La contemplation selon Yves Leclair

Je voudrais vous parler aujourd’hui d’un petit livre qui fait partie des ouvrages que je me suis offerts pour mon anniversaire. Il s’intitule Manuel de contemplation en montagne, et il a pour auteur Yves Leclair, poète français né en 1954 près d’Angers, qui a publié de nombreux recueils poétiques, mais aussi des récits et des essais.

Wikipédia classe cet ouvrage parmi les « récits ». Il ne s’agit pourtant pas de narration au sens strict de ce terme. Comment pourrait-il en être autrement, s’agissant de « contemplation », et donc d’être plutôt que de faire ? Mais, malgré le titre de « manuel », le livre ne se lit pas davantage comme un essai, et encore moins, bien entendu, comme un guide pratique. Il paraît évident que la sagesse, si elle peut s’apprendre, ne consiste pas en l’application de recettes toutes faites. On pourrait donc penser que la meilleure façon de considérer cet ouvrage, c’est encore de le lire comme de la poésie. Cependant, on y trouve des fragments plutôt que des poèmes, des notes comme prises au fil des heures, des citations, empruntées aux grands penseurs occidentaux et orientaux. Si l’on voulait comparer cet ouvrage à d’autres, on pourrait penser à la Semaison de Philippe Jaccottet, par exemple.

De quoi parle ce Manuel de contemplation ? Du chant des oiseaux, des jeux de la lumière, du paysage, du temps lui-même… Il ne s’agit que de contempler tout cela, jouissant d’une oisiveté qui contraste nettement avec l’agitation frénétique de nos sociétés trop empressées, trop agitées et trop inquiètes. Que l’on parle de pleine conscience de l’instant présent (J. Kabat-Zinn), de non agir (le wu wei chinois), de retournement de l’attention (J. Leroy), de sérénité, de contemplation, tous ces termes désignent en somme cette sagesse-là, qui s’explique moins qu’elle ne s’éprouve, dans la simplicité du quotidien. Les nombreuses citations et références, aux sages de l’Orient comme aux poètes occidentaux, suggèrent que, par-delà les différences culturelles, il y a bien quelque chose d’universel dans cette contemplation quiète.

Je ne peux donc que recommander la lecture du Manuel de contemplation en montagne d’Yves Leclair (Paris, La Table Ronde, 2005). L’esthétique de la note autorise une lecture fragmentée, où il s’agit moins de dérouler le fil d’une pensée que de s’imprégner de ces petits énoncés brefs, qui vont du haïku en prose (si l’on peut s’exprimer ainsi) à des paragraphes un peu plus longs et méditatifs.

« Cette obole de lumière brûle en nous depuis toujours, souvent à notre insu ; et nous passons le plus clair de nos existences à tâtonner autour d’elle quand nous ne l’oublions pas dans le vertige de nos vacations, quand nous ne l’étouffons pas dans la gangue de notre faux confort mental, quand nous croyons la tenir entre les dents de nos savoirs, c’est-à-dire de nos peurs, de nos masques, de notre ignorance. » (p. 19)

Références de l’ouvrage
Yves LECLAIR, Manuel de méditation en montagne, Paris, La Table Ronde, 2005. ISBN: 2-7103-2784-0.

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