2. Philippe Jaccottet (né en 1925)

Né à Moudon, en Suisse, en 1925, Philippe Jaccottet vit dans la Drôme, à Grignan, depuis son mariage en 1953. De cette époque datent ses premiers recueils importants : L’Effraie et autres poésies (1953), et L’Ignorant (1958). Philippe Jaccottet apparaît progressivement comme l’un des poètes majeurs de la génération d’après-guerre, aux côtés d’Yves Bonnefoy, Jacques Dupin ou encore André du Bouchet. Parmi ses ouvrages, on peut également retenir les titres d’Airs (1967), Éléments d’un songe (proses, 1961), Paysages avec figures absentes (proses, 1970), À la lumière d’hiver (1994, réédition de recueils antérieurs).
La poésie de Philippe Jaccottet séduit avant tout par son authenticité. Il y a en effet chez lui un continuel souci d’éviter la parole gratuite, l’artifice superflu, la métaphore excessive. Il s’agit ainsi d’une poésie qui se veut très humaine, attentive aux paysages aussi bien qu’à la fragilité de la vie. Dans Leçons cet Chants d’en bas, le poète décrit de façon très épurée la souffrance liée au deuil.
Voici l’extrait d’un poème de Philippe Jaccottet, paru dans le recueil Chants d’en bas, inclus dans À la lumière d’hiver (Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 1994, p. 44-45) :
« Parler pourtant est autre chose, quelquefois,
que se couvrir d’un bouclier d’air ou de paille…
Quelquefois c’est comme en avril, aux premières tiédeurs,
quand chaque arbre se change en source, quand la nuit
semble ruisseler de voix comme une grotte
(à croire qu’il y a mieux à faire dans l’obscurité
des frais feuillages que dormir),
cela monte de vous comme une sorte de bonheur,
comme s’il le fallait, qu’il fallût dépenser
un excès de vigueur, et rendre largement à l’air
l’ivresse d’avoir bu au verre fragile de l’aube. »
D’autres articles de ce blog sur Philippe Jaccottet :
- Philippe Jaccottet : une exigence de justesse
- Citation du jour : Philippe Jaccottet
- Citation du jour : Philippe Jaccottet (2)
- Citation du jour : Philippe Jaccottet (3)
- Reblogué : « Et moi maintenant… » (Philippe Jaccottet)
- Poésie et simplicité
- « A la lumière d’hiver » de Philippe Jaccottet
- Un documentaire d’Arte sur Philippe Jaccottet
- Pourquoi j’aime la poésie de Philippe Jaccottet
- Philippe Jaccottet : « Que descende la neige »
Bonnefoy, bien sûr, déjà classique. On oublie trop souvent ses magnifiques traductions de Shakespeare aussi. Hamlet en particulier, où on retrouve le rythme de la rime allitérative anglaise. Jacquotet, pour moi très difficile, très beau aussi. Je ne connaissais pas les autres, aussi merci. Particulièrement le poème de la mer m’a parlé, images et sonorités. J’ai pensé parfois, loin de son classicisme épuré, cependant, aux personnifications animales de la mer dans le « cimetière marin » de Valery. Je vais tenter de me procurer ce recueil. Encore merci pour le partage.
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Bonjour, merci pour votre commentaire. L’influence de Valery chez Jean-Michel Maulpoix ne fait aucun doute.
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Jacques Reda me semble être le grand oublier de cette liste. Dans les « minores » de l’extrême contemporain je conseille également Jean-Louis Rambour et Jean-Pierre Cannet.
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Je connaissais assez peu Reda au moment où j’ai écrit cet article. Vous avez raison, il mériterait pleinement d’être inclus dans ce Top10.
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ma poetesse du 21eme preferée est sans doute SBN(N.) ;))))))))))))))))))))))) hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
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J’aurais pensé également à Xavier Bordes
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A reblogué ceci sur Alessandria today.
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Merci !
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Il y a aussi Venaille, Pirotte, Réda, Koury-Ghata, Anise Koltz, Liliane Wouters et chez les jeunes Valérie Rouzeau, Vinau, Ariane Dreyfus … et tant d’autres que j’oublie !
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J’ai déjà lu quelques pages de Jacques Réda, je situe à peu près Franck Venaille et Vénus Koury-Ghata, je connais Valérie Rouzeau, mais pas du tout les autres ! Merci pour ces noms que je vais m’empresser de découvrir et de lire !
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Il y a tellement de poètes qu’il est difficile de tout connaître et/ou retenir !
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Oui !
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Oui ! la magnifique Venus Khoury-Ghata… precieuse et delicieusement douloureuse ! La joie et le bonheur dans le devoir des mots …
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dupin inexpliquable comme un satori et pessoa,pour l’ésoterisme abstrait
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Deux immenses poètes en effet.
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Que des mecs et des momies littéraires.
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Voir également l’article sur les poètes féminins : https://litteratureportesouvertes.wordpress.com/2018/05/01/la-poesie-au-feminin/
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Merci pour l’abonnement à mon blog – éclectique ! J’aime le titre du vôtre et je le suivrai volontiers.
Marie-Claire Bancquart est aussi la très intéressante biographe d’Anatole France, ce personnage complexe.
Amicalement
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Mes préférés : Jean-Michel Maulpoix et Jean-Yves Masson.
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Bonjour! J’ai vraiment aimé votre article! Dites-moi s’il vous plaît, où puis-je trouver des livres ou de grandes collections ou des poèmes d’auteurs de cet article? Enchanté avec Yves Bonnefoy! Je suis un poète de Russie, je voudrais bien lire et faire des traductions de ses poèmes, mais malheureusement, je ne trouve pas assez d’informations où que ce soit. Si vous pouvez m’aider, donnez des liens vers des livres ou des sites sur lesquels vous pouvez lire plus de vers de ces auteurs – je vous en serai très reconnaissant. Merci pour cet excellent article!
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Je pourrais vous indiquer des recueils français, mais rien que vous ne puissiez trouver vous-même par exemple sur le site de la Fnac. Les poètes ici mentionnés ont généralement été traduits en de nombreuses langues, mais j’ignore ce qu’il en est en particulier des traductions en russe. Je vous recommande la collection Poésie des éditions Gallimard, c’est une bonne porte d’entrée pour commencer à explorer ce domaine. Et vous trouverez de nombreux poèmes ici et là sur le Net, et notamment sur mon blog.
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C’est qui le cinquième dans votre article?
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^^
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il manque les femmes
Féminitudes ( impressions)
Mon cadavre est doux comme un gant »
« je savais bien pourtant que j’étais conviée »
« Et qui donc a jamais guéri de son enfance « (Lucie Delarue- Mardrus )
Chaque jour je ressens autre chose et cela poigne au ventre, quand je lis Féminitudes , je n’avais rien vu ou je vois plus ou différent. Il y a toujours un vers qui révèle ou qui cache, un truc du plus profond qui fait la grandeur du poème.
Ne pas trop expliquer, ne pas dire, taire, et tout se voit, se devine, les mots ne sont pas anodins, ce sont des cris, des appels, des confessions, si peu entendus, si peu lus.
On ouvre la page et soudain le poing est là qui frappe au creux du ventre :
« hasardeuse. Que dites-vous femmes douloureuses, femmes poétiques et dures, cachées dans les plis de vos peurs ? Que dites-vous à ceux qui vous ont tuées ? Où sont vos rêves ?
Les feuilles du calendrier se sont envolées et nous marchons dessus, lourdes de nos années, nos espérances, nos cris non entendus, nos désillusions.
Poèmes rassemblés par un homme en 1990, Alain Auriat, glanés dans les meules de foin de l’écriture. Qu’est-ce qui l’a touché ? seulement la beauté ? je ne crois pas. Qu’a-t-il vu de nous toutes, que cache-t-il dans sa préface obscure, pudique ? poésie d’amour dit-il et cruauté.
Ces poèmes sont terribles, plutôt que beaux de leur puissance, peu de femmes et peu d’hommes les liront et les ressentiront. Ce sont des morceaux d’âmes, déchiquetés, jetés au vent, ce sont nos corps, nos cœurs et nos entrailles et si passe une rose ou une pivoine dans un vase de porcelaine, c’est juste une petite concession à l’apparence, une piètre consolation sur le marbre dur de nos vies.
Marine Laurent
Dimanche 25 décembre 2005
Samedi 24 janvier 2009.
Il s’agit d’un recueil de poésies féminines que nous avions composé
Qui n’ a jamais été édité, dont le titre a été repris par R.Desforges
Sabine Sicaud et d’autres dont j’ai publié quelques textes dans mes précédentes apparitions fantomatiques sur ce site.
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Merci beaucoup pour ce commentaire et pour ces références.
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J’écris moi aussi beaucoup !Mon mari aussi et dans les groupes poétiques auxquels on appartient il y a des morceaux de bonheur, du travail aussi, de l’inspiration et la poésie qui vient du coeur !!De si beaux textes bien écrits qui mériteraient d’être connus, de passer à la radio, à la télé ! J’ai déja sollicité F INTER..Aucune réponse ! Cette radio préfère interviewer des étrangers ( je n’ai rien contre !! mais les Français aussi ont des parcours de vie intéressants, parfois difficiles, qui mériteraient d’être connus…ainsi que NOS magnifiques textes en prose ou en vers !!!
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poésie contemporaine, le résumé
(dites-nous si on a oublié quelque chose) 😊
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je crois que tout est là, tout ce qui s’écrit depuis 100 ans, et tout ce que s’écrira dans 100 ans
ALLEZ ALLEZ LES POÈTES ON SE REVEILLE ! 😊
(playlist 95% fake mais on y a integré deux « vrais » poètes pour faire pièce)
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Et Le Marginal Magnifique alors ? Il est où ?
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Néoclassique
L’incohérente tranquillité
De la mourante fabulation,
Le disparaître de la fiction ,
L’impréhensible, cette effraction
Perpétuelle du limité,
S’il en déplore l’heure fatale,
S’il en condamne, folle incurie,
L’imaginaire – l’âme surie –
Et vilipende son ânerie
– Qu’on pourrait croire parastatale,
L’impréhensible se défendra
Et fera croître l’irréel vrai !
Ainsi, comme Michael Faraday,
Comme la ponte, le temps du frai
– Et comme l’ombre sous l’œil de Râ,
Tant qu’un poète, Pégase, rêve
Que tu galopes dans les nuages,
L’extravagance passe les âges,
Nos nefs carènent leurs renflouages,
Et l’immortelle Muse est notre Eve !
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Bonjour et merci Gabriel pour votre implication dans ce groupe et pour votre blog. Au plaisir d’échanger avec vous sur la poésie et les poètes. Et merci de mieux faire connaître les poètes français nés après 1950, car, oui, qu’on se le dise la poésie n’est pas un art réservé aux spécialistes de la littérature du Moyen-Âge ou de celle du XIXème siècle. Oui, la poésie est un art contemporain pour tous, comme le cinéma ou la musique.
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Bravo à vous et merci de m’avoir inclus dans la liste.
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Très heureux d’être dans la liste… dans une compagnie qui me va parfaitement !
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Merci pour cet article. J’ai le grand regret de devoir faire une « mise à jour » concernant Salah Stétié – que j’aime beaucoup : il est hélas décédé le 19 mai de cette année ! Parmi tous les poètes cités, il y en trop que je ne connais que de nom et un ou deux, même pas de nom !!! J’en rougis de honte ou presque : existe-t-il des classes de rattrapage !? C’est vrai qu’il manque un peu de femmes dans vos listes… Sans prendre le temps de braucoup réfléchir, c’est vrai qu’il y a Venus Khoury-Ghata dont on a déjà parlé dans les commentaires, mais aussi une autre poète, également originaire du Liban, que je viens de découvrir, Andrée Chédid. Il s’agit d’une très haute poésie, épurée, d’une grande économie de mots et d’images qui portent d’autant plus et les plus précis et exacts que possible ; une poète philosophe ? En tout cas une poésie d’une très grande spiritualité et sensibilité. Je l’ai trouvée remarquable !
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Bonjour,
Merci pour votre commentaire. Il est vrai hélas que Salah Stétié est mort cette année, comme également Frédéric Jacques Temple et Tristan Cabral. Vous avez parfaitement raison en ce qui concerne Vénus Khoury-Ghata et Andrée Chédid, ce sont deux voix majeures de la poésie contemporaine.
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J’essaye d’écrire de la poésie depuis 4ans (après la retraite). Je suis votre blog depuis 3 ans. Je suis époustouflé par la masse d’informations que vous partagez avec beaucoup de simplicité. Vous allez droit à l’essentiel avec une clarté que j’apprécie . Merci beaucoup.
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Merci beaucoup !
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Bonjour, passionnant votre blog ! et cet article est pour le profane en poésie une bonne base pour explorer. Je note par exemple qu’en poésie comme en peinture la ligne oblique( ou la déviation qui entraîne la collision de certains mots) est une manifestation vitale qui bien qu’antique continue à produire son petit effet. Merci pour cet article vraiment !
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Mon laboratoire de recherche est placé sous le signe d’Apollon Loxias (l’Oblique), donc je vois bien ce que vous voulez dire !
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Alors je ne connaissais pas évidemment, l’Apollon, donc avant de dire une bêtise, je suis allé lire Wikipédia, j’en ai encore appris de bien bonnes… Ainsi ce dieu connu comme solaire aujourd’hui cachait-t ‘il de l’ambiguïté à revendre pour les anciens. ça ne m’étonne pas beaucoup quand c’est trop beau ça cache souvent un loup.
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Anne de Commines et sa poésie zen / taoiste . En récital le jeudi 19 Mai 2022 avec les grands gongs, les bols et les carillons d’Ujjaya , à Matreselva , 32 rue du hameau Paris 15°
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Merci pour cette indication
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Catherine Pont-Humbert .Elle sera en récital le jeudi 19 Mai 2022 avec les grands gongs, les bols et les carillons d’Ujjaya , à Matreselva , 32 rue du hameau Paris 15
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J’aimerais comprendre pourquoi, pas une fois, n’apparaît le nom de Jean Pérol, prix Mallarmé, prix Max Jacob, auteur d’une vingtaine de recueils chez les meilleurs éditeurs? Un poète maudit?
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On ne peut pas connaître tout le monde ! J’irai voir ce qu’il écrit, c’est toujours sympa de découvrir d’autres poètes !
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