Questions à Jean-Yves Masson

Jean-Yves Masson est un poète français contemporain dont j’aime beaucoup l’oeuvre. Né en 1962 en Lorraine, il a publié, depuis les années quatre-vingts, plusieurs recueils de poésie, mais aussi un conte, des romans et nouvelles. Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, professeur de littérature comparée à l’Université de la Sorbonne, traducteur, éditeur, critique littéraire, ses multiples activités font en outre de lui un fin observateur de la poésie d’aujourd’hui. Il m’a fait l’honneur de bien vouloir répondre à mes questions.

Le parcours personnel

Vous avez fait un baccalauréat scientifique, puis des études littéraires. Quand vous êtes-vous dit que vous aimeriez devenir écrivain ? Parleriez-vous d’une vocation ?

Mon baccalauréat scientifique a été le résultat d’un compromis avec mon père, qui était pourtant très littéraire mais qui s’était forcé à faire des études scientifiques, et voulait me contraindre à faire de même. C’était la condition pour qu’il me laisse faire des études de lettres, car j’étais sûr de ne rien vouloir faire d’autre. Et de fait, dans la petite ville de Lorraine où je suis allé au lycée, les seules classes « fortes » étaient les classes scientifiques. Moi qui n’aimais que la poésie, je passais donc pour un garçon bizarre auprès de mes camarades. Je n’ai d’ailleurs strictement rien retenu de mes études secondaires dans les matières scientifiques, j’ai tout oublié dès que je l’ai pu. Après cet absurde parcours qui ne me convenait pas, mes études de lettres ont d’abord été difficiles ! Il a fallu que je rattrape mon retard en latin, par exemple. Mais je me suis accroché parce que mon père espérait toujours qu’à défaut de faire une grande école d’ingénieurs, j’irais « au moins faire Sciences Po » (sic !). Je ne le voulais pas non plus, je n’avais donc pas le choix, sauf à me brouiller avec mon père, ce que j’aurais peut-être dû faire, ce que j’aurais fait certainement s’il m’avait vraiment empêché d’aller au bout de ce que je souhaitais.

Il m’a quand même laissé faire les études que je voulais puisque j’y réussissais à peu près, mais il a toujours gardé le regret que je ne sois pas scientifique. Mon père a exercé sur moi, de la fin de mon enfance à la fin de mon adolescence, une très forte contrainte psychologique, une certaine violence même (non pas physique, mais mentale) et c’est surtout pour lui résister que je me suis mis à écrire, très tôt.

J’ai écrit mes premiers poèmes à l’âge de neuf ou dix ans, c’étaient des cris de révolte et d’indignation, je les dactylographiais (en en capitales et à l’encre rouge !) sur la machine à écrire de mon oncle chez qui je passais une grande partie des vacances, puis je les cachais. C’était un acte de survie. Cette source secrète de l’écriture est toujours là : écrire est toujours pour moi un acte clandestin, une sorte de complot, même si je n’ai pas publié mes poèmes les plus violents ; c’est pourquoi il n’est absolument pas évident pour moi de publier ce que j’écris.

Je ne me suis jamais posé la question de savoir si je voulais « devenir » poète, il me semble avoir toujours su que je l’étais, que je pouvais éventuellement faire autre chose en plus, à côté (j’ai songé, mais pas très sérieusement, à devenir musicien), mais que je n’avais pas d’autre moyen de respirer, de vivre, que d’écrire de la poésie. Je n’ai pas ressenti cela comme un privilège mais souvent comme une malédiction. Mais même le reste, les nouvelles, la prose en général, n’a jamais eu de sens pour moi qu’en fonction de la poésie. Il m’arrive de cesser d’en écrire : alors, je suis au bord de la suffocation.

Parmi les nombreux écrivains que vos prestigieuses études (hypokhâgne et khâgne à Louis-le-Grand, Ecole Normale Supérieure…) vous ont amené à découvrir, quelle a été la «rencontre » la plus marquante ?

Si l’on s’en tient au cadre des études, il y a avant tout Virgile. Comme je devais faire des progrès en latin – car en arrivant en hypokhâgne je peux dire que je n’en avais même pas appris sérieusement les rudiments –, je devais en lire une heure par jour, tous les jours, comme font les khâgneux, mais comme je n’aimais que la poésie et que je trouvais César et Cicéron ennuyeux, je me suis dit que mieux valait lire un poète pour ne pas me désintéresser de ce que je lisais.

J’ai donc lu toute l’Enéide en latin, d’abord avec difficulté, puis de moins au moins au fil des pages (c’est resté ma manière d’apprendre une langue), et cela m’a révélé tout simplement ce qu’était la poésie, en quoi cela consistait : faire tenir le plus de choses possible dans le moins de mots possible. C’est la tâche première du poète ; sans doute pas la seule, mais tous les devoirs du poète sont illustrés par Virgile. Puis j’ai lu les autres poètes latins, Ovide, les élégiaques, Horace. Et pour finir les historiens, bien sûr.

Au même moment, je me suis rendu compte grâce à un excellent professeur de littérature que Rimbaud devait une grande part de la nouveauté de sa langue aux poètes latins. Ce fut une révélation. Je connaissais Rimbaud mais je n’avais pas appris à observer ce qu’il fait quand il écrit. Après avoir été séduit par sa poésie, le choc fut de découvrir quel maître il était. Ce lien de Rimbaud mais aussi de très nombreux autres poètes avec la latinité a été une clef quand je me suis remis à écrire après mes années de khâgne (où le temps que je pouvais consacrer à écrire des poèmes avait évidemment été extrêmement réduit !), j’avais été complètement transformé par cette expérience de lecture, et aussi par la découverte de la philosophie, avant tout les Grecs et les représentants de l’idéalisme allemand, période où poésie et philosophie ne se séparent pas. Sinon, ce n’est pas par mes études que j’ai découvert les poètes modernes qui ont le plus compté pour moi, de Yeats à Luzi, c’est au fil de mes curiosités, de lectures souvent très désordonnées, boulimiques, commencées dès le lycée.

L’oeuvre

Il me semble qu’il y a dans votre œuvre poétique, notamment dans les Onzains de la nuit et du désir et plus encore dans les Neuvains du sommeil et de la sagesse, une dimension spirituelle qui permet de dépasser une inquiétude au demeurant assez vive. Plusieurs poèmes m’ont fait penser à Rûmi, au Cantique des Cantiques, par l’évocation d’une sorte d’amour mystique. Souscrivez-vous à cette lecture ?

Mais oui, je ne veux pas confondre poésie et prière, mais je ne conçois pas la poésie sans une quête spirituelle, au sens très large du terme. Ecrire un poème est pour moi de l’ordre d’un exercice de méditation. Ce n’est pas venu tout de suite, et certains de mes poèmes naissent encore tout autrement, mais enfin j’entends par méditation une forme de recueillement, de concentration, de descente en soi-même. La poésie qui ne relève pas essentiellement de cette attitude me laisse froid. Ce qu’on rencontre quand on pratique cet exercice, qui engage tout le corps, surtout la respiration mais aussi toutes les facultés mentales ordinairement réprimées, en particulier l’imagination, c’est un type de réalité ne permettant plus, à mon sens, d’accorder le moindre crédit à une conception de la vie qui fait de celle-ci un phénomène purement matériel. J’ajoute que cet « exercice » n’est absolument pas de tout repos, ni même sans danger. Mais il est vital.

J’espère que le lecteur de mes poèmes peut être mis sur la voie de cette attitude, qui certes pour moi coïncide avec mon ancrage dans la foi chrétienne, mais je n’écris pas du tout de poésie religieuse. La poésie pour moi n’a pas pour but de se substituer à la religion, ni de l’illustrer, ni de s’y soumettre, ni de lui faire concurrence, elle réveille et entretient en nous la capacité de faire accueil au divin, même quand elle a l’air de parler de tout autre chose. Le divin n’est pas la même chose que « Dieu », c’est une dimension qui fait partie du monde et dont le monde est la manifestation. C’est aussi la part de Dieu dont nous sommes les dépositaires. La religion s’occupe de Dieu, la poésie s’occupe du divin et donc de l’humain. D’ailleurs, si le Christ est Dieu, dans la mesure où il est aussi homme il s’exprime en poète. S’il existe une parenté de la poésie avec la mystique, elle se situe du côté de l’expérience du lien, dont la forme la plus évidente est l’amour, dans une alternance entre accomplissement et anéantissement de soi. Cela mériterait sûrement de plus longues explications.

Je me souviens que, lors de la journée d’études qui lui était consacrée à la Sorbonne en 2010, vous aviez interrogé Jean-Michel Maulpoix sur la tentation du récit, en remarquant que bien peu d’écrivains étaient à la fois poètes et romanciers. Vous, vous avez publié à la fois des textes poétiques et des textes narratifs (L’Isolement ; La Fée aux larmes)… S’agit-il de deux volets distincts de votre inspiration, ou bien d’une même quête poursuivie de deux façons différentes?

Pour moi, résolument, la même quête sous deux formes. Clausewitz dit que la diplomatie est la poursuite de la guerre par d’autres moyens, j’adapte volontiers cette formule (que je déforme sans doute un peu en la citant) au roman, au conte ou à la nouvelle dans leur rapport à la poésie. J’ai inséré des poèmes dans mon premier roman, où la poésie est incarnée par une femme. Plusieurs de mes nouvelles partent d’une image qui s’est d’abord imposée à moi dans un poème ; le moment où j’ai eu envie d’écrire ces nouvelles correspond au moment où, dans mon imagination, l’image d’abord presque immobile s’est en quelque sorte mise à « bouger », produisant ainsi du récit. Je crois aussi qu’il y a un avenir pour la poésie narrative, et qu’elle n’a jamais tout à fait disparu en dépit de la condamnation du « poème long » par Baudelaire (il y a des poèmes d’Apollinaire qui sont pleinement narratifs) ; d’abord parce qu’un poème peut très bien être un récit en miniature (surtout quand il est inspiré par un rêve, ce qui est fréquent chez moi), ensuite parce que je crois qu’en vertu de la loi de l’alternance des contraires, la poésie bientôt va inévitablement ressentir le besoin de reconquérir le terrain qu’elle a perdu depuis un siècle et demi au profit du roman « pur ». Cela s’annonce déjà dans certaines littératures, en allemand, en anglais, en italien. Mais en fait, le droit de raconter n’appartient en propre à aucun genre, la poésie n’a donc pas de raison de se le refuser. Cela pourra d’ailleurs donner le pire comme le meilleur ! Je crois beaucoup aussi à la persistance du conte dans le champ de la fiction, à la possibilité pour le roman de se nourrir du merveilleux. Le « réalisme magique » sud-américain n’a pas encore porté tous ses fruits ! Je n’ai publié qu’un seul conte mais j’en ai écrit d’autres et c’est une de mes pistes actuelles. On se méfie en général des « romans de poètes », et on a souvent raison, parce que le roman exige une maîtrise du temps narratif que les poètes ne possèdent pas souvent. Mais pour moi, poésie et roman se rejoignent par leur visée essentielle, c’est tout ce qui compte.

Le regard sur la littérature contemporaine

En tant que professeur, traducteur, éditeur, vous êtes un fin observateur de la littérature contemporaine. Voyez-vous émerger, de cet ensemble polymorphe et disparate, quelques tendances nouvelles ?

Au fond je viens déjà d’esquisser une ou deux réponses en parlant du retour éventuel du poème narratif, du roman en vers, ou d’un renouveau possible du conte. Nous sommes dans le brouillard aujourd’hui parce qu’il n’y a pas d’école littéraire (le temps des « ismes » est bien fini) et pour l’instant pas de figure vraiment dominante. Je suis surpris que des écrivains que je crois très importants restent au second plan : Claude Louis-Combet me semble depuis bien longtemps être l’un d’eux, il devrait être aussi reconnu que Michon, Quignard ou Bergounioux. Je ne doute pas que le temps travaille pour lui. Au fur et à mesure que le vingtième siècle s’éloigne, il change de visage : on va bien finir par s’apercevoir que François Augiéras, par exemple, est un écrivain majeur. Mais tout est lent parce que la multiplication et l’accélération des moyens de diffusion sont des phénomènes exclusivement mis au service de textes qui ne sont pas de la littérature, de livres qui ne sont pas des œuvres. J’ai été critique de poésie au Magazine littéraire pendant dix ans, je n’ai évidemment pas pu parler de tous les poètes que j’aurais aimé saluer, mais j’ai été frappé par le dynamisme de la création contemporaine, parce que je l’observais, je crois, sans préjugés. Je ne saurais la « classer » en écoles ou courants. Ce fut une expérience intéressante de pouvoir parler chaque mois de deux ou trois livres de poésie, une sorte de petit miracle qui, bien sûr, n’a pas pu durer. J’en viens maintenant à me demander si les œuvres les plus remarquables ne sont pas celles qui font le moins de bruit. Je crois que les Sonnets de mon ami Germont, que j’ai édités, qui datent d’il y a quarante ans, méritent d’être très largement lus ; ils le seront un jour, inévitablement, je n’ai aucun doute à ce sujet. Mais quand ? De même Paul Le Jéloux, dont je n’ai pas pu être l’éditeur alors que la Coopérative a presque été créée pour lui, devrait être salué comme un très grand poète, car sa «voix » se reconnaît du premier coup, et sa poésie est gorgée de vie, de sens, d’expérience : pourquoi n’est-il pas célèbre ? Ce sont des auteurs qui ont marqué ma jeunesse, et un jour on s’étonnera qu’ils soient passés inaperçus sur le moment. Est-ce une fatalité ? Je ne le crois pas, puisqu’Yves Bonnefoy ou Philippe Jaccottet ont, eux, connu une reconnaissance très large et méritée, même si elle a pris du temps (ce qui n’a pas empêché que Flammarion publie il y a quelques années une énorme anthologie de poésie contemporaine où le nom de Philippe Jaccottet n’était même pas cité, fût-ce en passant). Je ne crois de toute façon qu’aux choix individuels, chaque lecteur est unique, il en suffit d’un pour que la communication s’établisse. Le reste est affaire de chiffres, l’intendance est forcée de suivre, c’est peu important ; le vrai Maître en tout cela est le temps, qui finit par trancher entre les œuvres qui survivent et les autres. Les choses les plus notables de notre époque sont clandestines, mon ambition est de réussir à en repérer quelques-unes. Ma dernière découverte, c’est Marina Poydenot : D’un pas de flamme (éditions Unicité/Cahiers bleus) est un livre magnifique. Mais j’aurais évidemment d’autres noms à citer.

En ce qui concerne la poésie, le partage entre lyrisme et littéralisme, même s’il est très souvent considéré comme insuffisant et réducteur, demeure fréquemment convoqué, à défaut de mieux. Quelles autres classifications seraient-elles possibles ?

L’opposition théorisée par Jean-Michel Maulpoix est bien sûr pertinente. Il est inquiétant qu’elle définisse aujourd’hui deux « camps » qui, ou bien se livrent une sorte de guerre souterraine, ou bien s’ignorent au point de ne même plus débattre. Il y a en France une poésie semi-officielle, très présente dans la plupart des lieux subventionnés (je dis bien : « la plupart »), qui est clairement littéraliste. Cela dépasse la question de la poésie car un clivage analogue existe dans les achats des fonds régionaux d’art contemporain, où une posture de prétendue « radicalité » a engendré autant de clichés, et aussi ennuyeux, que l’académisme de jadis. Comme je suis classé « lyrique », je n’existe pas pour les instances de décision de ce genre, et cela n’aucune importance, car je n’ai besoin de rien. De mon point de vue, ce qui caractérise les poètes comme moi, ce n’est pas la forme dans laquelle ils écrivent, le fait que leurs poèmes soient longs ou courts, qu’il y ait ou non beaucoup de blanc sur les pages de leurs livres, qu’ils désarticulent ou non la syntaxe ou emploient plutôt tel lexique que tel autre : c’est très simplement qu’ils ont confiance dans la poésie. Je suis surtout frappé, et dans tous les arts, par le triomphe de la défiance. Pour « faire artiste » aux yeux des critiques influents, aujourd’hui, il faut avant tout se donner l’air de ne pas être dupe de l’art qu’on pratique. Que de chorégraphes déclarent que ce qu’ils font n’est surtout pas de la « danse », que de metteurs en scène expliquent qu’ils veulent ne surtout pas faire du « théâtre » (on entend les guillemets dans leur voix), que de romanciers veulent écrire autre chose que des romans, que de poètes ne veulent surtout pas que ce qu’ils écrivent soit de la « poésie ». Je comprends qu’on cherche de nouvelles formes d’art, qu’il y ait des vidéastes, des plasticiens qui font des installations, des «actions » en public (qui sont déjà une tradition, depuis les actionnistes viennois), et cela peut tout à fait m’intéresser. Mais il y a un point où pratiquer un art dans un état de défiance permanente envers celui-ci revient simplement à se donner l’air très malin pour impressionner le chaland, en comptant sur l’hypertrophie de son seul Moi d’artiste pour tout valider. Moi, je n’ai pas confiance en moi, mais j’ai confiance en la poésie. Je pense qu’elle en vaut la peine. Je pense que si l’on se méfie vraiment d’elle, si ce n’est pas là une posture, une comédie, alors il vaut mieux faire autre chose. La poésie mérite qu’on la serve au lieu de chercher à s’en servir.

Car il y a une urgence : le monde a un besoin trop essentiel de la poésie, même s’il ne le sait pas, pour qu’on la pratique avec négligence, narcissisme, désinvolture, en révolté de pacotille ou en dandy de l’illisible. C’est une chose que les musiciens seuls me semblent vraiment comprendre aujourd’hui, car il en va de même de la musique ; c’est peut-être pourquoi j’ai eu plus d’amis compositeurs que d’amis pratiquant d’autres arts. Les musiciens croient en la musique. Ils ne cherchent pas à faire semblant de se demander s’ils sont ou non musiciens. Ils servent leur art. De la même manière, je suis le serviteur de la poésie. Elle dépasse n’importe quel poète, elle est plus grande que nous tous, comme la musique est plus grande même que Bach, Mozart ou Beethoven : et ceux-ci étaient convaincus que leur art les dépassait. Je fais confiance à la poésie pour justifier mon existence, car si elle s’était refusée à moi je ne serais tout simplement plus en vie. Tout le reste, l’édition, la traduction, l’enseignement, dans le meilleur des cas ce sont des prolongements (j’essaie de traduire en poète), mais ça n’est pas le centre. Et la poésie, c’est un rapport essentiel au langage, donc à la chose la plus sacrée dont dispose l’être humain, sans lequel une langue se fige et meurt. Certains poètes me semblent traiter la poésie comme si elle était leur adversaire, voire leur ennemie ; comme s’il fallait toujours jouer au plus fin avec elle. Je ne ferai jamais cela. Et heureusement je ne suis pas le seul. Il me semble que c’est le vrai clivage aujourd’hui. « Lyrique » ou « littéraliste », peu importe: il faut jouer sa vie à chaque coup. Je suis peut-être un lyrique, mais dans mes poèmes il y a toutes sortes de jeux sur la lettre. Ce qui compte, c’est la fin, chaque poète invente ses propres moyens.

Merci infiniment, Jean-Yves Masson, pour ces passionnantes réflexions.

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11 commentaires sur « Questions à Jean-Yves Masson »

  1. Oui, la poésie est « un rapport essentiel au langage », ce grand Monsieur sait de quoi il parle. J’ai donné pour titre à un entretien que J-Y Masson a accepté de me donner en 2017, «L’épreuve du réel dans l’expérience poétique »
    pour une revue, L’en-Je lacanien. Dans un an, il sera en accès libre sur internet.

    Aimé par 1 personne

  2. Merci de citer Claude Louis-Combet, effectivement très grand écrivain trop peu « repéré ».

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  3. Très intéressant, à commencer par cette définition inattendue : « la poésie, en quoi cela consistait : faire tenir le plus de choses possible dans le moins de mots possible. » Inattendue, car pour moi c’est la définition même de la littérature. Autres idées : l’arc étendu au roman, aux nouvelles [et aux notes, je songe à l’admirable Chemin de ronde, si riche] ; le sacré se confondrait avec la descente en soi-même, qui outrepasse la seule introspection, etc. Enfin, la nécessité de la durée, et sa non-garantie. Merci pour ce beau travail.

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  4. Très enrichissant, autant pour un poète que pour un passionné de Poésie qui n’en écrit pas, à mon sens. Merci Jean-Yves Masson et Gabriel Vittorio

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