La semaine dernière, j’ai proposé un petit quiz sur la poésie. Vous avez été nombreux à participer et je vous en remercie. Il est donc temps d’apporter les solutions…
1. Comment appelle-t-on un poème dont les lettres initiales de chaque vers forment un mot ou une phrase ?

C’est ce qu’on appelle un poème acrostiche. En voici un exemple avec un poème à Lou, de Guillaume Apollinaire, intitulé « Adieu » :
« L’amour est libre il n’est jamais soumis au sort
O Lou le mien est plus fort encor que la mort
Un cœur le mien te suit dans ton voyage au Nord
Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie
On aime en recevoir dans notre artillerie
Une par jour au moins une au moins je t’en prie
Lentement la nuit noire est tombée à présent
On va rentrer après avoir acquis du zan
Une deux trois A toi ma vie A toi mon sang
La nuit mon cœur la nuit est très douce et très blonde
O Lou le ciel est pur aujourd’hui comme une onde
Un cœur le mien te suit jusques au bout du monde
L’heure est venue Adieu l’heure de ton départ
On va rentrer Il est neuf heures moins le quart
Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard »
(Source : Wikisource)
Dans chaque tercet de ce poème, les vers commencent par les lettres L, O et U formant le prénom de Lou.
2. Comment appelle-t-on la figure de style qui consiste à rapprocher des termes par contiguïté ?
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Résultats pour la question 2 Il s’agit de la métonymie : il y a un rapport de contiguïté entre l’idée et l’expression utilisée pour l’évoquer. On parle parfois de cotopie. Par exemple, lorsqu’on parle de « l’Élysée » pour dire « le Président de la République », c’est une métonymie, car il y a un rapport de contiguïté entre la fonction présidentielle et le palais de l’Élysée.
- Un cas particulier de métonymie est la synecdoque, souvent décrite comme le fait de prendre la partie pour le tout, ou inversement.
- La métaphore quant à elle, se fonde sur un transport (c’est son sens étymologique) beaucoup plus lointain. Quand vous dites « Cet homme est un taureau », c’est une métaphore, une image.
- Un méronyme est défini de la façon suivante par Wikipédia : « La méronymie est une relation sémantique entre mots, lorsqu’un terme désigne une partie d’un second terme. Par exemple, bras est un méronyme de corps, de même que toit est un méronyme de maison. De façon plus théorique, la méronymie est une relation partitive hiérarchisée : une relation de partie à tout. Un méronyme d’un mot M est un mot dont le signifié désigne une sous-partie du signifié de M. La relation inverse est l’holonymie. » La définition proposée par le CNRLT n’est pas différente : « La relation de méronymie permet d’établir une hiérarchisation sur plusieurs niveaux entre les éléments contenants (holonymes) et les éléments contenus (méronymes). Lorsque deux unités lexicales A et B sont en relation de méronymie, on dit que A est un méronyme de B (et que B est un holonyme de A) si A est une partie de B. »
- Quant à la mycorhize, elle n’a rien à voir avec la littérature. Il s’agit d’une relation symbiotique entre un végétal et un champignon.
3. Qu’est-ce qui termine souvent les poèmes de La Fontaine ?
C’est, bien entendu, une moralité. Tout le monde a trouvé la solution. Quelques exemples:
- « On a toujours besoin d’un plus petit que soi. »
- « Rien ne sert de courir, il faut partir à point. »
4. Lequel de ces termes n’est pas un concept de stylistique ou de rhétorique ?

Tous les termes proposés relevaient du champ de la stylistique ou de la rhétorique, à l’exception d’un terme qui désigne une structure du végétal : le thylakoïde. Vous avez été un peu plus de la moitié à trouver.
5. Je suis un poète ardennais qui, après avoir côtoyé la Commune et fréquenté la Muse, partis commercer au Harar.

C’est Arthur, bien sûr ! Vous avez été nombreux à trouver. Pour plus de renseignements, je vous renvoie à l’un de mes récents articles sur Rimbaud.
6. Je suis un poète belge, attentif à la justesse de la langue, auteur d’un très beau recueil sur la neige. Qui suis-je ?

Il s’agissait de François Jacqmin, l’un des plus grands poètes belges contemporains, auteur du Livre de la neige. Je vous renvoie à mon article sur Jacqmin. Je n’avais pas parlé de ce poète depuis un certain temps, ce qui rendait la question difficile, y compris pour les fidèles abonnés.
7. Je suis une pause au milieu d’un vers.

Alors, l’hémistiche, l’acrostiche, la césure ou la saumure ? Bon, personne n’a répondu « la saumure », nous sommes sauvés. En revanche, plusieurs d’entre vous ont confondu l’hémistiche (qui est un demi-vers) et la césure, qui est la pause entre deux hémistiches.
8. Quel terme géométrique constitue aussi le titre d’un recueil de Verlaine ?

C’est cette question-là qui a été la plus difficile pour vous. Il s’agissait de Parallèlement, publié par Verlaine dans les années 1880. Ce n’est pas son recueil le plus connu, cependant. Eh bien, tiens, voilà qui pourrait faire le sujet d’un prochain article !
Un grand merci à tous les participants et toutes les participantes !
Et un bravo tout particulier aux trois joueurs qui ont fait un sans faute : Lamarmotte, Arlette et Mohad !
(Remarque : il est encore possible de jouer au jeu, comme d’ailleurs à tous les autres jeux proposés sur le blog. Il est possible que certaines réponses me soient parvenues après que j’aie commencé de rédiger cette page de solutions : vous comprendrez bien que je n’ai pu en tenir compte.)