes (individuel, écrit)
– Fiche 1 : l’élève entoure les différentes écritures (script, attaché) du graphème étudié parmi un ensemble de graphèmes proposés. Le maître passe dans les rangs et vérifie d’emblée la bonne reconnaissance du graphème. Les élèves qui ont terminé en avance passent plus vite à la seconde fiche.
– Fiche 2 : Exercices de phonologie et de combinatoire.
– Travail maison : fiche blanche (mets une croix où tu entends).
► Séance 3 : j’écris
♦ Phase 1 : découverte de la graphie (collectif, oral)
Montrer aux enfants le sens de formation des lettres au tableau. Les enfants reproduisent la lettre dans l’espace avec leur « stylo magique » (le doigt).
♦ Phase 2 : entraînement écrit (individuel, écrit)
– Entraînement à former les lettres sur ardoise puis sur fiche à lignes plastifiée (en gros au recto, en plus petit au verso).
♦ Phase 3 : exercices différenciés (individuel, écrit)
– Exercice de copie sur lignes spéciales de couleur, différenciées selon le niveau des élèves.
– Dès que les enfants ont étudié suffisamment de sons, leur proposer une dictée de syllabes (puis de mots) sur ardoise ou sur feuille.
– Devoirs maison : lire le tableau de syllabes ou le tableau de sons selon la période de l’année.
3. Quelle différenciation ?
La reconnaissance des sons (« j’entends ») se fait avec un petit groupe d’élèves en difficulté. Pour l’écriture, ma collègue avait constitué des groupes de besoins, avec des supports d’écriture différents en termes de largeur de l’interligne et de code couleur.
- Niveau 1 : les lignes et interlignes sont repérées par un code de couleur, en comparaison avec la terre. La ligne principale est rouge (le sol). L’interligne inférieure est marron (sous terre). La première interligne est verte (l’herbe). Les deux interlignes supérieures sont bleues (le ciel).
- Niveau 2 : lignes monochromes larges
- Niveau 3 : Seyes agrandi
- Niveau 4 : Seyes standard
4. Quelle progression de sons ?
Dans quel ordre faut-il enseigner les sons ? Il y en a de plus simples que d’autres. À force de recherches dans les méandres de mon ordi, j’ai fini par retrouver quelques infos sur la progression de sons établie par ma collègue, sans doute à partir des manuels dans lesquels elle piochait. Hélas, je n’ai pas réussi à retrouver l’intégralité de la progression. Je ne pense pas que ça soit la seule progression possible, et à vrai dire je suppose que l’on pourra en trouver d’autres selon les ouvrages consultés.
Dans le document ci-dessous, j’ai transposé à l’année scolaire à venir, et adapté à une école fonctionnant sur quatre jours par semaine, pour les deux premières périodes de classe :


Erratum : Les calendriers scolaires ont d’abord indiqué que les vacances de Toussaint commenceraient le mardi 19 octobre au soir. Elles commenceront finalement le samedi 23 octobre au matin.
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J’espère que ce petit article vous aura intéressés, que vous soyez enseignant, parent, ou simplement curieux de savoir par quelle méthode on apprend aux enfants à lire aujourd’hui. N’hésitez pas à laisser un petit commentaire pour demander des précisions, ou pour témoigner de votre propre vécu.

Bonne rentrée ! Que cette nouvelle année amène joie d’aider à apprendre et réussite pour les élèves !
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Merci beaucoup !
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Bonne rentrée ! Avec ces bases, ça ira ! Moi je n’ai eu que des maternelles…
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Quelle belle photo! Bonne rentrée cher Gabriel Vittorio.Une tendre pensée vous acompagne!
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Je me retrouve tout à fait dans cette pédagogie en CP 😊
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j’ai beaucoup aimé travailler en cp au long de ma carrière
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moi aussi 🤗💓 je n y ai enseigné que brièvement mais avec un immense plaisir que j ai retrouvé ensuite avec mes 6èmes de collège
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Belle rentrée à toi Gabriel !
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Bonne rentrée, Gabriel !
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