Types et formes de phrase: quelles différences ?

La parution des « ajustements » des programmes scolaires fait décidément couler beaucoup d’encre. Sur les réseaux sociaux, beaucoup d’enseignants s’émeuvent de ce que la façon dont sont définis les types et formes de phrases diffère sensiblement de la manière qu’ils ont de présenter ces notions à leurs élèves. J’ai cru, dans un premier temps, à une coquille. Il semblerait que ce ne soit pas le cas. Quelques explications.

1. Ce que j’ai moi-même appris à l’école

Mes propres souvenirs d’élève puis d’étudiant distinguent quatre types de phrases, lesquels peuvent se combiner avec deux formes.

  • La phrase déclarative, qui permet de déclarer des choses et se termine par un point: Le petit chat est sorti par la fenêtre.
  • La phrase interrogative, qui permet généralement de poser une question, se termine par un point d’interrogation : Où est le petit chat ?
  • La phrase exclamative, qui permet d’exprimer un sentiment fort comme la surprise, la colère, l’émerveillement, se termine par un point d’exclamation : Quel joli petit chat!
  • La phrase impérative, qui permet généralement de formuler un ordre, se termine par un point d’exclamation : Ne reste pas là ! Donne à manger au chat !

Plusieurs critères permettent de distinguer ces types. Par exemple, l’inversion du sujet et/ou la présence de mots interrogatifs caractérisent la phrase interrogative. Il y a aussi des critères oraux, correspondant à des changements d’intonation. Mais le critère le plus simple, le plus visible, reste la ponctuation.

  • Le point est un signe de ponctuation « neutre » et marque ainsi les phrases déclaratives.
  • Le point d’interrogation est placé à la fin des phrases interrogatives. Il correspond, à l’oral, à une intonation montante.
  • Le point d’exclamation marque une certaine intensité dans la prononciation orale de la phrase. Il caractérise ainsi aussi bien les phrases exclamatives que les phrases impératives.

Ces quatre types admettent deux formes : la forme affirmative et la forme négative. On peut donc représenter, sous la forme d’un tableau à double entrée, la combinaison des types et des formes :

Cette façon de présenter les choses a sans doute des défauts, mais je trouve qu’elle a le mérite d’être assez claire et cohérente.

2. Ce que disent les programmes 2018

Pendant l’été 2018, des « ajustements » aux programmes sont parus au bulletin officiel. Ils présentent les choses d’une manière différente :

« – Reconnaître les trois types de phrases : déclaratives, interrogatives et impératives ;
– reconnaître les formes négative et exclamative et savoir effectuer des transformations »
.

La phrase exclamative devient ainsi une « forme » de phrase au même titre que la négation. J’ai, au départ, cru à une coquille. Mais, sur les réseaux sociaux, l’on peut lire que Mme Picot, très connue dans le milieu enseignant pour être l’auteur de manuels très utilisés, affirmerait que ce n’est pas une erreur.

3. Pourquoi cette nouvelle présentation peut s’expliquer

Parler de « forme » pour l’exclamation peut néanmoins s’expliquer, dans la mesure où les « types » sont censés être exclusifs les uns des autres, tandis que l’exclamation peut apparaître dans des phrases de tous types.

Dans les bandes dessinées, on rencontre parfois la succession d’un point d’interrogation et d’un point d’exclamation pour traduire l’effarement. De fait, si vous vous exclamez : « Comment cela a-t-il pu se produire ?« , vous faites une phrase qui est à la fois interrogative et exclamative.

Mais on voit que, si l’on parle de « forme exclamative », il ne s’agit pas pour autant de rapprocher celle-ci de la forme négative. Les deux formes ne sont pas exclusives l’une de l’autre (alors que la forme affirmative et la forme négative sont bien une alternative, on ne peut avoir l’une sans l’autre).

4. Pourquoi cette nouvelle présentation peut gêner

Je trouve qu’il était assez clair d’expliquer que ces quatre types pouvaient être soit mis à la forme affirmative, soit mis à la forme négative. En gros, la « forme » était un curseur « +/- » qui pouvait s’appliquer à chacun des quatre types de phrases. Il y avait deux alternatives, exclusives l’une de l’autre, pour chaque type de phrase.

Avec la nouvelle façon de présenter les choses, on voit peut-être moins bien que les formes affirmative et négative constituent un couple d’opposés, et que la phrase exclamative n’a pas grand-chose à voir avec la transformation négative.

De fait, on peut mettre une phrase exclamative à la forme négative, ce qui montre bien que la forme négative est une forme de la phrase exclamative.

Deux analyses différentes ?

Il faut, à mon avis, éviter toute confusion d’échelle entre l’analyse grammaticale du type de phrase et l’analyse de l’acte de langage porté par cette phrase. Ce sont deux analyses différentes que l’on peut faire d’une même phrase, parce que l’on ne se place pas à la même échelle.

Je m’explique. La phrase « Pouvez-vous baisser le store ? » s’analyse grammaticalement comme une phrase interrogative. Elle a un sujet inversé et un point d’interrogation : c’est bien une phrase de type interrogatif. Mais si l’on se place au niveau « pragmatique », si l’on s’intéresse aux actes de langage, on se rend compte qu’en fait, la personne qui parle ne veut pas connaître la capacité de son interlocuteur à baisser le store : en fait, elle lui demande poliment de le faire. La tournure interrogative permet d’adoucir, par politesse, ce qui est en réalité un ordre. Mais ça n’empêche pas que la phrase est bien de type interrogatif, non une phrase de type impératif.

  • Dans une analyse grammaticale, on s’intéresse à la phrase en dehors de tout élément de contexte. Pouvez-vous baisser le store ? est alors analysé comme une phrase interrogative.
  • Si on ne s’intéresse pas seulement à la grammaire mais plus largement à la situation de communication dans son ensemble, alors il apparaît qu’une telle phrase interrogative correspond en réalité à un acte de langage qui est ici un ordre exprimé poliment.

Ces deux analyses sont toutes deux valables, mais elles ne disent pas la même chose parce qu’elles ne se placent pas au même point de vue.

De la même façon, une phrase comme « Je me demande pourquoi tu es rentré si tard. » est syntaxiquement une phrase déclarative, même si elle contient une proposition subordonnée interrogative indirecte qui fait que, du point de vue de l’acte de langage, c’est bien une question qui est posée.

Partant de là, c’est uniquement une analyse tenant compte du contexte qui permet de dire s’il y a une dimension exclamative dans une question telle que « Comment cela a-t-il pu se produire ? ». En revanche, du point de vue grammatical, c’est-à-dire sans savoir si la personne qui a prononcé cette phrase était ou non énervée, on peut seulement dire que la phrase est de type interrogatif. Si l’on fait du type ou de la forme quelque chose de purement grammatical, alors il n’y a pas de phrase interro-exclamative.

Dès lors, lorsqu’on s’adresse à des enfants qui doivent simplement apprendre à s’emparer correctement de la langue pour s’exprimer, il peut paraître légitime de ne parler d’exclamation que lorsque l’on est en présence de marqueurs spécifiques, c’est-à-dire dans des phrases telles que « Comme cet oiseau et joli ! », « Que cela me semble beau ! », où il y a des mots exclamatifs et un point d’exclamation. Aussi est-il peut-être plus simple de rapprocher l’exclamation de l’interrogation et de l’ordre plutôt que de la négation.

5. Ce que dit la grammaire universitaire

Pour trancher, on peut consulter la Grammaire méthodique du français, par Martin Riegel, Jean-Christophe Pellat et René Rioul. Cet ouvrage volumineux (plus de 1000 pages) peut être considéré comme la bible de l’étudiant. Il s’agit d’un ouvrage de référence recommandé par les professeurs de grammaire jusqu’à l’agrégation. Il va donc sans dire que cet ouvrage pousse la réflexion beaucoup plus loin que ce que l’on peut enseigner à des enfants de niveau primaire.

On y apprend qu’il existe deux écoles pour l’analyse des types de phrases :

On voit donc que, si l’exclamation n’est pas considérée comme un « type » par l’approche énonciative issue des travaux d’Austin, elle l’est en revanche dans l’approche syntaxique développée par Chomsky. Cela explique peut-être la différence entre les anciens programmes et les ajustements de 2018.

Pour ma part, j’aurais apprécié que les quatre formes de l’approche syntaxique soient présentées de la façon suivante : Actif/Passif ; Affirmatif/Négatif ; Non-emphatique/Emphatique ; Personnel/Impersonnel. Cela rendrait sa visibilité à la forme affirmative, même si elle est « non marquée » par rapport à la forme négative.

Dans un paragraphe spécifique, la Grammaire méthodique du français va plutôt dans le sens de faire de l’exclamatif une coloration de la phrase plutôt qu’un type à part entière. Je cite :

« Les trois types obligatoires correspondant à un acte de langage spécifique, fondé sur le type de relation établi entre le locuteur et son destinataire ; l’expression de la subjectivité ne constitue pas un acte de langage premier et unique. Par l’exclamation, le locuteur apporte une information supplémentaire : son sentiment à l’égard de ce qu’il dit. De ce point de vue, l’exclamation vient plutôt se surajouter à un des trois types obligatoires, auquel elle apporte sa coloration subjective. Elle ne peut donc pas être traitée, au même niveau, comme un type obligatoire. » (p. 663)

6. Comment réconcilier tout le monde ?

Pour réconcilier tout le monde, je trouve qu’il faudrait certes sortir l’exclamation des « types » obligatoires, mais cependant garder sous le terme de « forme » la seule alternative entre affirmation ou négation. Voilà donc comment je verrais les choses.

L’avantage de la présentation personnelle ci-dessus est qu’elle permet de tenir compte du fait que l’exclamation n’est plus considérée comme un type à part entière, sans pour autant tout mélanger en plaçant l’exclamation sur le même plan que les formes affirmative et négative. Ceci, pour éviter de parler de trois formes affirmative, négative et exclamative, ce qui n’a selon moi aucun sens.

Une phrase possède ainsi :

  • l’une des trois caractéristiques inscrites en orange (elle est soit déclarative, soit interrogative, soit impérative),
  • l’une des trois caractéristiques inscrites en bleu (elle est soit affirmative, soit négative),
  • l’une des trois caractéristiques inscrites en vert (elle est soit à la voix active, soit à la voix passive).
  • Elle est, de même, soit personnelle, soit impersonnelle ; soit emphatique, soit non-emphatique ; soit exclamative, soit non-exclamative.

En gros, pour décrire une phrase, il faut choisir une case dans chaque bloc de couleur.

Bien sûr, ceci est sans doute trop compliqué à expliquer à des élèves, et il me semble que le plus simple est encore de partir de la ponctuation pour identifier les phrases déclaratives (Hier, Maman est allée au marché.), les phrases interrogatives (Où Maman est-elle allée ?) et les phrases à point d’exclamation, qui sont soit des phrases impératives (Pense à acheter des fraises !) soit des phrases exclamatives (Elle était ravie !). Chacun de ces types de phrase peut être à la forme affirmative ou négative, et peut recevoir ou non une coloration exclamative.

La parole est à vous !

Le débat est ouvert : laquelle des deux versions (anciens programmes ou nouveaux programmes) trouvez-vous la plus claire ? Je vais poster cet article sur les réseaux sociaux de manière à obtenir un maximum d’opinions. Que vous soyez prof du primaire, du secondaire, universitaire, grammairien, ou simple amateur de langue française, votre avis m’intéresse !

63 commentaires sur « Types et formes de phrase: quelles différences ? »

    1. Entièrement d’accord avec Jamais Onlr. Il y a aussi forme neutre et forme emphatique mais ce n’est pas exploitable en primaire 😀. Pourquoi veulent-ils changer ça ? Pour rendre la grammaire encore plus compliquée pour les élèves ????

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    2. On est dans la mélasse depuis qu’on s’est avisé de doubler la complication, avec l’inutile distinction entre types et formes de phrases. Il vaut mieux distinguer 4 formes de phrases essentiellement : affirmative, négative, interrogative et interro-négative. On voit les phrases impératives, qui peuvent revêtir beaucoup de formes différentes, dans un tout autre chapitre, de même que les phrases exclamatives.

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  1. Je pense qu’apprendre que l’exclamation peut se cumuler avec les types est nécessaire, car après les élèves retiennent seulement qu’un point d’exclamation donne une phrase exclamative (et souvent ce n’est pas l’information la plus pertinente). La formulation proposée par l’auteur à la fin de cet article me semble pertinente.

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  2. Je vais garder les terminologies 4 types et 2 formes mais en insistant comme d’ailleurs je le faisais déjà sur l’usage particulier du point d’exclamation

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  3. Je traite toujours la phrase exclamative avec les types de phrase mais en précisant bien que l’exclamative est toujours conjointe à un autre type de phrase. C’est ce qui est écrit dans la GMF.
    Comme elle se joint à un autre type de phrase, à la manière des formes de phrases, j’imagine qu’on peut la considérer comme telle, mais il est vrai que c’est un peu étrange, et je pense que cela risque de perturber fortement nos élèves…

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  4. Pour moi, c’est un type de phrase. La forme de phrase, c’est pas plutôt « affirmative / négative », des trucs comme ça ? Bon, de toute façon, qu’on dise forme ou type, vu que les élèves n’apprennent pas la leçon, ils n’en sauront pas plus

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  5. Bravo pour cet article très clair et pour cette louable et audacieuse envie de vouloir réconcilier les grammairiens. Je suis tout à fait partante pour enseigner de cette manière, je trouve ça en effet bien plus clair !

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  6. Faire passer le type exclamatif dans les formes de phrases… C’est vraiment curieux ! Il s’agit de toute évidence d’un changement dans la manière de voir la modalité et l’acte d’énonciation. Querelles de linguistes qui n’auront finalement aucun impact sur les élèves de l’école primaire

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  7. Cet article est très intéressant (malgré l’erreur orthographique « sujet inverser »). La proposition des cases de couleur est pertinente au niveau du contenu. Je ne sais pas si des linguistes grammairiens la valideraient, tant certains semblent se crisper dès qu’il faut sortir des habituels courants.

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      1. Un GRAND merci pour cet éclairage types et formes et je vais adopter pour cette année la formulation COLORATION exclamative (et non forme)!!
        Tout à fait d’accord pour garder le fait qu’un type de phrases peut être +/- donc affirmative et négative et que par suite:
        = toute phrase avec un type et une forme peut avoir cette COLORATION exclamative ou non… Je pense que cela sera accessible à des CM, qui se feront un plaisir de faire de chaque phrase à l’oral une coloration excl ou pas! Jeux oraux en perspective! Yes!! Merci encore!

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  8. Bonsoir, je suis professeur des écoles et je suis complètement d’accord avec l’idée de coloration. J’ai simplement modifié mes leçons en supprimant le type exclamatif ( que je trouve très justifié). Je l’ai ajouté dans la leçon « forme de phrase » en disant qu’il y en avait 3 (bof), mais que l’une était une « coloration ».. donc 2 + 1 coloration car elle peut s’ajouter à n’importe quel type et forme de phrase.
    Merci pour cet article ! Le mot coloration est parfait et adopté !

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    1. Eh bien, ce sont les phrases semblables à l’exemple suivant : « Oh, comme cette fleur est jolie ! »
      Les phrases interro-exclamatives sont semblables à l’exemple suivant : « Wahou, comment le magicien a-t-il fait disparaître le lapin ?! »
      Les phrases impérativo-exclamatives sont semblables à l’exemple suivant : « Tais toi ! »
      Toutes ces phrases peuvent également être mises à la forme négative.

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  9. La Forme Exclamative Et Non La Phrase Exclamative ! Pas Mal. Cependant, Elle Semble Plus Universitaire Que Secondaire Ou Primaire. Surtout Pas. Je Valide La Forme Comme Démontrée Dans L’article Ci-haut. Bravo Aux Illustrations Et Explications De L’auteur. Mes Regrets, Je Venais Déjà D’enseigner Les 4 Types De Phrases, A Défaut De Connexion.

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  10. Justement, j’étais en train de faire le point sur tout ça, et j’adore ton nouveau classement. Cela fait bien longtemps que je ne m’étais pas perdue dans les limbes grammaticales… J’ai toutefois une question, ou une remarque. Je suis entièrement d’accord pour les 3 types, 2 formes, 2 diathèses, mais je bloque sur les colorations : d’accord pour emphatique/non-emphatique et exclamative/non-exclamative, mais ça me semble moins approprié pour le personnel/impersonnel. Le terme de « coloration » est justifié pour les 2 premiers puisqu’il s’agit avant tout d’un choix d’expressivité du locuteur, mais peut-on toujours parler de « choix » pour le dernier ? Peut-être que oui, peut-être que non… j’avoue que je suis perplexe.

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    1. Bah appelle-le comme tu veux, on pourrait faire une couleur en plus dans le tableau, mais ça compliquerait encore les choses.

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      1. Je pense, pour ma part, que la forme impersonnelle peut tout à fait constituer une coloration, entendue dans le sens d’un choix d’expressivité du locuteur :
        « Il nous reste, de toute évidence, encore beaucoup de progrès à faire. », par sa mise en relief du verbe – qui insiste donc sur le manque – et par le rejet du sujet logique en fin de phrase, apporte une nuance d’humilité et de contrition que ne contient pas le plus plat, analytique et détaché « Beaucoup de progrès nous restent à faire, de toute évidence ».
        Ensuite, quand j’écris « Il pleut fort depuis deux jours », la banalité de l’expression fait que c’est la forme personnelle qui serait, cette fois, expressive, puisqu’elle relève alors d’un choix assumé grâce au sujet abstrait, plus rare, plus littéraire : « Une forte pluie tombait depuis deux jours. »

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        1. Je vous remercie pour ce message, vos remarques sont tout à fait intéressantes. Il me semble que l’on se situe cependant davantage du côté de la stylistique que de l’analyse grammaticale.

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  11. Avec un peu de retard, je découvre votre article. Merci, il est très clair et très intéressant. Je partage tout à fait votre tableau d’analyse qui « réconcilie » tout le monde. Il me reste cependant quelques interrogations : Que faire, à votre avis, des phrases averbales, notamment celles qui semblent purement exclamatives du type « ciel, mon mari ! » ? Et surtout des infinitives négatives du genre « ne pas fumer », et de l’ironie, par exemple un « bravo ! » (antiphrase) ? Je reste hésitante quant à leur analyse, et ce sujet me passionne à différents titres (pas uniquement pour les élève, bien entendu).
    Quoi qu’il en soit, je vous remercie pour le partage de ce travail.

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    1. Alors, de but en blanc :
      « Ciel, mon mari ! » a une nette coloration exclamative.
      « Bravo ! » aussi (ironie ou pas)
      « Ne pas fumer » est une interdiction, donc un ordre : phrase impérative.

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      1. Quelle réactivité !

        Oui, je suis d’accord, mais la phrase « ciel, mon mari ! » est-elle à priori et exclusivement déclarative ? Je suppose que l’on dirait oui dans un premier temps, mais on peut tout à fait analyser cette occurrence comme une injonction à l’amant de se cacher dans le placard, ou un questionnement du type « va-t-il nous surprendre ? ». J’extrapole un peu, j’avoue…

        Les problèmes d’analyse que je me pose se situent surtout par rapport aux injonctions qui ne sont pas des phrases impératives (pas de verbe à l’impératif voire averbales), c’est là, à mon avis, que le fait de rapprocher les types de phrases des actes de langage peut poser pb pour l’analyse stricte avec les élèves (syntaxe vs pragmatique) :
        « ne pas fumer », c’est aussi « je vous demande de ne pas fumer », et dans ce cas, on l’analyse comme déclarative, alors qu’il s’agit d’un acte de langage injonctif. Ce n’est pas si net, à mon sens.
        Idem pour : « Défense de fumer » / « Stationnement interdit »
        (en plus, il s’agit de panneaux, donc pas de ponctuation… Syntaxiquement déclaratif ? Mais perçus de toute façon comme un ordre)

        Les élèves ne poseront pas forcément la question, mais les enseignants en formation (et nous-mêmes, oui 😉
        Qu’en pensez-vous de votre côté ?

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        1. Avec les élèves, il importe avant tout de ne pas proposer d’exemple litigieux. Si c’est difficile pour vous, c’est trop difficile pour des élèves. Les phrases averbales sont plus difficiles à traiter, mais après tout, quel est l’intérêt de classer des phrases averbales en types ? Les types de phrases permettent de bien écrire : savoir écrire une phrase interrogative (inversion du sujet), savoir utiliser l’impératif quand il le faut.

          « Ciel, mon mari ! » serait de type déclaratif à coloration exclamative. La personne fait le constat de la présence de son mari (thème) et indique à ce propos qu’elle en ressent de l’effroi (rhème).
          « Je vous demande de ne pas fumer » et « Défense de fumer » correspondent à des actes de langage injonctifs, comme vous l’avez très bien dit, même si on n’a pas l’impératif, pour moi j’aurais du mal à les classer comme déclaratives. Ce n’est qu’une remarque à brûle pourpoint, pas une réflexion approfondie. Merci en tout cas pour votre commentaire !

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  12. Merci à vous. Mon questionnement n’avait pas pour vocation d’être soulevé avec les élèves, je vous rassure, mais plutôt avec des enseignants en formation (et avec moi-même).

    Je partage tout à fait votre analyse, notamment par rapport aux phrases averbales, dont le thème ou le prédicat sont sous-entendus. Ces énoncés impliquent un acte de langage plutôt transparent, rarement ambigu, et les classer par type n’a, effectivement, aucun intérêt, vous avez tout à fait raison :
    « Dehors ! » ; « Vite ! » ; « Tiens, de la pluie ! » ; « Cette voiture-là ? » ; etc.

    La question de la phrase complexe me semble cependant encore non élucidée totalement, car si l’interrogative indirecte est analysée comme déclarative, pourquoi pas la phrase à visée injonctive, car syntaxiquement proches :

    « Pierre se demande pourquoi Marie est rentrée si tard. »
    -> interrogative indirecte / type déclaratif
    (on le comprend bien puisque le verbe principal vient « commander » l’ensemble de la phrase, et le fait d’avoir construit une énonciation indirecte englobe la question dans un énoncé coupé de la situation d’énonciation (donc ce n’est pas une vraie question, le narrateur rapporte le fait qu’une question s’est posée, et c’est cela l’information principale)

    Mais…
    « Je te demande/dit de ne pas fumer. » ;
    -> acte de langage injonctif, nous l’avons dit, mais syntaxiquement… ?

    C’est pire lorsque je change le temps de la phrase :
    « Je t’ai déjà demandé/dit de ne pas fumer. (!)  »
    -> on imagine qu’en contexte, la personne est en train de fumer et qu’on lui répète une injonction déjà formulée, donc injonction
    -> toutefois, on peut tout aussi l’analyser de la même manière que pour l’interrogative indirecte, à savoir déclarative, l’information étant que « je te l’ai déjà dit »…

    Pas simple mais ô combien passionnant !

    Merci à vous d’enrichir notre réflexion !!

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  13. Idem pour

    « Il est interdit de se garer. »
    -> syntaxiquement déclarative / acte de langage injonctif ou n’est-ce qu’une information ?(difficile à dire hors-contexte)
    => Déclarative ou Impérative ?

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  14. C’est très clair et bien expliqué et je suis bien d’accord avec votre analyse et votre classement. Cependant, dans un souci de simplification avec de jeunes enfants, je préfère conserver les 4 types de phrases (déclarative, interrogative, exclamative , impérative) et les 2 formes (négatives et affirmatives ). Depuis 31 ans que j’enseigne, cette façon de présenter la notion passe bien. La phrase exclamative est facilement identifiée par les élèves , ils font bien la différence avec la phrase impérative.
    Ce qui poserait davantage problème c’est la phrase déclarative du style « Je me demande si tu viendras. » Pour eux c’est d’emblée une phrase interrogative.
    Je m’appuie donc sur la ponctuation en leur expliquant qu’elle se termine par un point et non par un point d’interrogation.
    Mais merci beaucoup pour votre partage qui m’a beaucoup intéressée.

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  15. Gabriel Vittorio Bonjour, après avoir lu ton article, très complet, il y a quelque chose qui m’échappe encore…
    En tenant compte des modifications des programmes, à quel type appartiennent les phrases comme:
    Elle était ravie!
    Quel beau travail!
    Le type exclamatif ayant disparu des programmes, aucun ordre n’étant formulé et en l’abscence de point d’interrogation, je dirais « déclaratif » par déduction🤔
    Et vous?

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