Suite à une intéressante discussion initiée sur Facebook par Jean-Yves Masson, poète, éditeur et professeur à l’Université de la Sorbonne, je me permets à mon tour de vous demander votre à vis quant au mot autrice, comme féminin du substantif « auteur ».
Un féminin régulier
Cette proposition de féminisation présente l’avantage d’être conforme aux règles usuelles de la grammaire, la plupart des mots en -eur faisant leur féminin soit en -euse (coiffeuse, danseuse, nageuse…), soit en -trice (actrice, directrice, institutrice, impératrice…).
On le sait, la mode est à la féminisation en -eure (une auteure), laquelle ne bénéficie d’aucune justification linguistique. L’ajout d’un -e pour former le féminin concerne davantage les adjectifs que les substantifs : grande, savante, intelligente… Aucun masculin en -eur ne forme son féminin en -eure.
Un féminin historique

Ce qui est moins connu, c’est que le féminin autrice est attesté depuis longtemps. Ce n’est pas une création récente née du besoin actuel de féminiser les noms de métiers, mais un mot qui est légitimé par une déjà longue histoire. En voici pour preuve un article du blog d’Aurore Evain, metteuse en scène, autrice, éditrice et chercheuse, intitulé « Il était une fois… autrice ». Celle-ci a recherché des occurrences anciennes du mot, attesté au XVIIe siècle mais aussi, sous des graphies différentes, en ancien français.
Ce féminin va-t-il s’imposer ?
Cette solution est certes plus élégante mais nos oreilles n’y sont pas habituées. Rien ne permet donc de savoir si autrice finira par l’emporter. En effet, à l’heure actuelle, deux choix dominent : l’utilisation du masculin auteur, qui peut se justifier en disant qu’il désigne moins la personne que son occupation, et la féminisation en auteure, qui commence à être utilisée par un certain nombre de personnes. En outre, le féminin écrivaine est, quant à lui, peut-être plus facile à employer.
Qu’en pensez-vous ?
Chers lecteurs, je sollicite votre avis. Que pensez-vous de ce féminin autrice ? L’espace des commentaires est à vous !
Bonjour,
A un moment, il faudrait peut-être arrêter de vouloir tout changer et de ce fait appauvrir et dénaturer notre jolie langue, arrêter de vouloir jouer les féministes et vouloir un féminin à tout prix. Gardons donc mesdames les professeurs et mesdames les auteurs (entre autres).
A bientôt sur votre site…
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C’est un point de vue !
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C’est quand même assez drôle que le premier argument qui vous vienne en bouche c’est « l’appauvrissement de la langue française » quand c’est la DISPARITION du féminin qui a été un véritable appauvrissement de la langue française. Appauvrissement d’ailleurs fait volontairement avec pour but de rabaisser les femmes aux rôles qu’on voulait bien leur accorder !
Et pour répondre à la question posée par l’article, personnellement j’utilise autrice, justement à cause de l’ancienneté du terme (pour moi je ne fais que remettre à sa place un mot injustement supprimé), et je trouve qu’il sonne particulièrement bien. Cela dit, si une autrice préfère se faire appeler auteure, je n’ai aucun problème avec cela et je l’appellerai « auteure », mais j’aime aussi le fait que l’aspect féminin, dans autrice, s’entende, soit visible, aussi bien à l’écrit (comme auteure) qu’à l’oral (alors qu’auteure sonne comme auteur, à moins de prononcer « auteureuh » mais c’est pas joli et les -e finaux ne se prononcent pas de manière exagérée en français, en principe). C’est mon côté revendicatrice, sans doute 😉
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Bonjour,
Merci pour votre commentaire.
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Je ne suis pas contre l’intention de féminiser le mot « auteur » mais je trouve « autrice » particulièrement hideux. Cela dit je me suis surprise à l’utiliser il y a quelques jours, alors peut être cela signifie-t-il que je suis en train de m’y faire…
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Oui, nous y sommes encore peu habitués, cela sied mal à nos oreilles inaccoutumées. Mais je pense malgré tout que c’est un féminin plus acceptable que « auteure ».
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Je pense aussi. Et il permet de faire la distinction à l’oral.
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En effet
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En Belgique, le mot « auteure » (qui nous vient du Canada ) a commencé à circuler et je suis totalement pour que notre langue évolue et se transforme. La féminisation de certaines professions qui, ne l’oublions pas, n’appartiennent plus uniquement qu’aux hommes, est une évidence et une réalité. De même que les réformes de grammaires ou d’orthographe ! C’est un très bon signe : notre langue est vivante. Si le mot « autrice » commence à circuler, mon oreille y est encore réfractaire mais ça viendra s’il domine. J’ai trouvé un blog qui explique historiquement pourquoi certains féminins qui existaient ont tout simplement disparu : http://www.audreyalwett.com/auteur-auteure-ou-autrice/ Il est bon de secouer le cocotier : les noix de coco sont un signe de vie !
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Merci pour ce commentaire !
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à découvrir également sur l’excellent site du Siefar (auquel contribue Aurore Evain) cet éclairant glossaire http://siefar.org/la-guerre-des-mots/les-mots-de-a-a-z/
Et cette précision fort utile, en présentation de la rubrique « La guerre des mots » : « En fournissant, pour chaque phénomène, des exemples accompagnés de références, nous espérons à la fois enrichir le débat et le dépassionner. Il ne s’agit pas tant, aujourd’hui, de «féminiser» la langue française, que de lui permettre de renouer avec son fonctionnement propre: un fonctionnement bi-genré, attesté par des siècles d’usages. »
(http://siefar.org/la-guerre-des-mots/presentation/)
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Merci pour ce complément d’informations !
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