Il y aurait tant et tant d’extraits d’Aimé Césaire à citer, tellement sa poésie est vivante, puissante et vraie. Impossible, bien entendu, d’évoquer ici l’ensemble de son œuvre poétique, rassemblée dans un épais volume à couverture violette aux éditions du Seuil. J’ai donc choisi un extrait du Cahier d’un retour au pays natal (son ouvrage le plus connu) auquel j’ai pensé il y a quelque temps en entendant parler de la « Nuit debout », cette manifestation contestataire abondamment évoquée par la presse.
« La négraille aux senteurs d’oignon frit retrouve dans son sang répandu le goût amer de la liberté
Et elle est debout la négraille
la négraille assise
inattendument debout
debout dans la cale
debout dans les cabines
debout sur le pont
debout dans le vent
debout sous le soleil
debout dans le sangdebout
et
libre »
Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal (1939-1956),
dans La Poésie, Paris, Seuil, 1994, rééd. 2006, p. 54.
La brièveté de l’extrait cité ne permet pas de faire apprécier le poème à toute sa valeur : il faut s’y résigner. Dans ce passage, la répétition anaphorique de l’adverbe « debout » marque très puissamment l’affirmation de la dignité de l’homme noir. Aimé Césaire récupère à son compte le terme péjoratif de « négraille » pour le revendiquer pleinement. Le champ lexical de la navigation rappelle que ce poème évoque la traite négrière et l’horreur de l’esclavage. Aussi l’adverbe « debout » résonne-t-il comme un cri de révolte.
Image d’en-tête : Aimé Césaire, par Jean-Baptiste Deveaux, 2003, Wikimedia Commons, libre de réutilisation.
il n ‘est pas complet le poème
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En effet ! En même temps, le « Cahier d’un retour au pays natal », c’est quand même très long !
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