Le Printemps des Poètes a commencé à la cave Romagnan

Quoi ? C’est déjà le printemps ? Mais oui : le Printemps des Poètes ! Les « Journées Poët Poët » organisées chaque année dans les Alpes-Maritimes ont commencé hier soir à la Cave Romagnan. Chaque premier mercredi du mois, cette cave à vins organise une soirée de slam-poésie. C’est l’occasion pour les poètes débutants ou confirmés de se confronter à un public et de faire sonner leurs textes à haute voix.

Dès mon arrivée, une foule compacte se presse déjà à l’intérieur et aux abords de ce bar, situé derrière l’église Notre-Dame, à Nice. Une joyeuse animation parcourt la salle exiguë. Sur les murs, les bouteilles d’alcool côtoient les livres et les affiches. Au micro, Pascal Giovannetti s’apprête à prendre la parole, tandis que Manu, propriétaire de l’établissement, se tient derrière le bar. Beaucoup de convives demeurent debout, faute de places assises.

Dans un premier temps, Sabine Venaruzzo et Olivier Debos présentent le programme des « Journées Poët Poët » dans leur édition 2018. Ils évoquent en particulier le combat poétique et féministe d’Audre Lorde, qui sera au centre d’un film documentaire projeté jeudi soir, 8 mars, au cinéma de Beaulieu-sur-Mer. Pour l’occasion et en première mondiale, des spécialistes de l’Université de Nice ont traduit ses poèmes en français. Ils présentent également la poète Valérie Rouzeau qui sera la marraine de ces « Journées Poët Poët », et présente à ce titre lors de plusieurs manifestations, dont une journée poétique au monastère de Saorge.

Place à la poésie !

Après ces préliminaires, place à la poésie ! Nous avons d’abord écouté, à défaut d’avoir pu voir, les vidéo-poèmes de Laura Vazquez et Simon Allonneau. En effet, une panne de vidéo-projecteur a empêché l’assistance de pouvoir voir les images autrement que par l’intermédiaire d’un petit ordinateur portable que, pour ma part, je n’ai vu que de profil. Heureusement, le travail de ces deux artistes reste disponible en ligne. J’ai retrouvé la vidéo, la voici :

Ce « vidéo-poème » a, pour une part, quelque chose de la conversation du quotidien, par sa déclamation simple, son lexique courant, son refus de faire de la poésie quelque chose de grandiloquent. D’autre part, on a aussi l’impression d’un raisonnement qui tourne en boucle, quelque chose qui tient davantage du monologue que de la conversation. Les deux acteurs ne se répondent pas vraiment : ils enchaînent des phrases, des propositions plus ou moins absurdes, sur un ton neutre, presque naïf, affirmées comme s’il s’agissait de vérités générales.

Une scène ouverte

La deuxième partie de la soirée était consacrée à une scène ouverte de slam-poésie. Les règles sont simples : trois minutes de passage, un texte si possible personnel, et toutes les formes de poésie sont admises, mais en revanche pas de mise en scène excessivement théâtrale.

Ce soir, l’on a pu entendre une belle diversité de poèmes. On a entendu des récitations très habitées de poèmes de Goethe ou encore de Baudelaire, mais aussi des textes écrits pour l’occasion, dont un certain nombre adoptait le thème annuel de l’ardeur. J’ai beaucoup aimé une parodie du célèbre Desdichado de Nerval, mais aussi un poème filant la métaphore de la deux-chevaux comme image du corps vieillissant, une intervention multilingue particulièrement savoureuse, et d’autres textes encore. Certains lisaient leurs textes, d’autres récitaient par cœur avec un vrai « flow » de slammeurs. Certains poètes ont présenté leurs recueils fraîchement publiés.

La plupart des poètes étaient déjà intervenus sur cette scène, et il était bien visible que nombre d’entre eux se connaissaient déjà. Aussi la Cave Romagnan a-t-elle réussi à fidéliser un public autour de la poésie, voire sans doute à amener des amateurs à oser se produire sur scène. Il est, je trouve, très bon, et très sain, que la poésie existe ailleurs que dans les écoles et les universités, que des hommes et des femmes s’emparent des mots pour écrire et dire des poèmes, même si, au départ, ils n’étaient que des amateurs. C’est ainsi que l’on fait vivre la poésie.

Et il faut aussi rappeler l’importance de la dimension orale de la poésie. Écouter un poème, c’est une autre façon de découvrir la poésie. C’est donner tout son sens aux notions de voix, de souffle, de scansion, de rythme. Certes, les poèmes sont bien à leur place dans les pages des livres, mais il est bon qu’ils en sortent un peu, et qu’ils se lancent au grand jour. A ce titre, je dois souligner le caractère bienveillant de l’accueil qui a été fait à chacun et chacune ce soir-là.

Alors, merci aux organisateurs, merci aux poètes, merci aux auditeurs, merci aussi à ceux qui ont salué mon très modeste essai de slam. Le Printemps des Poètes a bien commencé !


D’autres articles sur le Printemps des Poètes :

Printemps des poètes 2018 : l’ardeur

Printemps des poètes 2017 : l’Afrique

Printemps des poètes 2016 : le XXe siècle

Printemps des poètes 2015 : l’insurrection poétique


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11 commentaires sur « Le Printemps des Poètes a commencé à la cave Romagnan »

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