Fénelon, lecteur critique de son époque

Il ne se passe pas une saison sans qu’elle ne soit accompagnée d’un flot de nouveautés, que l’on parle de mode vestimentaire, de stars télévisuelles, d’applications téléphoniques, ou que sais-je encore. Il semble donc que nous pourrions faire nôtre cette citation, que je vous proposais il y a quelques jours :

« […] ce sont tous les jours de nouvelles nécessités qu’on invente, et on ne peut plus se passer des choses qu’on ne connaissait point trente ans auparavant. »

Il est temps de vous livrer la solution de ce petit jeu ! Contrairement à ce à quoi l’on pourrait s’attendre, un tel propos est loin d’être récent, puisque cette phrase est extraite des Aventures de Télémaque, de Fénelon, de son nom complet François de Salignac de La Mothe-Fénelon, parues en 1699…

Je tiens à remercier très sincèrement tous ceux qui ont participé à ce petit jeu.

Une phrase très moderne…

Fénelon, par Joseph Vivien (Wikimedia Commons, Domaine public)
Fénelon, par Joseph Vivien (Wikimedia Commons, Domaine public)

Si j’ai choisi cette phrase, c’est qu’elle m’a frappé par sa capacité à s’appliquer à notre époque, au point que l’on pourrait croire qu’elle est beaucoup plus récente. Bien sûr, le mot négatif « point » vous mettait la puce à l’oreille, dans la mesure où il est beaucoup moins employé de nos jours. Et encore, j’aurais pu utiliser l’orthographe d’époque et écrire « connoissoit », ce qui vous aurait encore davantage aidé (mais un peu trop). En effet, c’est sur une proposition de Voltaire, mais seulement au XIXe siècle, que l’on a officiellement décidé de transformer les imparfaits en -oi- (prononcés comme de nos jours) en -ai-, afin de les distinguer du digramme /oi/ traduisant le son [wa].

Revenons-en à Fénelon. Si vous cherchez un exemple de la beauté de la langue classique, mais en dehors du théâtre, lisez Fénelon. On se rend compte dès les premières lignes que sa prose est remarquable.

Les adieux de Télémaque et d'Eucharis, Jacques-Louis David, Domaine public/Wikimedia commons
Les adieux de Télémaque et d’Eucharis, Jacques-Louis David, Domaine public/Wikimedia commons

Et, ce qui ne gâche rien, les Aventures de Télémaque sont aussi un livre très agréable par leur sujet : voici Télémaque, fils d’Ulysse, parti à la recherche de son père, sous la protection du fidèle Mentor (depuis, on parle d’un « mentor » pour désigner un guide et protecteur, par allusion à ce personnage de l’Odyssée, Μέντωρ en grec, comme le rappelle le TLFi). Le héros grec, naviguant d’île en île, va ainsi rencontrer différents royaumes à travers lesquels il fera l’apprentissage de la royauté. Car n’oublions pas que le livre était, au départ, écrit à l’intention du petit-fils de Louis XIV pour faire son éducation.

J’espère que vous avez aimé ce petit jeu consistant à retrouver l’origine d’une citation. Je vous en promets d’autres, de temps en temps…

3 commentaires sur « Fénelon, lecteur critique de son époque »

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