Je la connaissais pour être depuis de nombreuses années l’organisatrice des « Journées Poët Poët » dans la région niçoise (Nice, La Gaude, Saorge…). Sabine Venaruzzo, poète, comédienne, chanteuse, vient de publier, avec Rémy Masseglia, Gwen Masseglia et Raphaël Zweifel, un poème en vidéo, où l’image, la musique et la voix se marient. Son titre? « L’Humanité avant toute chose »…
Cette vidéo, disponible sur YouTube, s’inscrit dans un projet plus large intitulé « Sur les routes (2017-2019) », qui conduira Sabine Venaruzzo à travers l’Europe. Pour ce premier volet, la poète a choisi l’itinéraire Vintimille-Nice, qui a marqué l’actualité par la présence de migrants qui rencontrent de grandes difficultés à obtenir l’asile.
Avec un père né en Italie et un grand-père qui connut la déportation, Sabine Venaruzzo ne pouvait rester insensible à la détresse des migrants. Elle montre par son poème engagé que la poésie, loin d’être toujours recluse dans sa tour d’ivoire, peut aussi jouer un rôle dans la cité.
Il s’agit cependant bien de poésie. De fait, les choix esthétiques de la vidéo sont éclairants : on ne verra pas les migrants eux-mêmes, mais simplement leurs noms sur des galets. Cette pudeur accentue la force du propos. Celui-ci, de même, n’est pas une simple harangue, mais bien un poème, avec ses leitmotivs, ses changements de ton, ses questionnements qui dépassent la circonstance pour évoquer des notions universelles telles que la liberté et l’humanité.
J’ai également apprécié le mariage des arts. La voix de Sabine Venaruzzo est portée par la musique sobre de la flûtiste Gwen Masseglia et du violoncelliste Raphael Zweifel. Les images sont également très belles : on voit certes la frontière, ses douaniers et ses gendarmes, mais aussi et surtout la beauté de la côte de Vintimille à Nice.
Photographie, cinéma, musique et poésie se rassemblent donc autour d’une action poétique d’une belle portée symbolique : le transport de galets comportant les noms de quelques uns de ces migrants qui, à défaut de traverser physiquement la frontière, voyageront par l’intermédiaire de ce galet finalement déposé sur la plage niçoise.
Fil conducteur de l’ensemble des images, la présence corporelle de Sabine Venaruzzo, à mi-chemin entre Petit Chaperon Rouge et Petit Poucet semant des galets, souligne l’intensité des mots et des phrases. La voix, tantôt douce, tantôt forte, à la limite du cri, traduit l’urgence d’une parole poétique aux prises avec un drame humain.
Pour en savoir plus
- Voir la vidéo directement sur YouTube.
- L’explication du projet est à lire sur le site de Sabine Venaruzzo.
- Sur mon blog, découvrez le compte-rendu de plusieurs journées Poët Poët.
- Cet été, Sabine Venaruzzo présentera son travail au festival de Sète.
A reblogué ceci sur Alessandria today.
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Merci !
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Merci Gabriel pour tes mots et ta sensibilité
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Merci à toi !
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