Le printemps des poètes à la fac aussi

Les manifestations du Printemps des Poètes continuent ! Lundi 12 mars, la poète Valérie Rouzeau, marraine des journées Poët Poët, dialoguait avec ses auditeurs dans le cadre d’une table ronde organisée dans les locaux du Centre Transdisciplinaire d’Épistémologie de la Littérature et des arts vivants (C.T.E.L.), à l’invitation de Béatrice Bonhomme, Sandrine Montin et Sabine Venaruzzo.

Un échange instructif et convivial

Vue sur Nice et la baie des Anges depuis les bureaux du CTEL à la fac de Lettres de Nice en 2011 (photo personnelle)

Après avoir assisté samedi dernier à une lecture-spectacle, dans l’amphithéâtre comble de la Bibliothèque Nucéra, c’est ensuite dans le cadre plus intime des bureaux du CTEL que j’ai pu découvrir encore un peu plus l’univers de Valérie Rouzeau. Les convives, réunis autour de la longue table ovale du Centre, sous les grands tableaux de Mario Villani accrochés au mur, ont ainsi pu entendre la poète lire des extraits de son dernier recueil, mais aussi et surtout répondre à différentes questions et réactions, dans le cadre d’un échange à la fois très instructif et très convivial.

Il a notamment été question des affinités électives de Valérie Rouzeau parmi les grands noms de la littérature : Shakespeare et Pessoa, surtout, restent pour elle des monuments et des sources d’inspiration. Valérie Rouzeau indique également être la légataire universelle de Christian Bachelin, qui est à ses yeux un immense écrivain insuffisamment reconnu.

Valérie Rouzeau à Saint-Malo en 2015 (D. Heudré, ActuaLitté, Valérie Rouzeau, CC BY-SA 2.0,Wikimédia Commons)

La poète a en outre évoqué la manière dont elle a rencontré les membres du groupe Indochine pour lequel elle a écrit plusieurs paroles de chansons. C’est Nicola Sirkis qui, ayant découvert certains poèmes, a contacté la poète, via l’éditeur. Celle-ci, au départ, n’avait pas fait le lien avec le célèbre groupe de pop-rock. Puis la poète a écrit des chansons pour le groupe. Sa voix apparaît aussi dans un album.

Parmi les poèmes de Sens averse qu’elle a choisi de lire ce soir-là, il y avait plusieurs poèmes glanés, à savoir des poèmes uniquement composés de vers empruntés ici ou là à d’autres auteurs. Valérie Rouzeau retrouve ainsi la pratique du centon, en usage dès l’Antiquité.

La discussion a également porté sur l’art avec lequel Valérie Rouzeau parvient à évoquer la précarité de la condition humaine, la souffrance, la misère, la mort, tout en conservant une certaine forme de légèreté, une capacité à placer juste au bon endroit un peu d’humour, à dessiner un sourire. Je crois personnellement que c’est une fonction très importante de la poésie que de dire les choses telles qu’elles sont, aussi dures puissent-elles être à entendre parfois, et simultanément d’y introduire un autre souffle, un supplément d’âme, une respiration, un rythme, qui nous les rendent respirables, nous les font voir autrement, et nous laissent espérer en l’humanité.

Merci, donc, à Valérie Rouzeau, pour sa présence et sa disponibilité, ainsi qu’aux organisatrices de ce beau moment d’échange et de dialogue. Merci aussi au Printemps des Poètes, qui permet de faire un peu se rencontrer le monde de la poésie, celui de la recherche et le grand public. Certes, comme l’a dit Valérie Rouzeau elle-même, cela devrait être toute l’année que l’on s’intéresse à la poésie et que l’on invite des poètes. Mais un printemps, ce n’est déjà pas si mal…

Et ce n’est pas fini ! Le printemps des poètes continue avec, notamment, ce jeudi soir, la projection d’un film sur la poésie contemporaine à la faculté des lettres. Et, vendredi soir, une soirée poétique à La Gaude, qui s’annonce prometteuse.