Il vient de recevoir le Grand Prix national de Poésie, décerné par la Société des Gens de Lettres. Mais qui est donc Serge Pey ? Quelques explications…
J’ai lu dans le journal La Dépêche un article informant que le poète toulousain Serge Pey était lauréat cette année du Grand Prix National de Poésie. Cette distinction couronne une longue carrière, riche de nombreuses publications dont vous pourrez retrouver les titres sur Wikipédia.

Il y a deux ans, Serge Pey est venu à l’Université de Nice, sur l’invitation de Patrick Quillier, et j’avais relaté ici même cet événement. Quelques jours plus tard, le poète se donnait en spectacle à La Gaude, dans le cadre du Printemps des Poètes, et je me trouvais parmi les heureux spectateurs de cette belle soirée poétique.
Car en effet, Serge Pey n’est pas un poète comme les autres. Sa poésie ne vit pas seulement dans les livres. Elle se réalise pleinement en acte, dans des performances scéniques et musicales.
C’est d’ailleurs pourquoi la poésie de Serge Pey n’est pas seulement éditée en volume, mais aussi sous forme de disque compact. On peut mentionner, par exemple, le CD intitulé Nous sommes cernés par les cibles, en collaboration avec André Minivielle.
Un poète performeur
Sur la scène de La Gaude, le poète-performeur avait déclamé un poème intitulé « Mange le feu ». Ces trois mots, scandés et martelés par le poète, rappellent que ce texte a été écrit pour les Indiens Huicholes du Mexique. Voici une vidéo, trouvée sur YouTube, de cette performance :
A la fin de la vidéo, on entend également un texte que l’on retrouve dans le CD sus-mentionné sous le titre « Chanson pour un indien mort », très beau poème que, personnellement, je préfère à « mange le feu » :
« La mère de ma mère s’appelait Utehama,
Et brûlait l’ombre des oiseaux, au milieu du champ.
— Où vas-tu avec ce sac ?
— Sur le chemin de la Vlatas. Mon fils a été tué dans la montagne, et je ramène son squelette, pour orienter la terre avec ses os. »
Je précise que je transcris ici le CD, et que je ne saurais garantir l’orthographe des noms propres, ni la disposition spatiale du texte.
Chaque strophe poursuit sur la même structure, avec la nomination d’un membre de la famille, la question « Où vas-tu avec ? », la présence d’un objet, et la réponse qui rappelle toujours la mort du fils. On comprend ainsi toute l’importance de la mort, du rituel, du sacré chez ces Indiens. La mort y apparaît, au-delà du phénomène biologique, comme une réalité cosmique : le squelette devient table d’orientation.
Le poème présente aussi tout le tragique d’une mère perdant son fils, et si j’ai parlé de tragédie et non de pathétique, c’est bien parce que ce poème livre non l’expression de la douleur, mais celle du devoir sacré d’une mère qui parcourt la terre, prenant stoïquement acte de la mort de son fils, et accomplissant les gestes qui s’imposent.
Pour en savoir plus
- Sur ce blog, « Serge Pey invité de l’Université de Nice » et « Poésie sous la coupole gaudoise », sans oublier l’une de nos « Citations du jour »
- Sur Youtube, vous trouverez plusieurs vidéos des performances du poète. Celle que j’ai insérée dans cet article se trouve à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=ZEMtvwaYLkw.
- La liste des publications du poète peut être trouvée sur Wikipédia.
- Voir aussi l’article du journal La Dépêche à propos du Grand Prix national de Poésie.

J’avais adoré, un grand moment !
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Oui, cette soirée était riche en poésie !
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