Si vous avez déjà essayé d’adresser à l’élu(e) de votre cœur quelques vers destinés à séduire cette personne, vous savez que la chose n’est pas simple. Prenez ainsi toute la mesure du talent de Ronsard, qui a écrit des centaines de sonnets, tous centrés sur les amours de sa vie.
Pierre de Ronsard, poète du XVIe siècle, membre éminent de La Pléiade, a ainsi trouvé des centaines de façons d’exprimer son amour en quatorze vers. Parmi ces poèmes, on trouve des blasons du corps féminin, consacrés à l’éloge d’une ou plusieurs parties du corps de la femme aimée, des allusions mythologiques permettant de faire accéder son amour à la grandeur et à l’universalité du mythe antique, des considérations philosophiques notamment inspirées du néo-platonisme, mais, finalement, très peu d’évocations concrètes de la réalité autobiographique de cet amour dont on ne saura quasiment rien.
Ouvrons Les Amours au hasard et choisissons un poème. Ce sera donc le quarante-quatrième.
Les deux quatrains sont tout entiers organisés selon une logique binaire, faisant s’opposer deux camps ennemis qui se livrent bataille dans le cœur du poète : le duel de l’effroi contre l’espérance, au premier vers, est ainsi repris par la joute « entre l’espoir et le froid de la peur », un peu plus loin.
Le « cœur » du poète (le terme apparaît deux fois) est donc le théâtre d’un affrontement entre des sentiments opposés, si bien que le domaine lyrique des sentiments est transmuté en champ de bataille épique.
Les tercets, parallèles entre eux, portent chacun une question par laquelle le poète exprime son souhait le plus cher, le geste de « tondre la fleur » correspondant par métaphore au moment rêvé où le poète verrait la concrétisation de son désir.
Ronsard se représente alors sous les traits d’un combattant, d’un guerrier, qui trouverait un ultime repos en mourant dans des bras aimés.
C’est beau, quand même. Grandiloquent, sans doute. Mais beau.
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