Né dans les années 1920 en Suisse, Philippe Jaccottet est l’un des plus grands poètes vivants de langue française. Il s’est installé en 1953 dans le village de Grignan, en Drôme provençale, dans le Sud de la France. Il y découvre des paysages qui l’émerveillent et qui prennent une place croissante dans sa poésie. C’est à ces paysages que se consacre un petit reportage d’Arte. Ce film d’une dizaine de minutes est disponible sur le site Internet de la chaîne franco-allemande.
Trois intervenants
Le grand âge de Philippe Jaccottet explique vraisemblablement que le poète n’intervienne pas lui-même dans le reportage. Les réalisateurs du film ont fait le choix judicieux de faire intervenir trois personnes bien renseignées sur les paysages qu’affectionne tant le poète. Il y a d’abord la libraire de Grignan, qui connaît Philippe Jaccottet depuis longtemps, et avec lequel elle s’est maintes fois promenée dans la campagne drômoise. Il y a ensuite un paysan du village voisin, Chantemerle-lès-Grignan, qui a arpenté ces paysages toute sa vie, et qui est présenté comme un amoureux des mots. Il y a enfin un troisième intervenant, qui n’est pas directement nommé, et en lequel je pense avoir reconnu (mais je peux me tromper) le poète et chercheur Jean-Marc Sourdillon, qui est l’un des responsables de l’édition Pléiade des œuvres de Jaccottet.
La Drôme provençale

Les images de ce film insistent donc sur les paysages de la Drôme provençale. Les réalisateurs ont su restituer une ambiance paisible, une ruralité un peu hors du temps où il est loisible de humer le parfum des fleurs, d’écouter le chant des cascades et d’admirer la forme des nuages. Surtout, ce film est intéressant en ce qu’il permet d’entendre la poésie de Philippe Jaccottet. Le reportage est en effet truffé de citations qui sont comme sublimées par ces images de la nature provençale.
Il va sans dire que j’aime beaucoup la poésie de Philippe Jaccottet. J’admire l’authenticité de sa parole qui sonne toujours juste, qui se montre toujours soucieuse de ne pas se laisser aller aux facilités d’écriture, qui fait toujours le choix de la simplicité pour évoquer ce qui pourtant relève de l’inexprimable, voire de l’indicible.

(par Arnaud 25, Wikipédia)
Dans un ouvrage intitulé Mesures et passages et consacré à l’œuvre de Philippe Jaccottet, Michèle Monte écrit : « […] il est très souvent noté que la poésie de Philippe Jaccottet allie la transparence et le mystère. Refusant l’hermétisme, elle propose une lecture du visible qui nous le rend proche, et pourtant elle emmène le lecteur jusqu’à un point où la réalité sensible fait signe à autre chose que l’on ne peut pas vraiment nommer, mais que la tâche du poète est de faire pressentir » (Michèle Monte, Mesures et passages, éditions Honoré Champion, 2002, p. 11).
Pour en savoir plus
Je vous recommande d’abord les autres articles de ce blog consacrés à Philippe Jaccottet :
- Philippe Jaccottet : une exigence de justesse
- Reblogué : « Et moi maintenant (Philippe Jaccottet) »
- Les paysages de Philippe Jaccottet
- Pourquoi j’aime la poésie de Jaccottet
- Poésie et contemplation : Philippe Jaccottet
- La neige dans la poésie contemporaine
- Jaccottet : « Que descende la neige »
- Dictionnaire Jaccottet
- En lisant « Couleur de terre » de Jaccottet
- Décès de Philippe Jaccottet
Je vous conseille aussi les notes de cours de Jean-Michel Maulpoix sur Philippe Jaccottet.
Enfin, je signale avoir écrit un petit chapitre de seize dissertations consacrées à Philippe Jaccottet dans un manuel de Terminale.

Très beau reportage, merci pour le partage ! C’est bien J.-M. Sourdillon, son nom est inscrit au début, qui intervient. Quel plaisir d’entendre de la belle poésie à mon réveil !…
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Merci !
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Très beau reportage très émouvant aussi pour ce lui qui admire depuis longtemps le poète P. Jaccottet et qui peut être ne pourra jamais aller à Grignan Emouvants les amis aussi si intimement unis à ce paysage
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Merci pour ce commentaire !
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