On m’a récemment demandé d’expliquer ces formes curieuses que l’on rencontre parfois dans les textes : « affirmé-je ». Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas là d’une erreur ou d’une transcription incorrecte de l’imparfait. Il s’agit d’un signe euphonique. Quelques explications.
L’inversion du sujet dans des phrases interrogatives engendre parfois des séquences très difficiles à prononcer. Il est donc parfois nécessaire d’introduire des signes purement euphoniques. Ils n’ont pas de fonction grammaticale autre que celle de faciliter la prononciation.
Le signe le plus connu est le « t euphonique ». C’est cette lettre qui permet de faire entendre le son [t] à des endroits où il n’est pas requis par la conjugaison, simplement afin de faciliter la prononciation.
Par exemple, on écrit a-t-il et non *a-il, faisant ainsi entendre le son [t], sur le modèle de dit-il.
Un autre signe, moins connu car moins utilisé, est l’accent aigu. Lui aussi vise uniquement à faciliter la prononciation de certains verbes, lorsque le pronom personnel je est post-posé, principalement en contexte interrogatif.
On écrira ainsi mangé-je, et non mange-je. Et, de même, affirmé-je, etc. Ces formes sont bien, malgré leur accent, des formes du présent simple de l’indicatif (ou, le cas échéant, du subjonctif).
Pour ma part, je trouve ces formes relativement peu élégantes, aussi hésité-je à les employer à tout bout de champ, leur préférant des tournures équivalentes, sauf bien sûr par plaisanterie. 😉
Et vous, quelle est votre opinion sur ces signes ? N’hésitez pas à laisser vos remarques dans l’espace des commentaires !
Quelques précisions
Je me permets d’apporter quelques précisions supplémentaires à cet article, grâce aux remarques de Jean-Pierre Dubois et Françoise Nore, membres du groupe « linguistique française et indo-européenne » sur Facebook.
On peut donc préciser que le t euphonique « reste bel et bien une réminiscence des formes latines, qui, toutes, le comportaient à la troisième personne du singulier ».
En outre, certains mots dérivés emploient une consonne non étymologique, que l’on pourra dire euphonique, pour se former. Ainsi :
– sirop → siroter
– cauchemar → cauchemarder
– Victor Hugo → hugolien
– tabac → tabatière.

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Merci !
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« Le signe le plus connu est le “t euphonique”. C’est cette lettre qui permet de faire entendre le son [t] à des endroits où il n’est pas requis par la conjugaison, simplement afin de faciliter la prononciation. » : peut-être convenait-il en outre de rappeler que ce « t » reste bel et bien une réminiscence des formes latines, qui, toutes, le comportaient à la troisième personne du singulier, ou me trompé-je ? 🥳
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On le trouve aussi dans des dérivés, comme « sirop » > « siroter ».
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Merci Gabriel, très instructif !
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Dans les familles
sirop/sirupeux/siroter
tabac/tabacologie/tabatière
caoutchouc/caoutchouteux
Le remplacement d’une consonne par une autre ne vient-il pas de ce que les sons [p], [k] et [t] se ressemblent? On remplace une occlusive sourde par une autre. Mais ce peut s’expliquer par l’euphonie parce que, de ces trois sons, le [t] semble le plus facile à prononcer.
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