
On ne présente plus le poète angevin, l’une des plus grandes voix de la poésie française du XVIe siècle, membre fondateur de la Pléiade, qui renouvela le genre du sonnet en se détournant de la lyrique amoureuse au profit de l’évocation des lieux, le Petit Liré tant regretté, et la grande Rome tant admirée. Je voudrais aujourd’hui vous présenter le premier poème des Regrets de Du Bellay, qui n’est pas un sonnet, contrairement aux nombreux suivants, mais une épître dédicatoire, dans laquelle le poète donne le ton général du volume, et précise quelque peu son intention.
1. Le genre de l’épître dédicatoire
Il était commun, à l’époque de Du Bellay, de dédier une œuvre littéraire à une figure protectrice, généralement un haut membre de la noblesse. L’auteur doit faire l’éloge de cette personne, et en profite généralement pour présenter l’ouvrage que l’on va lire. Ici, le dédicataire est « Monsieur d’Avanson, conseiller du Roy ». Il s’agit probablement de Jean d’Avançon, dont on peut lire dans Wikipédia qu’il était surintendant des finances sous Henri II (c’était donc une sorte de ministre).
Il faut attendre la presque fin du poème pour que Du Bellay utilise la deuxième personne et se plie ainsi aux règles de l’épître dédicatoire, faisant la louange de son protecteur :
"Or si mes vers méritent qu’on les louë, Ou qu’on les blasme, à vous seul entre tous Je m’en rapporte ici : car c’est à vous, A vous, Seigneur, à qui seul je les vouë :"
On retrouve ici les marques usuelles de la déférence du poète envers son protecteur, présenté comme le meilleur « entre tous ». Du Bellay loue la « sagesse » et « l’équité » de Monsieur d’Avanson, tout en rappelant sa haute noblesse et ses respectables fonctions diplomatiques :
"Ce fut pourquoy ce sage et vaillant Prince, Vous honorant du nom d’Ambassadeur, Sur vostre doz deschargea sa grandeur, Pour la porter en estrange Province :"
Bref, vous l’aurez compris, il s’agit là d’un exemple éminent de cirage de pompes, qui porte la flatterie à la hauteur d’un grand art. Ce n’est évidemment pas cela qui fait l’intérêt de ce poème, mais il était bon de le rappeler : ce poème liminaire s’inscrit dans une tradition que l’on trouvera encore chez maints grands auteurs d’Ancien Régime.

2. Une poésie née de la douleur et de la peine
Ainsi commence ce long poème, composé de 27 quatrains de décasyllabes :
"Si je n’ay plus la faveur de la Muse, Et si mes vers se trouvent imparfaits, Le lieu, le temps, l’aage où je les ay faits, Et mes ennuis leur serviront d’excuse."
En apparence du moins, Du Bellay revendique la posture humble de celui qui s’avoue délaissé par les Muses. C’est en réalité une façon détournée de mettre l’accent sur les particularités de l’ouvrage que l’on va lire, rédigé dans un « lieu » et un « temps » bien précis, qui justifient les éventuelles « imperfections ». On sait en effet que les Regrets furent composés à Rome, où le poète assistait son oncle cardinal, et où il regrettait sa patrie natale. L’aveu d’imperfection est ainsi le moyen de revendiquer les singularités de l’ouvrage.
"J’estois à Rome au milieu de la guerre, Sortant desjà de l’aage plus dispos, A mes travaux cerchant quelque repos, Non pour louange ou pour faveur acquerre."
Le passage à l’imparfait signale une amorce de récit. Voici donc que Du Bellay nous raconte son histoire. Il se présente comme un homme d’âge mûr, en quête de « repos » plutôt que de gloire. Cela peut être une façon d’annoncer que l’ouvrage que l’on va lire ne correspond pas forcément aux critères communément admis pour faire la gloire du poète. On peut y voir, en somme, une revendication d’originalité. La suite du poème adopte la figure de la comparaison :

Le terme de « peine » et de « galère », les verbes « travailler » et « s’évertuer », montrent que Du Bellay compare sa création poétique aux travaux les plus harassants. Le travailleur et le galérien sont, eux aussi, des sortes de poètes, puisqu’ils font des « vers » ou des « tristes chants ». Du Bellay choisit ici d’humbles modèles : c’est revendiquer une poésie née avant tout de l’effort et du travail, et qui accompagne la douleur pour la rendre supportable.
Pour justifier cette poésie née de la douleur et de la peine, Du Bellay va ensuite convoquer des modèles antiques, à commencer par Achille :
"On dit qu’Achille, en remaschant son ire, De tels plaisirs souloit s’entretenir, Pour addoucir le triste souvenir De sa maistresse, aux fredons de sa lyre. Ainsi flattoit le regret de la sienne Perdue, hélas, pour la seconde fois, Cil qui jadis aux rochers et aux bois Faisoit ouïr sa harpe Thracienne."
L’ire d’Achille fait évidemment référence au premiers vers de l’Iliade :
"Μῆνιν ἄειδε, θεά, Πηληϊάδεω Ἀχιλῆος"
Le premier mot de ce vers, ménin, c’est la colère, la colère d’Achille, fils de Pelée, qui eut tant d’importance dans la guerre de Troie. Achille, nous dit Du Bellay, berçait sa colère en s’accompagnant de sa lyre. Il faut commenter la forme « souloit », forme de l’imparfait du verbe souloir qui signifie « avoir l’habitude de ». Le verbe « adoucir » marque une fonction essentielle de la poésie, qui est d’alléger les souffrances : nous verrons que le champ morphologique de la douceur est extrêmement abondant dans ce poème.
Précisons au passage qu’un fredon est un « ornement mélodique improvisé par le chanteur pour agrémenter le chant », et par extension le son d’un instrument.
Le poète se compare ensuite à Orphée, qui eut le malheur de perdre par deux fois la belle Eurydice, qu’il ne réussit pas à arracher des Enfers. En parlant de « harpe thracienne », Du Bellay rappelle qu’Orphée était le fils d’Œagre (Οἴαγρος), roi de Thrace. Le poète mythique était capable d’émouvoir les « rochers » et les « bois ».
Du Bellay justifie ainsi sa peine, et sa façon de l’adoucir par la poésie, en la rendant semblable à celle de ces deux prestigieuses figures mythiques. Comme eux, il a la Muse pour toute compagne :

La Muse apparaît trois fois en deux quatrains : le poète fait d’elle la « seule » confidente de sa peine. Du Bellay précise ici les causes de sa douleur : il se représente « banni de [sa] maison », ce qui est un terme extrêmement fort. Il faut aussi rappeler que le mot d’ennui avait à l’époque de Du Bellay une signification beaucoup plus forte qu’aujourd’hui : il ne s’agit pas d’un simple désagrément mais d’un véritable tourment, amplifié par un fort champ lexical (alarmes, peur, labeur, peine, larmes). Le poète dramatise sa propre situation, décrite comme un enfer que seule la Muse permet d’apaiser. En ce sens, écrire n’a rien d’un loisir gratuit, et se présente au contraire comme une activité essentielle et même vitale.
Le poète doit tout à la Muse :
"D’elle je tiens le repos et la vie, D’elle j’apprens à n’estre ambitieux, D’elle je tiens les saincts presens des Dieux, Et le mespris de fortune et d’envie."
L’anaphore du pronom « d’elle » insiste fortement sur le rôle prééminent de la Muse, tant en ce qui concerne l’existence même (« le repos et la vie ») qu’en ce qui regarde l’activité poétique à proprement parler. Le refus d’ « être ambitieux », le « mépris de fortune et d’envie » se lisent comme le prolongement de la première strophe, où le poète commençait par évoquer les imperfections de son propre travail.
Si la Muse et le pluriel de « Dieux » apparaissent comme des références mythologiques, ces affirmations présentent une humilité toute chrétienne.
3. Le piège des Muses
Dans la suite du poème, le poète parle de lui-même, de son enfance, de son exil, de son amour pour la poésie, mais cette dimension autobiographique est systématiquement supplantée par le surplomb du mythe. Les références antiques n’apparaissent pas, ici, comme un simple passage obligé : elles sont un véritable relais par lequel le poète peut se dire.
"Aussi sçait-elle, aiant dès mon enfance Tousjours guidé le cours de mon plaisir, Que le devoir, non l’avare desir, Si longuement me tient loin de la France. Je voudrois bien (car pour suivre la Muse J’ay sur mon doz chargé la pauvreté) Ne m’estre au trac des neuf Sœurs arresté, Pour aller voir la source de Meduse. Mais que feray-je à fin d’eschapper d’elles ? Leur chant flatteur a trompé mes esprits, Et les appas ausquels elles m’ont pris D’un doux lien ont englué mes ailes."
Du Bellay tient à préciser que, s’il se trouve loin de sa douce France, ce n’est pas par « désir » égoïste, mais bien par « devoir ». Il fait de la Muse un repère absolu, qui l’a guidé « dès [son] enfance ». Mieux, le poète n’a pas choisi d’aimer les Muses, il est tombé dans leur piège !
« Je voudrais bien », dit le poète (on dirait plus volontiers aujourd’hui : « j’aurais bien voulu »), « ne m’être au trac des neuf Sœurs arrêté ». Les neuf sœurs, ce sont les neuf Muses, bien sûr : Calliope, Clio, Érato, Euterpe, Melpomène, Polymnie, Terpsichore, Thalie et Uranie. Le mot de trac désigne la trace que laissent des animaux ; ici, le mot est pris en étendant son sens aux Muses. La référence à Méduse, l’une des trois Gorgones, fait du poète un continuateur de Persée.
Aussi le poète se peint-il en victime des Muses. Il ne fait que subir leur influence, et il est impossible de s’y soustraire. C’est bien là le sens de la question rhétorique « Mais que ferais-je afin d’échapper d’elles ? » Les Muses apparaissent ici comme des femmes trompeuses, dont l’envoûtement a quelque chose de la sorcellerie. Le rapprochement avec Méduse va dans ce sens. On pense aussi, bien sûr, au mythe biblique du péché originel, qui fait de la femme une tentatrice. L’adjectif « flatteur », le verbe « tromper », le substantif « appâts », l’expression de « doux lien » instaurent ainsi le champ lexical du piège.

Une autre référence mythologique prolonge cette affirmation : sans les nommer directement, Du Bellay évoque les Sirènes dans la strophe suivante. Pour rappel, ces créatures mythologiques, mi-femmes, mi-oiseaux, apparaissent dans l’Odyssée où le courageux Ulysse parvient à écouter leur chant en se faisant ligoter à un mât par ses compagnons, tandis que les compagnons eux-mêmes avaient les oreilles bouchées par de la cire.
"Non autrement que d’une douce force D’Ulysse estoyent les compagnons liez, Et, sans penser aux travaux oubliez Aimoyent le fruict qui leur servoit d’amorce."
Cette comparaison permet à Du Bellay d’instaurer le caractère irrépressible de son adoration des Muses. L’oxymore « d’une douce force » souligne la dimension surnaturelle d’un pouvoir à la fois très puissant et très doux. C’est, si l’on veut, une poigne de fer dans un gant de velours. Cette « douce force » produit l’oubli : « sans penser aux travaux oubliés », les compagnons d’Ulysse « aimaient le fruit qui leur servait d’amorce ». On notera le rapprochement des antonymes « fruit » et « amorce » : ils prenaient le produit, le « fruit », donc ce qui vient à la fin, pour « l’amorce », ce qui vient au début. Cela peut faire penser également à l’épisode des Lotophages, où les compagnons d’Ulysse ont perdu la mémoire pour avoir consommé du Lotos.
Du Bellay se peint ensuite comme la victime d’un philtre d’amour :
"Celuy qui a de l’amoureux breuvage Gousté, mal sain, le poison doux-amer, Cognoit son mal, et contraint de l’aymer, Suit le lien qui le tient en servage."
L’adjectif composé « doux-amer » file l’image introduite par l’oxymore d’une « douce force ». Le « poison » est donc à la fois le plus délicieux nectar et le piège le plus fatal. La victime se retrouve « contraint[e] de l’aimer » et de vénérer le « lien » qui la réduit en esclavage. Il est donc impossible de se soustraire à l’attrait des Muses, qui est tout à la fois une malédiction et une bénédiction. Cela permet à Du Bellay d’introduire un magnifique éloge de la poésie.
4. Éloge de la poésie
"Pour ce me plaist la douce poésie, Et le doux traict par qui je fus blessé : Dès le berceau la Muse m’a laissé Cest aiguillon dedans la fantaisie."
Un « trait », dans la langue du XVIe siècle, c’est une flèche. Ronsard parle ainsi abondamment des traits qui lui percent le cœur, reprenant ainsi à son compte le célèbre mythe de Cupidon, fréquemment représenté comme un archer qui vise le cœur des hommes afin d’y faire naître des sentiments amoureux. Ici, Du Bellay parle également d’ « aiguillon », dans le même sens. On notera l’oxymore de « doux trait », prolongeant ce qui précède. Le poète se représente ainsi comme marqué, « dès le berceau », de l’empreinte de la Muse. Cet adjectif « doux » qualifie également la « douce poésie » : la répétition marque ainsi le lien entre cette blessure natale et cette passion pour l’art. Dès lors, la poésie n’est pas seulement, pour Du Bellay, une occupation parmi d’autres, un loisir, ni même un métier : elle est quelque chose de bien plus essentiel, qui a marqué sa vie à jamais.
"Je suis content qu’on appelle folie De nos esprits la saincte deité, Mais ce n’est pas sans quelque utilité Que telle erreur si doucement nous lie. Elle esblouït les yeux de la pensee Pour quelquefois ne voir nostre malheur, Et d’un doux charme enchante la douleur Dont nuict et jour nostre ame est offensee."
En plaçant en fin de vers les termes contraires de « folie » et de « déité », Du Bellay fait de la poésie un art de l’excès, qui a trait à l’extraordinaire, quelle que soit l’explication qu’on en donne. Certains (« on ») parlent de « folie », Du Bellay y voit plutôt une « sainte déité ». Cela peut faire penser au fameux furor divinus dont les Anciens pensaient que le poète était pris. Pour Platon en particulier, le poète était habité par une parole qui le dépassait, et c’est bien pour cela qu’il souhaitait l’exclure de sa Cité idéale. Si la poésie est une « erreur », c’est en ce qu’elle a quelque chose d’irrationnel. Du Bellay y voit pourtant de l’ « utilité ».
On retrouve encore ici l’adverbe « doucement » et l’expression de « doux charme », comme si cette douceur était la marque même du caractère surnaturel de la poésie. La poésie permet ainsi de sublimer le « malheur » et la « douleur » (termes placés à la rime). La poésie apparaît ainsi comme un baume, un « charme » (du latin carmen qui désigne aussi la poésie), un enchantement.
Le poète conclut :
"Ainsi encor’ la vineuse prestresse, Qui de ses criz Ide va remplissant, Ne sent le coup du thyrse la blessant, Et je ne sens le malheur qui me presse. Quelqu’un dira : de quoy servent ses plainctes ? Comme de l’arbre on voit naistre le fruict, Ainsi les fruicts que la douleur produict, Sont les souspirs et les larmes non feinctes. De quelque mal un chacun se lamente, Mais les moyens de plaindre sont divers : J’ay, quant à moy, choisi celuy des vers Pour desaigrir l’ennuy qui me tourmente. Et c’est pourquoy d’une douce satyre Entremeslant les espines aux fleurs, Pour ne fascher le monde de mes pleurs, J’appreste ici le plus souvent à rire."
La comparaison à « la vineuse prêtresse » désigne peut-être la Pythie, prêtresse d’Apollon dont les prophéties avaient quelque chose de poétique, ou une Sibylle, autre prophétesse de l’Antiquité grecque. Ses paroles sont des « cris ». Le « thyrse » est le sceptre de Dionysos (il existe un beau poème de Baudelaire à son sujet). Comme cette prêtresse, donc, Du Bellay ne sent pas la douleur, mais seulement la douceur, de cet étrange mal qui est d’être frappé par les Muses.
Dans les vers suivants, on notera surtout le registre de la plainte (« plaintes », « douleur », « soupirs », « larmes non feintes », « chacun se lamente », « plaindre », « ennui », « tourmente »). Si Du Bellay a choisi les vers, c’est donc pour exprimer une douleur. Il place ainsi sa poésie dans le registre de la complainte, dans le genre de l’élégie. Les « vers » apparaissent comme un remède à cet « ennui » (déjà bien avant le Spleen de Baudelaire !). On retrouve l’adjectif « douce » (cet adjectif est tellement présent qu’il faudrait s’y intéresser spécifiquement !) dans l’expression de « douce satire », ensuite explicitée par l’image de la rose qui possède tout à la fois des « épines » et des « fleurs ». On notera ainsi le placement en fin de vers des antonymes « pleurs » et « rire ».
Apparaît ainsi la valeur programmatique du poème, donnant le ton d’un ouvrage placé sous le signe des « Regrets », de la douleur et de la peine, mais aussi de la douceur (motif récurrent tout au long du poème) et même du rire. Le poète se place en serviteur obligé des Muses, et annonce une poésie marquée tout à la fois par la « pleurs » et par le « rire », donc par la satire et par l’élégie.

J’espère que vous aurez aimé ce poème, certes assez long, mais qui est un puissant éloge de la poésie, et une affirmation de la singularité d’une œuvre dont le sujet central est personnel et intime (l’exil), même s’il s’exprime à travers un très fréquent recours aux figures de la mythologie. J’ai cité cette épître dédicatoire à Monsieur d’Avanson en utilisant l’orthographe d’origine, suivant en cela Wikisource qui a choisi l’édition de 1903 des Œuvres complètes de Du Bellay, laquelle paraît reproduire le texte de l’édition de 1558 imprimée par Morel à Paris. Les différentes impressions d’écran qui émaillent cet article proviennent du fac-similé publié par Wikisource.

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Je ne le connaissais pas…vraiment délectable ! Merci, Gabriel Vittorio ! Vous me rendez la belle poesie si accessible ! J’ai même cherché et trouvé L’épitaphe d’un chat ! Je vais essayer jouer à le traduire !
https://www.poetica.fr/poeme-5842/joachim-du-bellay-epitaphe-chat/
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Celebrer la harpe Thracienne y compris la fire archetipale d Orphee- le poete de lerope meme – l auteur de la Pleiade s appuye sur un mythe fondamental et rend hommage a la cahson capable de renverser les lois de la mort et de la vie! A la recherche d Eurydice – par la chanson tutelaire de la lyre ou par le tyrse de Dyonissos – c est rendre gloire a la Mere Terre, a la premiere Deesse! toujours a partir des teritoires apres et mysterieuses des anciens Thraces!
Dyonisso et Lange de Da Vinci – leur representation jumelle! quelle synthese!
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